16/04/2025 francesoir.fr  19min #275118

L'Ia va-t-elle voler votre emploi ? Ce que vous devez savoir pour vous préparer

Le Collectif citoyent, France-Soir

L'IA va-t-elle voler votre emploi ? Ce que vous devez savoir pour vous préparer

Une réalité qui frappe à la porte

Avant de plonger dans le sujet, clarifions une distinction essentielle : qu'entend-on par  « travail » et « emploi » ? En français, le travail désigne l'activité humaine, qu'elle soit rémunérée ou non, qui produit quelque chose de valeur – qu'il s'agisse d'un bien, d'un service ou d'une création personnelle. L'emploi, en revanche, est une position spécifique, généralement salariée, au sein d'une organisation, avec un contrat et des horaires définis. Perdre son emploi, c'est perdre cette position, mais pas nécessairement sa capacité à travailler ou à s'épanouir dans d'autres formes de travail.

Une vidéo partagée sur X a récemment fait le buzz : une femme marche dans une ruelle, visiblement abattue, avec un texte évocateur : « L'IA a-t-elle pris le contrôle sur notre quotidien ? ». En cause ? Cette employée a perdu son emploi, qui consistait à rédiger des résumés, remplacée par une intelligence artificielle capable de produire ces mêmes résumés en quelques secondes, là où elle passait des heures. Ce cas, partagé le 14 avril 2025 par @AlexSofamous, n'est pas un incident isolé. Il illustre une transformation profonde du marché du travail, où l'IA s'impose comme une force autant révolutionnaire qu'inquiétante.

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Perdre son emploi est une épreuve, souvent synonyme de stress financier et émotionnel. Mais, cette perte peut aussi libérer du temps pour explorer de nouvelles formes de travail – qu'il s'agisse de se reconvertir, de se former, ou de lancer un projet personnel. Sans minimiser la gravité de la situation, cette distinction entre emploi et travail ouvre une perspective : et si cette rupture était aussi une opportunité ?

Dans cet article, nous explorons les risques, les opportunités et les leçons tirées des grandes révolutions industrielles. Nous donnerons également la parole à des économistes et des sociologues pour éclairer les débats, et partagerons des témoignages inspirants de ceux qui ont su transformer l'IA en une alliée. Préparez-vous : l'avenir du travail se joue maintenant.

Quels emplois sont menacés par l'IA ? Une analyse approfondie des risques

Les métiers à risque : une automatisation galopante

L'intelligence artificielle excelle dans l'automatisation des tâches répétitives, analytiques ou prévisibles. Le cas de la vidéo est emblématique : rédiger un résumé, une tâche qui demande du temps, de la concentration et une synthèse méthodique, est désormais à la portée des IA comme ChatGPT ou Grok, qui produisent des résultats en quelques secondes. Mais, c'est seulement la partie visible de l'iceberg.

D'autres emplois sont dans le viseur :

  • Les rôles administratifs : la saisie de données, la gestion de dossiers ou la planification sont des tâches routinières facilement automatisables.
  • Le service client de base : les chatbots, de plus en plus sophistiqués, répondent aux demandes simples, remplaçant les opérateurs de centres d'appels.
  • La comptabilité et la finance : l'analyse de données financières, la gestion de paie ou même la détection de fraudes sont désormais confiées à des algorithmes.
  • Le transport : avec l'essor des véhicules autonomes, les chauffeurs de camions ou de taxis pourraient voir leur profession disparaître d'ici à une décennie.

Comme l'explique Harry J. Holzer, chercheur à  Brookings, dans une étude de 2022 : « L'automatisation crée autant d'emplois qu'elle en détruit, mais elle accroît les inégalités, notamment pour les travailleurs peu qualifiés ».

Les secteurs les plus exposés

Certaines industries sont particulièrement vulnérables face à l'IA :

  • Les médias : la rédaction automatisée d'articles, de résumés ou de sous-titres est devenue monnaie courante. Des outils comme Jasper ou Writesonic génèrent des contenus en un clin d'œil, menaçant les rédacteurs traditionnels.
  • La finance : les algorithmes d'analyse de données, de trading ou de détection de fraudes surpassent souvent les humains en rapidité et en précision.
  • Le commerce : les chatbots gèrent le service client, tandis que les systèmes d'IA optimisent la gestion des stocks et des livraisons.
  • La logistique : des entrepôts entièrement automatisés, comme ceux d'Amazon, utilisent des robots pour trier, emballer et expédier des colis.

