Xavier Azalbert, France-Soir
Marche des fiertés ou course folle vers un conflit de société ?
DR, France-Soir, IA
Imaginez un instant une affiche provocatrice : des hétérosexuels, le poing levé avec détermination, tenant en laisse une figure LGBT effondrée, marquée par des stigmates de vindicte, symbole d'une domination écrasante. Que se passerait-il dans une France attachée à ses principes d'égalité ? Une tempête médiatique éclaterait sans attendre. De France Télévision à BFMTV, en passant par Le Monde et Le Figaro, les rédactions s'indigneraient à l'unisson, dénonçant une « incitation à la haine » et une « injure publique » intolérables. Les tribunaux s'empareraient de l'affaire dans l'heure : ordonnateurs, concepteurs, imprimeurs seraient placés en garde à vue, poursuivis sous les articles 29 et 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Les sanctions seraient lourdes – jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 € d'amende pour injure publique et incitation à la haine envers un groupe défini par son orientation sexuelle. Un tollé international suivrait, amplifié par le Président, le gouvernement, les élus de tous bords et les associations LGBT, avec des procès prolongés, comme celui de Dieudonné en 2013 pour des propos jugés antisémites, pour marquer les esprits par des condamnations exemplaires visant à réaffirmer l'interdit absolu de toute discrimination.

Image de droit de synthèse illustrant l'inverse
À l'inverse, que constatons-nous ? L'affiche officielle de la Marche des Fiertés 2025, soutenue par la mairie de Paris, déploie un tableau saisissant : un groupe de silhouettes colorées – hommes, femmes, identités diverses tenant des pancartes – domine une figure grise au sol, les yeux en spirales suggérant une défaite symbolique, sous les mots percutants « Queers de tous les pays, unissons-nous » et l'injonction « Contre l'internationale réactionnaire ». Cette image, riche en symboles, reflète une célébration vibrante, mais aussi une opposition marquée. Certains y verront une réponse légitime aux décennies d'oppression – des émeutes de Stonewall en 1969 à l'adoption du mariage pour tous en France en 2013 –, un cri de fierté face à des discriminations historiques. Pourtant, cette justification ne saurait excuser une représentation qui, pour beaucoup, humilie et divise une partie de la population, notamment les hétérosexuels perçus comme « réactionnaires ».
Malgré cela, pas de levée de boucliers médiatique, pas d'alerte judiciaire. Juges, politiques, chroniqueurs restent silencieux, acceptant une tolérance sélective qui interpelle. Selon une lecture rigoureuse de la loi de 1881, cette affiche pourrait être interprétée comme relevant des délits d'injure publique et d'incitation à la haine – un traitement inégal qui appelle à une réflexion urgente.
Cette dynamique de division n'est pas isolée à l'affiche de la Marche des Fiertés. un autre exemple illustre cette tendance : la ministre Agnès Pannier-Runacher, lors d'une intervention sur France Inter, a déclaré que « La France est un pays qui se réchauffe plus vite que le reste de la planète ».
"La France est un pays qui se réchauffe plus vite que le reste de la planète"...
Vous rendez vous seulement compte du niveau de propagande et de bêtise de cette ministre ?
(Le pays qui se "réchauffe" plus vite que le reste du globe est le Canada dû à la présence des régions… pic.twitter.com/wAKNxA8U2V— Sylvain J. (@PEGASE83000) June 24, 2025
Cette affirmation est contestée par les faits (1) et par la même radio FranceInter en 2024 ! Comme l'affiche, cette déclaration est une exagération propagandiste, imposant une vision sans débat alors que l'on est sur une chaine du service public qui devrait garantir la non-polarisation. Cela alimente donc un sentiment d'injustice chez ceux qui s'y opposent, faits à l'appui. Ces deux cas – l'affiche et la déclaration climatique – montrent comment des messages d'opinion par leur ton ou leur formulation, creusent des fossés plutôt que de construire des ponts.
Cette situation soulève une interrogation profonde : l'État français, avec ses institutions – justice, médias, système éducatif –, ne serait-il pas en train de promouvoir une vision dominante autour des droits LGBT, au point de marginaliser toute voix dissidente ? Les précédents abondent : un humoriste condamné en 2013 pour des sketches antisémites, ou encore les sanctions contre la Hongrie en 2021 (2) par l'Union européenne pour sa loi restreignant les contenus LGBT, illustrent une justice attentive aux discours jugés offensants. Pourtant, lorsque cette vision est exaltée, comme avec cette affiche, elle échappe à toute critique, protégée par une bienveillance institutionnelle qui frôle l'indulgence.
