France-Soir
francesoir.frle 31 mai 2021
© Lakpa SHERPA / AFP/Archives
Le sommet mythique de l'Himalaya, sanctuaire pour alpinistes et temple du tourisme extrême, étouffe sous les ordures. Entre avril et mai 2024, des drones géants ont pour la première fois été déployés pour évacuer quelque 280 kilos de déchets à plus de 6 000 mètres d'altitude. L'opération a été menée par la société népalaise Airlift Technology.
« Ce que les drones transportent en six minutes demanderait quatre heures à un homme », résume, admiratif, Lhakpa Nuru Sherpa, un vétéran de la montagne, déjà 15 fois au sommet. Il estime que 70 % des détritus habituellement descendus à dos d'homme l'ont été cette année par voie aérienne. Des sacs-poubelle pleins de restes de repas, de bouteilles d'oxygène ou d'équipements abandonnés, parfois piégés depuis des décennies sous les glaces. Or, ces glaces fondent. Et elles relâchent dans les rivières ce que l'homme y a enfoui en croyant l'effacer.
Fabriqués en Chine, capables de résister à –20 °C et à des vents de 40 km/h, les drones d'Airlift ne peuvent cependant atteindre les plus hauts camps. La météo capricieuse limite aussi leur efficacité. Milan Pandey, cofondateur d'Airlift, veut y croire : « Nous sommes la seule entreprise au monde à réaliser ce type d'opération à ces altitudes. » Comme le rapporte Bloomberg, plusieurs fabricants européens et américains se bousculent déjà à sa porte.
N'oublions pas, malgré une innovation qui pourrait rattraper les dégâts, que ce sont bien les humains qui salissent l'Everest. Les efforts technologiques, bienvenus, ne remplaceront jamais une vraie régulation du tourisme de haute altitude.