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Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu
Emmanuel Macron manifeste une impatience croissante face à l'absence de budget. La loi spéciale permet de gagner du temps, mais ne règle pas la question. Le 49.3 apparaît de plus en plus comme l'issue probable d'un blocage persistant.
La France s'apprête à franchir le seuil du 1er janvier 2026 sans budget adopté, une situation exceptionnelle qui commence à sérieusement irriter Emmanuel Macron. Faute de majorité parlementaire sur le projet de loi de finances, le gouvernement a présenté une loi spéciale en conseil des ministres le 22 décembre, afin d'assurer la continuité de l'État.
Un pis-aller que le chef de l'État n'a guère goûté. Devant ses ministres, il a rappelé que cette loi « n'est pas un budget », qu'elle ne traite ni le déficit ni les priorités du pays et qu'elle crée même de nouvelles difficultés. « Ce n'est pas satisfaisant », a-t-il insisté, pressant l'exécutif d'aboutir « au plus vite » à un véritable texte dès janvier, respectant l'objectif de 5 % de déficit.
Vers l'utilisation d'un 49.3 ?
Cette impatience présidentielle contraste avec l'enlisement des discussions parlementaires. À Matignon, Sébastien Lecornu poursuit pourtant les consultations tous azimuts. Convaincu qu'un compromis reste possible, le Premier ministre a reçu successivement socialistes, écologistes, communistes, élus du bloc central et responsables de la droite.
Les socialistes, interlocuteurs privilégiés, se disent prêts à discuter mais réclament une réécriture profonde du texte issu du Sénat, jugé déséquilibré sur l'éducation, l'emploi, l'environnement et les collectivités. À gauche, les lignes restent toutefois rigides : ni les écologistes ni les communistes n'envisagent une abstention à ce stade.
Face à ces blocages, les hypothèses se multiplient pour janvier. Le recours au 49.3, longtemps repoussé, est désormais ouvertement évoqué, y compris au sommet de l'exécutif. D'autres plaident pour une ordonnance, jugée moins brutale politiquement. Mais là encore, l'Élysée freine, conscient du risque d'une censure qui ferait tomber le gouvernement et relancerait une crise institutionnelle plus large. À droite, Les Républicains doutent eux aussi qu'un budget puisse être adopté sans passage en force.
Entre un président qui s'impatiente, un gouvernement sous pression et un Parlement fracturé, la séquence budgétaire s'annonce explosive. Janvier devra trancher.