23/05/2024 elucid.media  4 min #249140

Budget de l'État : les pyromanes sont aux commandes !

publié le 23/05/2024 Par  Olivier Berruyer

« L'État dépense trop, il faut baisser la dépense publique ! ». Voilà un des slogans les plus fréquents des néolibéraux. Pourtant, jusqu'à l'avènement du macronisme, les dépenses de l'État n'ont guère augmenté, ce sont au contraire les recettes qui se sont effondrées. Les dépenses au bénéfice des entreprises et des plus riches ont en revanche fortement augmenté, avec pour conséquence la chute des dépenses de fonctionnement des services publics. Au final, cette mauvaise gestion de l'État a entraîné une multiplication des déficits, et donc de l'endettement. Et la situation s'est nettement aggravée depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron. On vous explique tout !

 1- La clochardisation mathématique de nos services publics
 2- Les « 3 % » : une invention de la propagande française
 3- Budget 2023 : un trou de 8 milliards d'euros
 4- Un budget 2024 fantaisiste
 5- Qui veut tuer son État l'accuse d'avoir la rage
 6- La France parmi les cancres budgétaires d'Europe
 Ce qu'il faut retenir


Nous avons analysé dans de précédents articles  l'évolution de l'ensemble des dépenses publiques en France ainsi que  l'évolution des prélèvements obligatoires, pour déconstruire la propagande néolibérale habituelle selon laquelle il y aurait une anomalie française dans la gestion de son État. En réalité, la différence avec les pays voisins vient surtout du fait que la France a choisi de mutualiser via la Sécurité sociale des dépenses qui existent dans d'autres pays, mais qui relèvent là-bas des assurances privées. Et comme la population vieillit de plus en plus, ces dépenses publiques ici, privées ailleurs, augmentent sans cesse.

Aujourd'hui, nous allons nous intéresser plus spécifiquement aux finances de l'État. Soulignons qu'il n'existe étonnamment aucune série publique détaillée et homogène sur longue période du budget de l'État. Nous les avons donc reconstituées à partir de différentes archives, sans pour autant prétendre obtenir un résultat parfait - mais il est largement suffisant pour comprendre l'essentiel aujourd'hui.

La clochardisation mathématique de nos services publics

La comptabilité publique permet de distinguer deux grands types de dépenses publiques :

  • les transferts financiers, qui correspondent à une simple redistribution immédiate des impôts récoltés. Ce sont des espèces de « chèques » immédiatement signés par les administrations et distribués sans contrepartie directe. Ils correspondent par exemple aux dépenses de retraite, de remboursement de santé, de chômage, de subventions aux entreprises, d'aides au logement ou à l'énergie, etc. ;
  • les dépenses d'administration, qui correspondent aux dépenses de fonctionnement (paiement de fonctionnaires, achat de matériel...) et d'investissement (constructions de routes, d'hôpitaux...). Ce sont en fait plutôt à elles qu'on se réfère quand on pense à la notion de « dépenses publiques », « d'administration » voire de « bureaucratie ».

Les dépenses de l'État sont constituées aux deux tiers de transferts financiers, qui n'ont eu de cesse d'augmenter, essentiellement sous la forme de prestations sociales et de subventions : l'argent payé est reversé aux contribuables, qui en bénéficient soit immédiatement (remboursements médicaux, subvention aux entreprises, aides au logement, bouclier énergie...), soit de manière différée (retraite, chômage, invalidité...). Les dépenses d'administration, elles, ne cessent de diminuer depuis 35 ans : il ne faut pas chercher plus loin les raisons de la clochardisation de plus en plus avancée des services publics.

 elucid.media

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