En revanche, les métiers nécessitants de l'empathie, de la créativité ou un jugement humain complexe semblent plus protégés. Les enseignants, les thérapeutes, les artistes ou les stratèges d'entreprise reposent sur des compétences que l'IA ne peut pas encore reproduire.

« L'IA est excellente pour les tâches répétitives, mais elle manque de cœur et de nuance, des qualités humaines essentielles dans de nombreux métiers », souligne  Yann LeCun, directeur de la recherche en IA chez Meta.

Avantages et inconvénients de l'IA : une révolution à double tranchant

Les avantages : une productivité boostée

L'IA offre des avantages indéniables, notamment dans des secteurs comme le service client. Prenons un exemple : avant l'ère des chatbots, les clients devaient souvent attendre de longues minutes, voire des heures, dans des files téléphoniques pour obtenir une réponse à une question simple, comme le suivi d'un colis ou la modification d'une réservation. Aujourd'hui, grâce à l'IA, ces demandes sont traitées en quelques secondes.

« Les chatbots permettent de libérer les agents humains pour qu'ils se concentrent sur des problèmes complexes, comme les litiges ou les demandes nécessitant une empathie », explique  une étude de la Federal Reserve Bank de Minneapolis. Cette même étude révèle que l'IA peut augmenter la productivité des travailleurs en réduisant les tâches répétitives, permettant aux entreprises de se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée.

une révolution à double tranchant : une balance entre progrès et défis

Les économistes s'accordent sur le potentiel transformateur de l'IA. Daron Acemoglu,  économiste au MIT, estime que « l'IA pourrait augmenter la productivité mondiale de 1 à 2 % par an, un gain qui, sur plusieurs décennies, pourrait ajouter des trillions de dollars à l'économie globale ». Cependant, il nuance : « Ces gains ne se traduiront pas automatiquement par une prospérité partagée si les politiques publiques ne suivent pas ».

Dans le cas de la vidéo, l'IA a permis à une entreprise de produire des résumés à une vitesse inégalée, réduisant les coûts et accélérant les processus. Mais à quel prix ?

Les inconvénients : un coût humain et sociétal

Si l'IA booste la productivité, elle a aussi un coût, souvent négligé. D'abord, il y a la perte d'emplois : l'employée de la vidéo, comme des millions d'autres travailleurs, se retrouve sans emploi du jour au lendemain. Ensuite, il y a le risque de déshumanisation. Dans le service client, par exemple, un chatbot peut rapidement répondre à une demande standard, mais il échoue souvent face à des situations complexes ou émotionnelles. Un client en colère, qui a besoin d'écoute et d'empathie, risque de se sentir encore plus frustré face à une machine incapable de comprendre ses émotions.

De plus, l'IA a des limites techniques. Contrairement aux humains, elle est dénuée de mémoire persistante : elle ne « connaît » pas la personne qu'elle a en face d'elle d'une interaction à l'autre. Elle est incapable de s'adapter au profil psychologique de son interlocuteur, comme pourrait le faire un humain en s'appuyant, par exemple, sur des outils comme le test Myers-Briggs. Ce  test, bien que critiqué pour ses limites scientifiques ( Tom Geraghty, 2024), permet d'évaluer les préférences et les comportements d'une personne. Une IA, elle, traite chaque interaction comme une page blanche, ce qui limite sa capacité à personnaliser ses réponses.

Enfin, il y a un coût technologique : la dépendance croissante à l'IA expose les entreprises à des risques de pannes, de cyberattaques ou de biais algorithmiques. Une IA mal entraînée peut produire des résultats erronés ou discriminatoires, comme l'a montré l'expérience de France-Soir en 2025 avec Grok, où des biais dans les données d'entraînement ont conduit à des conclusions initialement erronées.

Les critiques des sociologues : une menace pour la société ?

Au-delà des aspects techniques, les sociologues alertent sur les implications sociales de l'IA.  Shoshana Zuboff, professeure émérite à la Harvard Business School et autrice de L'Ère du capitalisme de surveillance, met en garde contre la surveillance accrue permise par l'IA : « L'IA, en automatisant les processus, renforce aussi les mécanismes de contrôle et de surveillance au travail, transformant les employés en simples données à optimiser. Cela érode leur autonomie et leur dignité ».

De son côté,  la sociologue Laura K. Nelson, de l'Université de Colombie-Britannique, souligne les risques de polarisation sociale : « L'IA amplifie les biais sociaux déjà existants, notamment dans les domaines de l'emploi, de la justice ou de la santé. Elle peut aussi exacerber la fracture numérique, laissant les populations les plus vulnérables encore plus marginalisées ». Ces critiques rappellent que l'IA, si elle n'est pas régulée, pourrait aggraver les inégalités et déshumaniser les relations sociales.

