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Edouard Philippe.
Edouard Philippe avait annoncé publiquement sa fracture avec Macron en réclamant une présidentielle anticipée, geste jugé confus et risqué. Cette prise de distance, censée relancer sa campagne, l'expose aux critiques et à une baisse dans les sondages. Malgré l'instabilité politique, il poursuit méthodiquement sa stratégie pour 2027.
Édouard Philippe avait créé la stupeur en réclamant une élection présidentielle anticipée, au lendemain de la chute du gouvernement Lecornu. Fébrile, hésitant, il demande à Emmanuel Macron de « hâter son départ » tout en affirmant ne pas appeler à sa démission.
La cassure jusque-là feutrée entre les deux hommes éclate : l'ex-Premier ministre, en perte de vitesse dans les sondages, doit s'émanciper d'un président devenu impopulaire. Mais sa sortie est jugée confuse, brutale, et même « hérétique » par le camp macroniste, qui dénonce une atteinte à la stabilité institutionnelle. Chez Horizons, elle embarrasse autant qu'elle soulage : Edouard Philippe a « enfin » parlé, mais il a mal choisi son moment, et peut-être sa méthode.
2027: un chemin semé d'embûches
La séquence fragilise le candidat : pour la première fois, un sondage le donne battu par Jordan Bardella. Autour de lui, on minimise : c'est tout le bloc central qui s'écroule, victime des « mauvais choix » d'Emmanuel Macron et de l'instabilité politique.
Edouard Philippe poursuit néanmoins son plan : tour de France, construction d'un programme « massif », réélection impérative au Havre en 2026, destinée à asseoir sa légitimité. Mais cette stratégie, rationnelle et patiente, est percutée par les crises : dissolution, tensions budgétaires, convulsions gouvernementales. Ses rivaux, Attal, Wauquiez, Darmanin, guettent le faux pas. Lui récuse toute primaire, convaincu que la force précède le ralliement.
Sa posture de candidat du « sérieux » divise. On l'accuse de raideur, on lui rappelle l'APL, les 80 km/h, l'âge pivot. Sa promesse de rigueur, jusqu'à un report de l'âge de départ au-delà de 64 ans, tranche avec la polarisation émotionnelle du moment. Ses proches défendent pourtant un homme « transformateur », prêt à gouverner vite, à réformer par ordonnances, à convoquer référendums et élections législatives dès son éventuelle victoire.
Il prépare son programme dans un cercle mêlant fidèles de Matignon et experts renommés, tout en cherchant encore son directeur de campagne. Même son anniversaire devient politique : Lecornu est absent, Darmanin présent, signe d'alliances mouvantes.
Édouard Philippe avance donc sur une ligne de crête : se détacher de Macron sans rompre la continuité institutionnelle, rassurer l'ordre sans perdre le centre, et éviter d'être réduit à la caricature du technocrate inflexible. Une transgression calculée, un pari dangereux, mais peut-être le seul chemin qu'il voit pour 2027.