09/05/2025 francesoir.fr  4min #277404

La Slovaquie et la Hongrie vent debout contre le plan européen pour mettre fin à l'exploitation du gaz russe d'ici 2027

France-Soir

Le plan de la Commission européenne pour se passer entièrement et définitivement du gaz russe ne passe pas en Slovaquie ni en Hongrie. Le plan européen, a martelé le Premier ministre Robert Fico, dont le pays a signé un accord gazier avec Moscou, est "absolument inacceptable". Il a affirmé son intention qu'il demanderait des compensations pour les dommages subis, si le plan était mis en œuvre.

L'UE prévoit de mettre fin à l'exploitation du gaz russe, y compris le GNL, d'ici 2027. "La dépendance à l'égard de la Russie n'est pas seulement néfaste pour notre sécurité, mais aussi pour notre économie. Nos prix énergétiques ne peuvent pas être dictés par un voisin hostile", a déclaré la présidente de la CE, Ursula von der Leyen, mardi aux membres du Parlement européen à Strasbourg.

Un "suicide économique"

Les 27 États membres de l'UE ont ainsi jusqu'à 2027 pour mettre fin à l'usage et à l'achat de l'énergie russe, dont les cargaisons, notamment celles de gaz naturel liquéfié (GNL), continuent d'arriver sur les côtes de l'Union européenne. Ursula Von der Leyen a expliqué que cet arrêt se fera progressivement avec une interdiction des contrats à court terme d'ici la fin de l'année en cours puis les contrats à long terme, qui seront résiliés d'ici la fin de 2027. À cela s'ajouteront d'autres restrictions visant à lutter contre la flotte clandestine qui transporte secrètement le pétrole russe.

Chaque État membre sera invité à élaborer un plan national détaillant la manière dont il entend éliminer le gaz, le nucléaire et le pétrole russes de son bouquet énergétique. Une décision qui ne fait pas l'unanimité.

Le 1ᵉʳ janvier dernier, lorsque Kiev mettait fin au transit du gaz russe par son territoire sous les applaudissements de l'UE, le Premier ministre slovaque, Robert Fico, avait dénoncé cette décision. "Accepter la décision unilatérale du président ukrainien est totalement irrationnel et erroné", a-t-il plaidé dans une lettre à Bruxelles, déplorant "un impact financier majeur". En guise de représailles, le dirigeant slovaque avait menacé d'interrompre l'approvisionnement en électricité dont Kiev a besoin face aux bombardements de ses infrastructures énergétiques.

Le dirigeant slovaque est revenu à la charge avec la brève présentation du plan européen par Ursula von der Leyen, reportée à plusieurs reprises en raison de l'incertitude liée à la volonté de Donald Trump de lancer des négociations entre l'Ukraine et la Russie.

Pour Robert Fico, ce plan est "absolument inacceptable". "Nous ne pouvons pas soutenir la proposition de la Commission européenne visant à interrompre totalement les livraisons d'énergie en provenance de Russie", a-t-il déclaré.

"Nous reconnaissons l'objectif stratégique de l'UE de réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de pays tiers, et la Slovaquie est prête à contribuer à cet objectif en coopération avec l'UE. Toutefois, je m'oppose à la proposition de nous engager dans une forme d'autodestruction. C'est un suicide économique, pour parler clairement. Je rejette l'idée que l'on doive cesser les livraisons de gaz, de combustible nucléaire et de pétrole russes simplement parce qu'un nouveau rideau de fer est en train de se dresser entre le monde occidental et, potentiellement, la Russie et d'autres nations", a-t-il ajouté.

Une "violation de la souveraineté"

Bratislava, explique Fico, plaidera pour une révision de la feuille de route de la Commission européenne concernant la suppression progressive de l'énergie russe, estimant que sa mise en œuvre entraînerait une hausse des prix de l'énergie dans toute l'UE et affaiblirait sa compétitivité.

La Slovaquie, qui a conclu un accord de livraison de gaz avec la Russie qui expire en 2034, demanderait des compensations pour les dommages subis, si le plan était mis en œuvre, avertit encore le PM.

Son pays n'est pas le seul à rejeter la feuille de route de la CE. La Hongrie a aussi réagi. Les deux États membres de l'UE uniront leurs efforts contre le plan de la CE, a affirmé le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjártó.

Il a indiqué s'être entretenu avec son homologue slovaque, Juraj Blanár, qui "a également exprimé de vives objections à cette proposition" de Bruxelles. "C'est pourquoi une coordination étroite entre les deux pays est attendue", dit-il.

Pour le chef de la diplomatie hongroise, le plan menace également la sécurité énergétique de la Hongrie. En outre, une telle démarche "viole la souveraineté" des pays de l'UE, qui ont le droit de choisir leurs fournisseurs. Le préjudice potentiel pour l'économie du pays pourrait atteindre 1,5 milliard d'euros par an, avertit-il.

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