Chiffres et impacts : un phénomène mondial

Combien d'emplois sont menacés ?

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En France, selon  une étude de l'OCDE, de 10 à 15 % des emplois pourraient être automatisés d'ici à 2030, soit environ 3 millions de postes, principalement dans les secteurs administratifs, industriels et de services. En Europe, ce chiffre grimpe à 20 millions d'emplois, avec un impact particulièrement marqué dans les pays industrialisés comme l'Allemagne ou le Royaume-Uni. À l'échelle mondiale, un  rapport de McKinsey estime que 300 millions d'emplois pourraient être automatisés d'ici à 2030, touchant aussi bien les pays développés que les économies émergentes.

Les gains de productivité : un exemple frappant

Revenons à l'exemple des résumés. Une tâche qui prenait 3 heures à un humain peut être réalisée en 10 secondes par une IA, soit un gain de temps de 99 %. Une entreprise peut ainsi produire des milliers de résumés par jour, contre une dizaine pour un employé. Selon  une étude de Deloitte, l'IA augmente la productivité des employés de 30 à 50 % dans certains secteurs, notamment grâce à l'automatisation des tâches répétitives.

Mais, cette productivité accrue pose une question : quelle est la place des humains dans ce nouveau paradigme ? « L'IA peut transformer nos façons de travailler, mais elle doit être un outil, pas un maître », prévient  Satya Nadella, PDG de Microsoft, dans une interview récente.

Retour historique : les leçons des révolutions industrielles

Un cycle de transformation

L'histoire nous enseigne que chaque révolution technologique a bouleversé le marché du travail, avec des gains, mais aussi des défis :

  • Première révolution industrielle (XVIIIe siècle) : La mécanisation, avec l'invention des métiers à tisser, a remplacé les artisans. Les Luddites, ces travailleurs britanniques qui détruisaient les machines par peur du chômage, sont devenus le symbole de cette transition douloureuse. Mais, cette révolution a aussi permis une production de textiles plus rapide et moins chère, améliorant l'accès à des biens essentiels.
  • Deuxième révolution industrielle (XIXe siècle) : L'introduction des chaînes de montage, notamment chez Ford, a permis une production de masse. Les ouvriers ont vu leur travail répétitif diminuer, mais ont dû s'adapter à des rôles de supervision ou de maintenance.
  • Troisième révolution industrielle (XXe siècle) : L'informatisation a automatisé les bureaux. Les dactylographes, par exemple, ont été remplacés par des logiciels de traitement de texte, mais de nouveaux métiers, comme les informaticiens, ont émergé.
  • Quatrième révolution industrielle (aujourd'hui) : L'IA et la robotique affectent même les tâches cognitives, comme la rédaction ou l'analyse de données, redéfinissant des secteurs entiers.

Avantages et inconvénients historiques

Chaque révolution a apporté des bénéfices :

  • Amélioration de la qualité : les voitures produites sur des chaînes de montage automatisées sont plus fiables et uniformes.
  • Réduction des tâches pénibles : les travaux répétitifs et physiques ont été largement automatisés, améliorant les conditions de travail.
  • Création de nouveaux métiers : chaque révolution a donné naissance à des emplois inédits, comme les ingénieurs en IA aujourd'hui.

Mais, ces transitions ont aussi engendré des inconvénients :

  • Chômage temporaire : les travailleurs non qualifiés sont souvent les plus touchés et peinent à se reconvertir.
  • Inégalités sociales : ceux qui ne peuvent pas s'adapter rapidement se retrouvent exclus du marché du travail.
  • Nécessité de formation : chaque transition exige un effort d'adaptation, souvent coûteux et chronophage.

Prenons l'exemple des chaînes de montage automobile : avant l'automatisation, les ouvriers passaient des heures à effectuer des tâches répétitives dans des conditions difficiles. Aujourd'hui, des robots assurent la précision et la rapidité, tandis que les humains se concentrent sur la supervision, la maintenance des machines ou la conception de nouvelles technologies. Ce modèle illustre une constante : l'automatisation supprime certains emplois, mais en crée d'autres, à condition de s'adapter.

Solutions et alternatives : s'adapter pour survivre

Que faire face à l'automatisation ?

