C'est une décision qui était attendue par les associations de défense des animaux. Suite à la promulgation de la loi de 2021 contre la maltraitance animale, qui interdit les spectacles de cétacés, le parc aquatique Marineland a annoncé la fermeture de l'établissement dès le 5 janvier 2025. Le sort des 4 000 animaux du parc est désormais le prochain enjeu.
Clap de fin pour le Marineland d'Antibes. Ce parc aquatique, situé sur la Côte-d'Azur, fermera définitivement ses portes le 5 janvier 2025. Cette annonce a été faite ce mercredi 4 décembre par le parc, ouvert depuis 1970.
À Marineland, il était possible d'observer des milliers d'animaux comme des orques, des dauphins, des otaries, des tortues et des poissons, dans leurs bassins. Cependant, le parc organisait également des spectacles de cétacés, ce qui n'est désormais plus autorisé par la loi.
En effet, le 30 novembre 2021, le gouvernement français a voté pour une loi visant à lutter contre la maltraitance animale. Dès décembre 2026, les spectacles de cétacés seront formellement interdits au sein des parcs aquatiques, sauf dérogation.
Un coup dur pour Marineland, dont la notoriété était basée sur ces spectacles. Depuis l'annonce de cette loi et grâce à l'avancée des connaissances et des mentalités sur la condition animale, le parc avait déjà subi une importante baisse de la fréquentation. En 10 ans, le nombre de visiteurs est passé de 1,2 million à moins de 500 000.
"Alors que 90% des visiteurs choisissent de venir à Marineland pour admirer les représentations d'orques et de dauphins, la loi du 30 novembre 2021, interdisant les spectacles de cétacés, impose à Marineland d'envisager cette fermeture", a déclaré le parc selon des propos rapportés par BFMTV.
Quel avenir pour les animaux ?
Pour le moment, le sort des 103 salariés de l'établissement reste inconnu, tout comme celui des 4 000 animaux présents dans le parc.
"Je suis très triste parce que depuis 50 ans, notre priorité, c'est le bien-être des animaux. Marineland a toujours respecté ses responsabilités pour s'occuper de ces animaux et aujourd'hui, notre seul objectif, c'est de nous mettre en conformité avec la loi. Nous avons plus de 150 animaux, sans compter les aquariums. Si on compte tous les poissons et les coraux, on est à plus de 4 000 animaux. Donc c'est un plan colossal qui nous attend", a regretté Pascal Picot, le directeur de Marineland, à France Bleu Azur.
Si la fermeture de l'établissement est une déception pour le directeur de Marineland, c'est une bonne nouvelle pour les ONG qui militaient depuis des années pour la fermeture du parc, dénonçant les mauvaises conditions de vie des animaux.
« deux orques nommées Moana et Inouk, âgées de 12 et 25 ans, sont mortes au sein de l'établissement »
En octobre 2023 et mars 2024, deux orques nommées Moana et Inouk, âgées de 12 et 25 ans, sont mortes au sein de l'établissement (l'espérance de vie des orques est de 30 ans pour les mâles et 50 pour les femelles dans leur milieu naturel). L'une a été victime d'une septicémie tandis que la deuxième a ingéré un corps étranger, ce qui n'a pas manqué de faire réagir les défenseurs des animaux.
En 2021, l'association de défense des animaux OneVoice a porté plainte contre Marineland pour actes de cruauté, dénonçant l'état critique dans lequel se trouvait un orque au delphinarium. Selon OneVoice, la qualité de l'eau du bassin était mauvaise, l'orque était victime de lésions et son état de santé était alarmant. De son côté, le parc a rejeté toutes ces accusations.
Le 18 octobre 2023, l'association C'est assez ! a également porté plainte contre Marineland, dénonçant la volonté du parc de"se débarrasser de ses orques" en prévision de la loi de 2021.
Le transfert des orques
En effet, les orques Wikie et Keijo étaient destinées à être vendues à un parc japonais. Cependant, le gouvernement français s'est opposé à cette décision, obligeant Marineland a gardé ses orques jusqu'à la fin d'une expertise menée sur les conditions de vie des cétacés.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a affirmé que les orques seraient mieux dans un parc européen plutôt que japonais, jugeant que la législation européenne protège mieux ces animaux.
"Il y a des parcs qui aujourd'hui sont en capacité d'accueillir des orques, comme en Espagne. Au Japon, il n'y a pas de réglementation aussi poussée", a précisé Agnès Pannier-Runacher au Parisien.
De leur côté, les ONG militent pour que les orques soient intégrées dans un sanctuaire marin. Ainsi, Wikie et Keijo pourraient être transférées dans un sanctuaire en Nouvelle-Écosse, au Canada, où un espace de 44 hectares est géré par la Whale Sanctuary Project (WSP). Selon des informations de Sud Ouest, les dauphins pourraient quant à eux être dirigés vers un autre sanctuaire en Italie. Certains phoques et otaries ont déjà été transférés dans un zoo à Madrid...
Si ces animaux ont trouvé un nouveau foyer, l'avenir des autres est encore incertain. Il faudra attendre encore des semaines, voire des mois, avant de leur trouver un abri. Dans tous les cas, Marineland affirme être en lien"avec les autorités compétentes pour identifier les meilleures solutions" afin d'accueillir les cétacés "dans des structures équivalentes en termes de qualité de soins et de projets pédagogiques avec comme seule priorité le bien-être des animaux". Loin, donc, il faut supposer, des machines économiques anthropocentrées, inadaptées à la dignité et aux besoins des animaux (notamment territoriaux et sociaux), que sont les parcs à spectacles.
- Lisa Guinot