15/06/2024 euro-synergies.hautetfort.com  5min #250581

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Élections européennes: les prémices de la dissolution de l'Ue

Élections européennes: les prémices de la dissolution de l'UE

par Luigi Tedeschi

Source : Italicum &  ariannaeditrice.it

L'Europe, ou plutôt l'UE, n'est pas notre destin inéluctable. La victoire de la droite ne conduira pas, pour l'instant, à la déstabilisation de la classe dirigeante oligarchique-technocratique de l'UE, mais elle est néanmoins un symptôme clair de l'aversion des peuples envers une institution supranationale par laquelle ils ont été marginalisés, opprimés et appauvris.

Malgré la débâcle des socialistes et des verts, la majorité actuelle au Parlement européen, emmenée par les "populaires" (PPE), dispose des voix nécessaires à sa reconduction. Les Populaires pourraient également entamer des négociations pour inclure les conservateurs dirigés par Meloni dans la majorité. Cependant, une probable re-proposition d'une majorité qui poursuit ses politiques centrées sur la révolution numérique, la transition écologique et l'austérité économique, comme si de rien n'était, conduirait à l'exaspération du conflit en cours entre les peuples et les élites, rendant ces clivages irrémédiables.

Le renforcement des forces souverainistes rendra cependant moins probable la réélection de von der Leyen (par ailleurs impliquée dans le scandale des négociations obscures entre l'UE et les grandes firmes pharmaceutiques pour la fourniture de vaccins, sans jamais avoir été poursuivie). Même avec la majorité actuelle, la Commission devra alors faire face à un nouveau Conseil européen. Des bouleversements politiques internes aux Etats membres engendrés par les élections européennes, émergeront de nouveaux gouvernements avec des orientations très différentes et peu compatibles avec la majorité au Parlement européen et à la Commission européenne. Ces élections ont en tout cas exprimé un rejet populaire très clair du réformisme technocratique et dirigiste qui a gouverné l'UE jusqu'à présent. Les contrastes et les conflits qui surgiront au sein des institutions européennes pourraient conduire à l'ingouvernabilité de l'UE elle-même.

L'orientation politique européenne consolidée depuis des décennies est complètement bouleversée et surtout, ces élections consacrent le déclin définitif de l'axe Paris-Berlin, expression des puissances dominantes en Europe. Scholz et Macron, les dirigeants vaincus, sont les victimes d'eux-mêmes, en tant qu'architectes d'une politique qui a conduit l'Europe à un asservissement total à l'OTAN, avec pour corollaire le déclin économique et social de l'ensemble du continent européen. Les puissances européennes que sont la France et l'Allemagne sont également déclassées dans le contexte mondial.

Ces élections représentent le point de départ d'un processus de désintégration graduelle mais progressive de l'UE. L'immobilisme, la bureaucratie, l'absence d'une ligne de politique étrangère définie, le dogmatisme économique néolibéral, les maux qui ont toujours frappé l'UE, seront accentués, dans une phase de stagnation politique étendue à l'ensemble de l'Europe, dans laquelle les tensions sociales et les conflits entre États seront exacerbés. Ceci met en évidence l'échec de l'UE, organisme technocratique et financier qui a conduit au déclin de la démocratie, à la fin de la souveraineté des Etats et à la disparition des cultures identitaires des peuples européens.

La crise irréversible du modèle européen apparaît aujourd'hui dans toute sa dramaturgie. Un modèle d'inspiration idéologique cosmopolite, mondialiste, élitiste, culturellement soumis à l'influence des courants libéraux américains, qui a assimilé l'idéologie, le genre et la culture woke. L'UE n'est pas un État, c'est un organisme supranational sans subjectivité autonome dans la géopolitique mondiale. Aujourd'hui, l'Europe n'est qu'une plateforme politico-stratégique de l'OTAN. L'UE a été décrite comme un éco-monstre juridique, construit sur la base d'un projet d'ingénierie sociale, dont le programme réformiste est l'incarnation réelle du modèle de la Grande Réinitialisation, avec la révolution numérique et la transition environnementale préfigurées par Klaus Schwab au Forum économique mondial.

Cette même dimension post-historique dans laquelle se trouve l'AmEurope actuelle a subi un coup dur. Les bouleversements géopolitiques actuels issus de la Grande Guerre et de l'émergence des Etats-Civilisations, ont probablement influencé les consciences des peuples européens. C'est du moins ce que nous nous plaisons à espérer.

Il faut cependant noter que lors de ces élections européennes, ce sont les compétitions entre les forces politiques au sein des États qui ont prévalu. Les projets et les idées sur les réformes structurelles de l'Europe n'ont pas émergé. Nous saluons chaleureusement la débâcle des bellicistes à la Macron, mais l'orientation des forces souverainistes elles-mêmes est largement turbo-atlantiste et pro-sioniste. Mais être souverainiste chez soi et américaniste en Europe est une contradiction évidente et irréconciliable.

Les structures économiques défaillantes de l'UE n'ont pas été remises en cause. La récente mesure démagogique mise en œuvre par la BCE, avec la baisse des taux de 0,25 %, en conjonction avec les élections, n'efface certainement pas les attentes négatives de l'économie européenne. La hausse des taux ne peut pas vaincre l'inflation causée par des facteurs externes, comme la hausse des coûts de l'énergie, mais seulement générer la récession. La crise structurelle du modèle européen est d'ailleurs démontrée par le fait que le PIB européen est actuellement inférieur de 35 % à celui des États-Unis. La primauté allemande et son modèle économique basé sur les exportations sont en train de se dissoudre en raison de la fin de l'approvisionnement en énergie russe bon marché. Mais dans l'UE, le pacte de stabilité et ses politiques d'austérité économique continuent d'exister. Les mêmes partis souverainistes d'Europe du Nord sont les adeptes les plus fanatiques de l'austérité financière aux dépens de l'Europe méditerranéenne.

Le déclin du modèle allemand, fondé sur le monothéisme du marché, ne s'accompagne d'aucun projet de réforme de l'économie européenne.

La décomposition du système européen reflète celle de la mondialisation néolibérale en cours dans le contexte géopolitique mondial. La primauté de l'Occident dans le monde est en voie de dissolution. Mais l'idée nouvelle d'une Europe des peuples est totalement absente.  

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