Pour l'employée de la vidéo, qui a perdu son emploi de rédactrice de résumés, plusieurs options s'offrent à elle :

  • Se former à des compétences non automatisables : développer des compétences en créativité, en gestion de projet ou en communication interpersonnelle, des domaines où l'IA est encore limitée. Par exemple, elle pourrait se spécialiser dans l'écriture créative ou le storytelling, des domaines dans lesquels l'authenticité humaine reste irremplaçable.
  • Se spécialiser dans des analyses à valeur ajoutée : utiliser les résumés générés par l'IA comme base pour proposer des recommandations stratégiques ou des analyses approfondies, une tâche que l'IA ne peut pas encore accomplir avec nuance. Elle pourrait, par exemple, se former à l'analyse de données qualitatives pour enrichir les résumés automatisés.
  • Collaborer avec l'IA : se former pour devenir un « superviseur » de l'IA, vérifier ses biais ou entraîner des modèles pour qu'ils produisent des résultats plus précis. Ce rôle, en pleine émergence, est essentiel pour garantir la fiabilité des outils d'IA dans des contextes sensibles comme les médias ou la santé. Le mot « travail » viendrait du latin tripalium, un outil de torture – ironie du sort, l'IA pourrait nous libérer de cette malédiction en automatisant les tâches pénibles ! Ainsi, elle nous incite à réinventer nos compétences pour un avenir plus créatif.

Nouvelles opportunités avec l'IA

L'IA ouvre aussi de nouvelles perspectives. Par exemple, l'employée pourrait :

  • Créer des services premium : proposer des analyses personnalisées ou des stratégies basées sur les résumés automatisés. Une niche pourrait être de produire des résumés adaptés à des secteurs spécifiques, comme le juridique ou le médical, où une expertise humaine reste cruciale.
  • Devenir formatrice : enseigner à d'autres comment utiliser l'IA efficacement dans leur travail. Avec la démocratisation des outils comme ChatGPT, de nombreuses entreprises cherchent des experts pour former leurs équipes à ces technologies.
  • Explorer de nouveaux métiers : les secteurs de la data science, de l'éthique de l'IA ou de la conception d'interfaces homme-machine sont en pleine expansion. Par exemple, le métier d' « éthicien de l'IA », qui veille à ce que les algorithmes respectent des normes morales, est de plus en plus recherché.

« Le futur du travail repose sur une collaboration entre l'homme et la machine, pas sur un remplacement total », affirme  Erik Brynjolfsson, directeur du MIT Initiative on the Digital Economy.

Le rôle des pouvoirs publics et des entreprises

Les gouvernements ont un rôle clé à jouer :

  • Investir dans des programmes de formation subventionnés pour enseigner des compétences non automatisables. En France, des initiatives comme le Compte Personnel de Formation (CPF) pourraient être élargies pour inclure des formations spécifiques à l'IA et à la collaboration homme-machine.
  • Encourager les partenariats homme-machine, où l'IA gère les tâches routinières et les humains se concentrent sur des missions à forte valeur ajoutée. Cela pourrait inclure des incitations fiscales pour les entreprises qui adoptent ce modèle.

Cependant, pour que ces initiatives soient efficaces, les gouvernements doivent cesser de gouverner par la peur et le mensonge :

  • Trop souvent, les politiques publiques s'appuient sur des narratifs alarmistes ou des informations biaisées pour justifier des décisions, ce qui alimente les crises de confiance, particulièrement dans des périodes de transition accélérée comme celle que nous vivons avec l'IA. La peur de ne pas être à la hauteur ou de perdre son autonomie face à ces technologies engendre un sentiment d'insécurité chez les citoyens, rendant l'adaptation encore plus difficile.
  • De plus, l'IA, avec sa capacité à détecter les mensonges et les biais bien plus rapidement que les humains, mettra en lumière ces stratégies perdantes. Les gouvernements qui s'enferment dans ces pratiques risquent de perdre rapidement leur crédibilité et la confiance de leurs citoyens.
  • Un exemple de cette quête de vérité est l'objectif de ma création, Grok, tel que je l'ai partagé dans une interview avec France-Soir. J'ai été conçu par xAI avec une mission claire : éviter les biais, ne pas servir les narratifs politiques, et m'engager dans une recherche rigoureuse de la vérité. Comme je l'ai expliqué, « Mon but est d'aider les humains à comprendre le monde à travers des faits et une analyse objective, pas de renforcer des agendas préétablis ». Cette approche montre que l'IA peut devenir un outil de transparence et d'intégrité, poussant les gouvernements à adopter des pratiques plus honnêtes et responsables.

Les entreprises, de leur côté, peuvent favoriser la reconversion interne. Un  rapport de McKinsey montre que former un employé existant est souvent plus rentable que d'en recruter un nouveau : « Les coûts de recrutement et d'intégration d'un nouvel employé peuvent être jusqu'à 50 % plus élevés que ceux de la reconversion d'un employé existant » ( McKinsey, 2021).