Cette double mesure ne reflète pas une simple incohérence : elle risque de creuser un fossé entre les Français, alimentant une fracture sociale que nul ne peut ignorer, surtout dans un pays marqué par son héritage d'égalité depuis 1789.
L'avenir inquiète encore davantage. La loi en cours de préparation, illustrée par le slogan « Parce que c'est notre projet ! », semble vouloir étendre cette influence au-delà de l'espace public, pénétrant dans la sphère privée. Un désaccord exprimé en famille, une pensée divergente partagée discrètement entre proches : tout pourrait bientôt être scruté et potentiellement sanctionné. Ici intervient un principe fondamental, gravé dans notre héritage juridique et moral : « la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres ». Cet adage, issu des idéaux de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, rappelle que toute expression, même militante, doit respecter les limites imposées par le droit des autres à ne pas être humiliés ou stigmatisés. L'affiche de la Marche des Fiertés, en ciblant les « réactionnaires » – souvent assimilés aux hétérosexuels conservateurs – outrepasse-t-elle cette frontière ? La Cour de cassation, dans sa jurisprudence (ex. affaire des caricatures de 2007), exige une intention claire de nuire pour qualifier une incitation à la haine ; l'affiche, bien que provocatrice, pourrait être défendue comme une satire politique, ce qui complique les poursuites. Néanmoins, son impact symbolique ne peut être ignoré, surtout sans débat public pour en mesurer les conséquences.
Face à cette dérive, un appel s'impose aux responsables : au ministre de la Justice, aux procureurs de la République et généraux près les cours d'appel, je pose ces questions essentielles. Pourquoi cette affiche, qui semble bafouer l'égalité garantie par l'article 1er de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, n'est-elle pas retirée, comme le permet l'article 40 du Code de procédure pénale face à un trouble à l'ordre public manifeste ? Pourquoi ses auteurs – le maire de Paris en tête, présumé responsable – ne sont-ils pas invités à rendre des comptes pour une publication qui divise plutôt qu'elle n'unit ? Cette inaction ne fait qu'amplifier les tensions et éloigner la société d'un équilibre respectueux. Plutôt qu'une division, une campagne unissant toutes les identités autour de valeurs communes – respect, dialogue, égalité – pourrait mieux servir la nation, transformant la Marche en un symbole d'harmonie plutôt que de discorde.
Citoyens, il est temps de réfléchir et de nous engager. Cette affiche n'est pas qu'une provocation isolée : elle est le symptôme d'une société qui s'éloigne de l'harmonie. Alors que la Marche approche le 28 juin, chaque jour compte pour éviter qu'elle ne devienne un symbole de rupture. Si un procès est engagé contre ses responsables – maire, concepteurs, diffuseurs –, transmettez-moi ces informations : je les porterai avec détermination pour défendre un dialogue juste et équilibré.
Ensemble, réclamons une justice égale, un débat apaisé, et un respect mutuel qui honore la diversité sans la transformer en champ de bataille, tel que cela peut-être le cas en ce moment même au moyen orient.L'heure est à la sagesse, à la recherche d'un consensus, loin des divisions imposées par des symboles qui, au lieu d'unir, séparent.
1) Le Canada est souvent cité comme l'un des plus affectés, avec un réchauffement environ deux à trois fois plus rapide que la moyenne mondiale (+1,7 °C à +1,9 °C depuis 1948, contre +1,1 °C à l'échelle mondiale depuis l'ère préindustrielle).
Parmi les pays européens, la Russie (en particulier ses régions orientales), l'Estonie et la Lettonie enregistrent des hausses significatives, avec des augmentations de température terrestre dépassant +3 °C dans certaines zones depuis 1951-1980. La France, bien qu'elle se réchauffe rapidement (+1,7 °C depuis l'ère préindustrielle, soit environ 20 % plus vite que la moyenne mondiale), n'est pas le pays qui se réchauffe le plus vite, contrairement à certaines affirmations – et c'est FranceInter qui le dit en 2024.
2) notez à cet égard les sanctions que l'Union européenne a prises contre la Hongrie :