France-Soir
Dans le sillage de la décision de la Cour suprême britannique le mois dernier, la fédération anglaise (FA) et écossaise de football (The Scottish FA) ont annoncé jeudi 01 mai 2025 que les femmes transgenres ne seront plus autorisées à participer aux compétitions de football féminin en Angleterre dès le mois de juin, c'est-à-dire à la fin de la saison actuelle. La Fédération prévoit d'appeler les personnes concernées pour "leur expliquer" comment "continuer à pratiquer leur sport d'une autre manière".
Le 16 avril 2025, la plus haute juridiction britannique, mettait fin à un débat de plusieurs années. La Cour suprême affirmait dans un arrêt que le sexe biologique définit une femme aux yeux de la loi. Pas le genre. La Cour donnait alors raison à une association, "For Women Scotland", qui a entamé dès 2018 un bras de fer avec le gouvernement écossais, qui avait d'ailleurs adopté une loi facilitant la reconnaissance de genre dès 16 ans sans avis médical, une réforme bloquée par le gouvernement conservateur britannique.
La FA applique l'arrêt de la Cour suprême
L'association soutenait une définition biologique stricte du terme "femme", craignant que la reconnaissance des femmes transgenres comme femmes à part entière, notamment via le certificat de reconnaissance de genre (GRC), ne mette en danger la sécurité des femmes dans les espaces non-mixtes. Après plusieurs jugements en Écosse ayant rejeté les revendications de l'association, celle-ci a obtenu en 2024 l'autorisation de porter l'affaire devant la Cour suprême britannique.
Le 16 avril 2025, la Cour suprême a tranché. Son arrêt souligne que les termes "femme" et "sexe" dans la loi sur l'Égalité se réfèrent à une femme biologique, tout en précisant que les personnes transgenres restent protégées contre la discrimination liée à leur genre acquis. Ce verdict a été accueilli avec satisfaction par les militantes féministes, qui y voient une garantie de la sécurité et de la préservation des espaces réservés aux femmes biologiques, tandis que des associations LGBT+ craignent des restrictions pour les femmes transgenres. Une ancienne juge transgenre a dit envisager de faire appel devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).
Le gouvernement travailliste réagissait en précisant que cette décision "apportait de la "clarté (...) pour les femmes et les prestataires de services tels que les hôpitaux, les refuges et les clubs sportifs". Mais de nombreux groupes de défense des personnes transgenres ont alerté contre un bouleversement de plusieurs années de politique.
Mais les institutions sportives s'alignent déjà. Jeudi, les fédérations anglaise et écossaise de football ont annoncé que les femmes transgenres ne seront plus autorisées à participer aux compétitions de football féminin en Angleterre à partir du mois de juin. Les avocats de la FA ont recommandé de modifier la politique antérieure, qui autorisait jusque-là les femmes transgenres à participer aux compétitions de football féminin, pour s'aligner sur l'arrêt de la Cour suprême.
"Pratiquer le football autrement"
Dans une déclaration, la Fédération anglaise de football rappelle que le "sujet est complexe, et notre position a toujours été que si un changement significatif intervenait dans la loi, la science ou la mise en œuvre de la politique dans le football amateur, nous réévaluerions cette politique et la modifierions si nécessaire".
"La décision de la Cour suprême du 16 avril signifie que nous allons modifier notre politique. Les femmes transgenres ne pourront plus jouer dans le football féminin en Angleterre, et cette politique sera mise en œuvre à partir du 1ᵉʳ juin 2025", annonce-t-on.
La FA dit son intention de contacter directement toutes les femmes transgenres concernées par cette décision pour "leur expliquer les changements" et leur permettre de continuer à pratiquer leur sport d'une autre manière. "Nous comprenons que cela sera difficile pour les personnes qui souhaitent simplement jouer au football dans le genre auquel elles s'identifient", conclut la fédération anglaise de football.
Une semaine avant l'arrêt de la Cour suprême, la FA refusait de bannir les femmes transgenres et les autorisait à jouer au football féminin si leur taux de testostérone était inférieur à 5 nmol/L pendant un an au moins.