03/09/2025 francesoir.fr  2min #289294

Les éoliennes offshore relâchent des polluants invisibles

France-Soir

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Selon une étude coordonnée par l'Ifremer, l'ILVO belge et l'agence maritime allemande BSH, publiée dans Marine Pollution Bulletin fin août, plus de 220 substances chimiques sont utilisées dans la construction et l'exploitation des éoliennes en mer du Nord. 62 d'entre elles sont classées comme « préoccupantes » en raison de leur toxicité.

Peintures anticorrosion, huiles de navires, fluides de refroidissement, systèmes anti-incendie… 70 % des polluants identifiés proviennent des revêtements qui protègent l'acier des mâts. « La protection de l'acier en mer est complexe, nécessitant pas moins de trois couches de protection comme les peintures époxy dont les compositions complètes ne sont pas données par les fabricants », déplore Javier Castro Jimenez, chercheur à l'Ifremer. Parmi les substances en cause : des PFAS, des bisphénols ou encore des retardateurs de flamme bromés. Les anodes sacrificielles relâchent quant à elles aluminium et zinc. Sciences et Avenir, qui relaie cette étude, rappelle que la France impose déjà des suivis de qualité de l'eau autour de ses parcs, mais l'absence de normes européennes harmonisées laisse la porte ouverte à des pratiques hétérogènes.

L'étude repose sur des échantillonnages dans quatre parcs de la mer du Nord et sur la surveillance d'organismes bio-accumulateurs comme les moules. Si les chercheurs insistent sur le fait que ces pollutions ne sont pas une fatalité, ils alertent sur l'urgence de mettre en place des réglementations spécifiques. « Une coordination à l'échelle européenne et des exigences minimales en matière de surveillance et de réduction des émissions peuvent rendre le développement de l'éolien en mer plus respectueux de l'environnement », affirme Elena Hengstmann du BSH.

Alors que l'Europe ambitionne de tripler sa puissance éolienne offshore d'ici à 2030, le défi n'est plus seulement technique ou énergétique, mais aussi chimique. Les ambitions vertes devront désormais prouver qu'elles ne noircissent pas les océans.

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