
par Raphaël Besliu
Les policiers ont de nouveau débarqué dans les bureaux parisiens de McKinsey le 6 novembre. C'est déjà la deuxième descente en trois ans dans le cadre de l'enquête sur les fameuses «conditions d'intervention» des cabinets de conseil pendant les campagnes d'Emmanuel Macron.
Le juge d'instruction parisien Serge Tournaire, connu pour son acharnement contre les politiques corrompus, est aux manettes de cette investigation. D'après Le Parisien, qui a sorti l'info en premier, cette perquisition confirme que l'affaire est loin d'être classée, contrairement à ce qu'espérait l'Élysée.
C'est l'AFP qui a obtenu la confirmation d'une «source judiciaire» - probablement un magistrat qui ne souhaite pas se faire taper sur les doigts. On attend maintenant de voir si la justice ira jusqu'au bout ou si, comme d'habitude, l'affaire finira enterrée quand elle s'approchera trop près du président et de son entourage. À suivre...
Des relations privilégiées sous la loupe
L'affaire des cabinets de conseil a éclaté après qu'une commission d'enquête parlementaire a révélé en 2022 l'ampleur d'un système que beaucoup qualifient désormais de «pieuvre macroniste». Depuis l'arrivée de Macron à l'Élysée en 2017, l'État a multiplié les contrats avec ces sociétés privées à un rythme effréné et avec une opacité troublante.
L'opposition, pour une fois utile dans son rôle de contre-pouvoir, a exigé une enquête approfondie sur cette relation privilégiée entre le cabinet américain et la macronie.
Le rapport sur McKinsey, publié en plein marathon présidentiel, a mis un sacré coup dans la campagne de Macron. Un boulet de plus pour le président qui, acculé par les révélations, n'a pas hésité à jouer les grands seigneurs le 27 mars 2022 :
«S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal».
Un classique de notre président-banquier : d'abord nier l'évidence, puis faire semblant d'être intransigeant quand les faits deviennent trop gênants.
Soupçons de fraude et de financement illégal
Le PNF a enclenché une information judiciaire après avoir découvert, petit à petit, des pistes troublantes sur cette société de conseil. D'abord, les magistrats ont lancé une enquête préliminaire le 31 mars 2022 pour «blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée» contre l'entreprise.
Et pour cause ! On soupçonne les entités françaises d'avoir mis en place un système bien rodé leur permettant d'échapper totalement à l'impôt sur les sociétés pendant près d'une décennie, de 2011 à 2020.
Six mois après ces révélations, le Parquet national financier n'a pas traîné. L'organisme a lancé deux procédures judiciaires concernant l'implication des sociétés de conseil dans les campagnes présidentielles de Macron.
La première visait la «tenue non conforme des comptes de campagne» pour 2017 et 2022, mais les enquêteurs ont rapidement élargi leur champ d'investigation aux années 2015 et 2016. La deuxième enquête concerne des soupçons de favoritisme. Qui a été favorisé ? Qui a favorisé ? Le PNF ne communique pas sur ces détails.
Fin 2022, le scandale s'est accéléré avec des descentes policières chez plusieurs hauts responsables de McKinsey, passés et présents. Les forces de l'ordre n'ont pas fait dans la dentelle : perquisitions au ministère de la Santé, fouille musclée dans les bureaux parisiens du cabinet et - ça sentait le roussi pour le président - dans les locaux de Renaissance, le parti macroniste, ainsi que dans ceux de son association de financement.
source : Géopolitique Profonde