
par Serge Savigny
Washington et Pékin sont engagés dans une lutte acharnée pour le contrôle de l'extraction et du traitement d'une ressource minérale essentielle pour l'industrie moderne. Sans elle, il est impossible de produire des véhicules électriques, des smartphones ou des avions de chasse. Il s'agit des métaux de terres rares.
Les États-Unis et la Chine rivalisent entre eux, mais c'est l'Asie du Sud-Est qui en souffre.
Des hommes d'affaires et des chefs de groupes criminels ont organisé le creusement de nouvelles mines ou l'exploitation d'anciennes mines le long du Mékong et de ses affluents. Mais les mineurs semi-légaux ou illégaux, n'ayant ni les compétences ni l'équipement nécessaire, contaminent les fleuves avec du mercure, de l'arsenic et d'autres substances nocives pour la santé humaine. Pour l'instant, les gouvernements des pays du bassin du Mékong n'ont pris aucune mesure concrète pour rétablir l'ordre.
Comme le rapporte CNN, la demande mondiale de métaux rares a affecté l'un des fleuves les plus puissants d'Asie, le Mékong. La santé et le mode de vie de dizaines de millions de personnes sont en danger. Malgré cela, non seulement les États-Unis et la Chine, mais aussi d'autres grands pays se sont engagés dans la lutte pour y accéder. Cependant, la Chine, en vertu des principes de sa politique industrielle, a réussi à établir un contrôle presque total sur l'extraction et le traitement de ces métaux. De nombreux pays occidentaux et d'Asie de l'Est ne veulent pas se résigner à cette situation. Les recherches se poursuivent dans le monde entier, mais le bassin du Mékong représente l'exemple le plus frappant des conséquences d'une extraction incontrôlée.
Le Mékong est le cœur qui donne vie à l'Asie du Sud-Est, un écosystème qui nourrit 6 États avec une population de 70 millions de personnes. Il leur fournit de la nourriture, de l'eau, des produits agricoles et des marchandises sur le marché. Le fleuve sert également de source d'approvisionnement en riz, poisson frais et crevettes pour différents pays, y compris les États-Unis. «En Amérique, il n'y a pas un seul grand supermarché qui ne vende pas de produits du delta du Mékong», déclare Brian Eyler, directeur du programme pour l'Asie du Sud-Est au Stimson Center à Washington.
Et ce qui est le plus triste, c'est que les personnes dont le travail permet de créer ces produits sont exposées au risque de contamination par des toxines qui sont devenues des sous-produits du fonctionnement de près de 1400 mines, dont beaucoup ne sont pas contrôlées par les autorités publiques.
Les collaborateurs du centre ont analysé des images du Mékong et de ses affluents et sont arrivés à la conclusion que le travail des extracteurs de métaux rares pourrait potentiellement conduire à une catastrophe. Il s'est avéré qu'en Birmanie, au Laos et au Cambodge, on compte au moins 2000 sites dangereux de ce type. Ils sont situés le long des rives de 43 rivières. Une grande partie de ces mines ne sont nullement de nouvelles entreprises. On y extrayait auparavant de l'or, de l'argent, de l'étain, du cuivre, du nickel, du manganèse et d'autres métaux recherchés. Le problème réside dans le fait que diverses substances chimiques sont utilisées pour les obtenir, par exemple le mercure et le cyanure de sodium. Si les règles de manipulation ne sont pas respectées, cela peut entraîner l'empoisonnement des travailleurs, des habitants des villages environnants, des animaux et des oiseaux.
Dans quelle mesure l'étude du Stimson Center américain était-elle objective et impartiale ? Son rapport attribue une responsabilité particulière à la Birmanie pour les violations des normes de protection de l'environnement. Ce pays, qui entretient des relations étroites avec la Chine et la Russie, devient toujours le «souffre-douleur» aux yeux des politiciens américains et européens. Oui, les militaires y ont renversé un gouvernement qui avait obtenu la majorité lors des élections. Mais le fait est également que ce gouvernement s'est avéré incapable de faire face aux rébellions ethniques qui couvaient depuis de nombreuses années aux confins du pays.
Le rapport préparé par les chercheurs américains a évité les stéréotypes auxquels l'Occident adhère. L'étude indique que c'est particulièrement en Birmanie, dans une région contrôlée par les rebelles près de la frontière avec la Thaïlande, que les violations des normes d'hygiène et de protection de l'environnement sont les plus nombreuses.
source : Observateur Continental