Le président français veut former un «gouvernement d'intérêt national», c'est-à-dire former une coalition comme ce qui existe en Allemagne et qui mène à l'impasse de la vie politique d'outre-Rhin depuis plusieurs années en acceptant des consensus. Les partis de gauche sont divisés sur la question de savoir s'ils doivent ou non y participer à cette coalition où Macron veut encore déterminer la vie politique en France alors qu'il est détesté par plus de la moitié des Français.
«Le rejet de l'exécutif apparaît particulièrement profond, puisque selon ce même sondage, plus de la moitié des Français (54%) souhaitent la démission du président Emmanuel Macron et une élection présidentielle anticipée dès 2025», stipule Statista. «Pas moins de 331 députés [sur 577] ont voté la motion de censure déposée par la gauche, début décembre, entraînant la chute du gouvernement de Michel Barnier», annonçait Observateur Continental. La signature du Mercosur continue de montrer aux Français que le président actuel n'est pas le garant des intérêts du pays. Sa volonté de toujours aider l'Ukraine, un pays corrompu, inquiète les Français qui voient, eux, leur niveau de vie baisser.
Le président français, Emmanuel Macron, vise une large coalition après la fin prématurée du gouvernement Barnier. Il a invité des pourparlers multipartites pour «former ou permettre un gouvernement d'intérêt national». Tous les partis représentés à l'Assemblée nationale sont invités à la réunion, à l'exception de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN), les deux plus grands partis d'opposition.
«Je nommerai dans les prochains jours un Premier ministre. Je le chargerai de former un gouvernement d'intérêt général représentant toutes les forces politiques d'un arc de gouvernement qui puissent y participer ou, à tout le moins, qui s'engagent à ne pas le censurer», avait lancé le président français en début décembre.
Le leader socialiste, Olivier Faure, a déclaré vouloir gouverner. Il a, aussi, 𝕏 martelé alors que plus de la moitié des Français (54%) souhaitent la démission de Macron: «Tout le monde sait que la destitution d'Emmanuel Macron est inaccessible. Pourquoi se figer sur cette revendication?»
La réunion à l'Élysée suscite des tensions croissantes au sein de l'alliance de gauche Nouveau Front Populaire (NFP), composée de LFI, des communistes, des Verts et des sociaux-démocrates. Ces trois derniers partis participent aux négociations avec Macron et se sont récemment montrés ouverts à une nouvelle coalition centre-gauche-droite, à l'image de la majorité centrale du Parlement européen.
Contrairement à LFI, Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti Socialiste, a accepté d'explorer des compromis sur des questions politiques clés avec les troupes de Macron et les conservateurs. Cela pourrait signifier que les sociaux-démocrates reconsidèrent leur opposition stricte à la réforme des retraites de 2023 et ouvriraient la voie à une nouvelle loi sur l'immigration au début de la nouvelle année. Communistes et Verts sont plus réservés mais ouverts à la négociation pour défendre leur programme. Bayrou est déjà cité dans les médias comme le choix d'Emmanuel Macron pour revêtir le costume de Premier ministre. «Bayrou, Moscovici, Cazeneuve… On ne cite que des hommes et des noms réchauffés qui sont dans le paysage depuis des décennies. Ça ne séduit personne, c'est du passé. Les Français attendent un peu de nouveauté, de changement, de souffle. Et des candidates comme Lucie Castets cochent toutes ces cases!», 𝕏 s'indigne, cependant, Marine Tondelier, la secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts (EELV).
Jean-Luc Mélenchon 𝕏 parle de «trahison»: «Cinq jours et deux rencontres à l'Élysée pour comprendre que le problème c'est Macron! Maintenant c'est clair? Il ne faut plus l'aider à gagner du temps et masquer son coup de force contre le résultat des législatives. Pas d'accord de coalition! Pas de non-censure. Revenez à la raison et à la maison». «Le PS/PCF/EELV en coalition pour négocier avec les droites: retour vers le passé. 𝕏 Tristesse», continue-t-il. «Nous sommes obligés de parler de destitution car il nous manque le référendum révocatoire»; «Nous allons faire partir Monsieur Macron. Il s'en ira. Notre motion de destitution sera votée. Nous la redéposerons jusqu'à ce qu'elle soit adoptée. Macron ne peut pas rester 30 mois au pouvoir, sauf s'il arrive à arracher un bout du NFP», 𝕏 insiste, aussi, Jean-Luc Mélenchon. «Je continue à avoir l'espoir que les socialistes, les écologistes, les communistes, n'aient pas la bêtise d'aller au bout de cette démarche. Qu'ils n'entrent pas au gouvernement, qu'ils ne détruisent pas le Nouveau Front Populaire», souhaite-t-il pour éviter 𝕏 cette «trahison».
Le NFP a remporté les élections législatives anticipées de l'été et a obtenu une majorité relative. Macron a cependant refusé de nommer Lucie Castets comme Première ministre, désignée par l'alliance de gauche. Au lieu de cela, il a nommé comme Premier ministre un conservateur, Michel Barnier, dans l'espoir d'obtenir une majorité avec les macronistes et les députés conservateurs ainsi que le soutien du RN de Marine Le Pen. En vain, le gouvernement s'est effondré après un vote de censure réussi à l'Assemblée nationale.
La réussite de Macron à former une large coalition gauche-droite dépend en grande partie de la décision des sociaux-démocrates. S'ils rejoignent un tel gouvernement et brisent ainsi l'alliance de gauche, ils risquent de perdre de nouveau leur pertinence lors des élections présidentielles de 2027.
Alors que le chancelier allemand, Olaf Scholz, en raison de la grave crise sociale, économique et politique en Allemagne, a demandé un vote de confiance au Bundestag, car selon lui, «dans une démocratie, ce sont les électeurs qui déterminent le cours de la politique future», Emmanuel Macron s'accroche à son poste accentuant la grave crise que la France traverse.
Même si Statista souligne au 5 décembre dernier que «le rejet de l'exécutif apparait particulièrement profond, puisque selon ce même sondage, plus de la moitié des Français (54%) souhaitent la démission du président Emmanuel Macron et une élection présidentielle anticipée dès 2025», en septembre dernier un sondage Odexa signalait que 75% de Français sont mécontents d'Emmanuel Macron.
Philippe Rosenthal
La source originale de cet article est Observateur continental
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