11/07/2025 francesoir.fr  4min #283889

La Commission Européenne épingle l'Espagne pour une corruption « relativement élevée »

France-Soir

SORIANO AFP

La corruption en Espagne connaît une "augmentation significative". Et c'est une institution européenne qui le dit. La Commission présidée par Ursula von der Leyen a transmis à Madrid un avertissement après la diffusion de son rapport sur l'État de droit dans ce pays. "La perception des experts, des citoyens et des entreprises est que le niveau de corruption dans le secteur public est relativement élevé", rapporte-t-on. Bruxelles somme l'Espagne de "redoubler d'efforts" pour faire accélérer les enquêtes en cours et l'achèvement de la réforme du Code de procédure pénale.

Depuis le printemps 2025, le gouvernement de Pedro Sánchez est fragilisé par une série de scandales de corruption touchant plusieurs de ses proches collaborateurs. Le cas le plus retentissant est celui de Santos Cerdán, ex-secrétaire d'organisation du PSOE, soupçonné d'avoir perçu des pots-de-vin lors de l'attribution de contrats publics et placé en détention provisoire fin juin dernier. D'autres membres de l'entourage du Premier ministre, dont sa femme et son frère, sont également visés par des enquêtes pour corruption.

Soupçons de corruption supérieure à la moyenne européenne

Les scandales de corruption n'ont pas échappé à la Commission européenne, qui a épinglé ce pays de la péninsule ibérique dans son rapport sur l'État de droit. "La perception parmi les experts, les citoyens et les entreprises est que le niveau de corruption dans le secteur public est relativement élevé", affirme d'emblée la CE dans sa partie dédiée à la lutte anti-corruption.

La CE en veut pour preuve l'indice de perception de la corruption 2024 publié par Transparency International, dans lequel l'Espagne obtient un score de 56 sur 100, se classant 16ᵉ au sein de l'Union européenne et 46ᵉ à l'échelle mondiale. "Cette perception s'est nettement accentuée au cours des cinq dernières années", reproche Bruxelles à Madrid.

Le rapport cite aussi le Baromètre spécial 2025 sur la corruption, selon lequel 89 % des personnes interrogées estiment que la corruption est répandue dans leur pays et 51 % se sentent personnellement touchées par la corruption dans leur vie quotidienne. 87 % des entreprises jugent la corruption répandue, contre une moyenne de 63 % en Europe et 53 % estiment qu'elle constitue un obstacle dans leurs activités commerciales, contre 35 % dans le continent.

De quoi adresser un avertissement à l'Espagne. "Les travaux n'ont pas encore commencé sur la stratégie nationale de lutte contre la corruption prévue par la loi pour septembre 2024 (...) Et bien que des efforts aient été faits pour lutter contre la corruption transnationale, des lacunes subsistent dans le cadre législatif et le niveau d'application reste faible", déplore-t-on dans le rapport.

La CE rappelle surtout les récents scandales, comme l'affaire Koldo, lorsqu'un ancien ministre et député, José Luis Ábalos, a été inculpé en octobre 2024 dans une affaire de corruption présumée liée à la pandémie de COVID-19", ou encore les 4 affaires de corruption en Espagne traitées actuellement par le Parquet européen.

Sanchez veut reprendre le contrôle

Cette corruption touche aussi bien les marchés publics que les contrats de service public, en passant par le financement des partis politiques ou les projets d'infrastructures, "des secteurs clés à haut risque de corruption". Selon le Flash Eurobaromètre sur l'attitude des entreprises face à la corruption dans l'UE, 40 % des entreprises en Espagne (contre une moyenne de 25 % dans l'UE) estiment que la corruption les a empêchées, en pratique, de remporter un appel d'offres ou un marché public au cours des trois dernières années, affirme encore le rapport.

Madrid est aussi épinglée pour la lenteur de plusieurs enquêtes en cours, la CE l'appelant à "redoubler d'efforts pour relever les défis liés à la durée des enquêtes et des poursuites afin d'accroître l'efficacité du traitement des affaires de corruption de haut niveau".

Le rapport est diffusé la veille de l'annonce de Pedro Sanchez devant le Parlement, concernant le lancement d'un plan d'État contre la corruption. Ce "plan réaliste" sera la "plus grande avancée de ces dernières décennies, plaçant l'Espagne à l'avant-garde du continent", a-t-il affirmé.

Difficile tout de même de ne pas sourire devant cet avertissement de la Commission européenne à l'Espagne. Entre les SMS mystérieux d'Ursula von der Leyen avec le patron de Pfizer, toujours introuvables malgré l'insistance des juges et du Parlement, les milliards d'euros distribués à des ONG sans contrôle, et les rappels à l'ordre de la Cour des comptes européenne concernant ces mêmes rapports sur l'État de droit, la Commission a-t-elle vraiment de leçons de transparence à donner ?

Idem au Parlement européen, qui s'est retrouvé plongé dans moult scandales. Qatargate, HuaweiGate.... L'Union européenne n'a rien à envier à ses États membres !

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