10/07/2025 basta.media  4min #283734

Pénuries d'eau : l'agriculture, grande responsable et source de solutions

Et si l'eau venait à manquer ? Difficile à concevoir tant que l'eau coule au robinet, cette pénurie est pourtant bel et bien annoncée, et l'agriculture porte une lourde responsabilité. C'est le très officiel Haut-Commissariat à la stratégie et au plan qui le dit, dans une  note publiée le 25 juin, invitant les pouvoirs publics à réguler l'irrigation et soutenir les pratiques agroécologiques plus sobres en eau.

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Actuellement,  l'agriculture est la première activité consommatrice d'eau avec 58 % du total, devant l'approvisionnement en eau potable (26 %), le refroidissement des centrales nucléaires (12 %) et les usages industriels -  agroalimentaire notamment (4%). Mais pourquoi entend-on parfois dire que l'agriculture ne capte que 10 % de l'eau, à l'image d'Arnaud Rousseau le président de la FNSEA réagissant à un  documentaire de France Télévision consacré au maïs ?

Un cinquième des exploitations agricoles irriguées

Tout est dans le vocabulaire choisi, qui tronque le réel. Car si l'on parle de l'eau « prélevée », c'est-à-dire extraite de sources souterraines ou de surface pour les besoins des activités humaines, l'agriculture représente en effet 9 % et le refroidissement des centrales nucléaires 51 %. Mais si l'on regarde du côté de l'eau « consommée », c'est-à-dire prélevée et non restituée aux milieux aquatiques parce qu'elle s'évapore ou est incorporée dans le sol et les plantes, l'agriculture arrive bel et bien en tête, avec 58 % des volumes.

Cette consommation d'eau n'est pas également répartie entre les territoires et les productions : seules 18 % des exploitations agricoles sont irriguées, ce qui représente moins de 10 % de la surface agricole utile (SAU), et cela augmente à cause du changement climatique. Les légumes, les vergers, le soja, le maïs et les pommes de terre sont les cultures qui demandent le plus d'eau. Mais avec de fortes disparités : les fruits et légumes représentent ainsi 15 % du total des surfaces irriguées et le maïs destiné à l'alimentation animale 33 % !

Plutôt que de construire des mégabassines destinées à l'irrigation d'immenses surfaces de maïs pour nourrir les bovins, il vaudrait donc mieux réduire nos consommations de viande issue de cheptels hors-sol. Cela figure d'ailleurs parmi les « efforts » auxquels il va falloir se résoudre, prévoit le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan (peu suspect de militantisme végan....).

Diversification des cultures et agroforesterie

Cela dit, si elle est un problème, l'agriculture est aussi une solution. Pour se débarrasser du coûteux maïs, on peut faire pâturer les animaux, de préférence dans des parcelles entourées d'arbres : ils y trouveront ainsi de l'ombre et l'eau sera mieux retenue dans les sols. Ce modèle, qui consiste à nourrir des herbivores avec... de l'herbe (mais quelle bonne idée !), s'avère  très vertueux en termes de bilan CO2. Il permet en plus de mieux rémunérer les agriculteurs et agricultrices.

 Autres solutions, décrites par l'Institut national de recherche pour l'agriculture et l'environnement (Inrae) afin de lutter contre la pénurie d'eau qui nous menace : « Le paillage des sols, les apports de matières organiques (fumier et autres composts versus  engrais azotés), la limitation du travail du sol, la diversification des cultures, l'agroforesterie et la restauration des zones humides. »

Malheureusement, nos parlementaires préfèrent construire des  mégabassines, ou multiplier les retenues collinaires quitte à noyer des zones humides dont le rôle dans le cycle de l'eau est pourtant essentiel. Et, non contents de confisquer l'eau, ils  défendent l'usage éhonté de pesticides, qui sont si nombreux dans l'eau qu'elle en devient  impropre à la consommation. Ce qui réduit encore les quantités disponibles et attise les conflits d'usage. Jusqu'à quand ?

 Nolwenn Weiler

 basta.media