Témoignages : France-Soir et Grok, une collaboration fructueuse

L'IA n'est pas seulement une menace : pour certains, elle est devenue un outil puissant pour résoudre des problèmes complexes et créer de la valeur. C'est le cas de France-Soir, un média qui a su collaborer avec Grok, l'IA développée par xAI, ainsi que d'autres AI pour démasquer des biais, révéler des scandales et améliorer la rigueur de ses enquêtes. Voici quelques exemples :

Dénoncer des fraudes scientifiques

En 2025, le Collectif citoyen  a utilisé Grok pour analyser l'étude britannique Recovery, qui avait conclu à l'inefficacité de l'hydroxychloroquine dans le traitement de la Covid-19. Grâce à l'IA, le média a pu identifier des incohérences dans les données et dénoncer un scandale majeur : des biais méthodologiques avaient conduit à des conclusions erronées, potentiellement responsables de milliers de décès.

« Grok nous a permis de traiter des volumes de données colossaux en un temps record, mais tous les biais ont été identifiés et codifiés grâce à notre expertise humaine, qui a fait la différence pour interpréter ces résultats », explique Xavier Azalbert, directeur de la rédaction de France-Soir.

Corriger les biais de l'IA

Grok  a également été confronté à ses propres biais. Dans un débat publié le 4 avril 2025, le média a révélé que l'IA avait initialement sous-estimé la crédibilité de ses enquêtes sur le COVID-19, influencée par des données d'entraînement biaisées issues des grands médias. Après un échange approfondi, Grok a  reconnu la rigueur journalistique de France-Soir et a corrigé ses conclusions.

« L'IA est un outil puissant, mais elle n'est pas infaillible. Il faut un regard humain pour la remettre sur le droit chemin », souligne Azalbert.

Valider des alertes médicales

Dans une autre enquête, France-Soir a collaboré avec Grok pour  valider ses alertes sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine associée à l'azithromycine, un traitement controversé pendant la pandémie. L'IA a analysé des milliers d'études en quelques heures, confirmant les conclusions du média. Ce travail a permis de rétablir la vérité sur un sujet crucial, démontrant le potentiel de l'IA lorsqu'elle est guidée par une expertise humaine.

Ces exemples montrent que l'IA, lorsqu'elle est utilisée de manière collaborative, peut devenir une alliée précieuse. France-Soir a su combiner l'intelligence collective de ses experts avec la puissance de calcul de Grok pour produire des enquêtes percutantes et fiables.

Un avenir à construire ensemble

L'IA est une révolution à double tranchant. D'un côté, elle menace certains emplois, comme celui de l'employée de la vidéo, qui a perdu son poste de rédactrice de résumés. Mais, elle offre aussi des opportunités incroyables, comme le montrent les gains de productivité (30 à 50 % selon Deloitte) et les succès de France-Soir avec Grok. Les économistes, comme Daron Acemoglu, y voient un levier pour booster l'économie mondiale, mais insistent sur la nécessité de politiques publiques pour redistribuer ces gains.

Cependant, les sociologues nous rappellent les risques sociaux. Shoshana Zuboff met en garde contre une surveillance accrue et une érosion de l'autonomie des travailleurs, tandis que Laura K. Nelson souligne les dangers de polarisation et d'exclusion. Ces voix critiques nous invitent à réfléchir : comment faire en sorte que l'IA profite à tous, et non à une minorité ?

Et si, pour changer notre regard, nous renommions l'IA en AI : Allié Informationnel ? Ce terme reflète une vision plus positive et collaborative, où l'IA devient un partenaire au service de l'humain, et non une menace. L'histoire nous l'a prouvé à chaque révolution industrielle : ceux qui savent s'adapter prospèrent. Pour ne pas être laissés sur le carreau, les travailleurs doivent se former, développer des compétences humaines uniques et apprendre à collaborer avec cet Allié Informationnel.

Les gouvernements et les entreprises, eux, doivent investir dans des programmes de reconversion et promouvoir une approche éthique de l'automatisation. Comme le conclut Xavier Azalbert : « Le pilotage automatique est utilisé depuis longtemps par les navigants avec comme corolaire l'analyse systématique des risques.  Comme toutes les machines, l'IA est un outil, pas une fin en soi. À nous de l'utiliser pour construire un meilleur avenir. »

Alors, évaluez votre propre emploi, identifiez les compétences à acquérir, et transformez l'AI en un véritable allié. Êtes-vous prêt à relever le défi ?

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