04/08/2011 wsws.org  5min #55964

 Norvège : l'extrême-droite derrière les attentats d'Oslo (anders Behring Breivik)

Des politiciens néo-fascistes français défendent les atrocités commises en Norvège

Par Kumaran Ira
4 août 2011

Des membres des partis d'extrême-droite de toute l'Europe ont repris à leur compte le massacre de vendredi dernier commis par un extrémiste anti-islamique de droite en Norvège, Anders Breivik. 76 personnes au moins ont été tuées au cours d'un attentat à Oslo et dans un camp de jeunesse du Parti travailliste social-démocrate sur l'île d'Utoya proche.

Deux membres en vue du parti néo-fasciste français Front national (FN), Jacques Coutela et Laurent Ozon, ont publié des défenses du massacre commis par Breivik, lui-même ex-membre du parti fasciste norvégien le Parti du progrès, sur leur blog. Avant les massacres, Breivik avait affiché des messages exprimant la haine des musulmans et des immigrés. Il dénonçait également le « marxisme culturel » et le « multiculturalisme, » comme des obstacles à la défense de la culture nationale.

Coutela, candidat du FN dans le département de l'Yonne aux cantonales de mars 2011, a encensé Breivik sur son blog comme un « résistant. » Il a ajouté que Breivik était « le premier défenseur de l'Occident, » et « Charles Martel 2. » - en référence au chef franc Charles Martel, qui repoussa les armées musulmanes qui envahissaient le Sud de la France depuis l'Espagne, à la bataille de Poitiers en 732.

Coutela a écrit, « Ce n'est pas une icône, mais simplement un visionnaire face à la montée de l'islamisation de l'Europe, avec la complicité de nos gouvernants et de Bruxelles. » Il a appelé à « refouler ces mécréants qui veulent nous imposer le hallal, les mosquées, la pédophilie, et l'occupation de nos rues. »

De même, Ozon, qui a été nommé au Comité politique du FN par la dirigeante du parti, Marine Le Pen, a posté des messages sur Twitter soutenant l'action de Breivik. Il a écrit que pour « Expliquer le drame d'Oslo » il fallait mentionner « l'explosion de l'immigration : x6 entre 1970 et 2009. »

En Italie, un des partenaires du gouvernement conservateur de Berlusconi, la Ligue du Nord, séparatiste et d'extrême-droite, a également défendu les conceptions fascistes de Breivik. Francesco Speroni, membre dirigeant de la Ligue du Nord, a dit que « les idées de Breivik prennent la défense de la civilisation occidentale. »

La défense des conceptions de Breivik et de son attentat par le FN et d'autres partis d'extrême-droite européens constitue un avertissement sérieux à la classe ouvrière. Cela exprime la violente hostilité des néo-fascistes envers les immigrés et envers toute organisation qu'ils perçoivent - même si c'est inexact en fait dans le cas du Parti travailliste norvégien - comme ayant une politique socialiste.

À la suite du massacre en Norvège, le FN a cyniquement tenté de s'en distancer. Dimanche, la dirigeante du FN, Marine Le Pen, a déclaré que « Le Front National est évidemment parfaitement étranger à la tuerie norvégienne, qui est l'œuvre d'un déséquilibré solitaire qui devra être châtié de façon impitoyable. »

Mardi, le FN a annoncé que Coutela a été temporairement suspendu de ses activités dans le parti. Le secrétaire général du parti, Steve Briois a déclaré à l'AFP que Coutela « a été suspendu aujourd'hui (ce mardi) de ses fonctions, dans l'attente de son passage devant la commission des conflits. »

En suspendant Coutela, le FN tente d'obtenir le soutien des médias et du monde politique en se présentant comme un parti "responsable". Cette stratégie a eu quelques succès dans les grands médias, qui se sont mis à faire la promotion du FN depuis l'élection de Marine Le Pen à la direction en janvier. (Lire :  Brassage médiatique autour de l'élection de Marine Le Pen à la tête du Front National).

Interrogé par Le Point, Nicolas Lebourg, professeur à l'Université de Perpignan et expert de l'extrême-droite, a déclaré : « Le Front national réussit, pour l'instant, une bonne stratégie de communication face à la polémique provoquée par les attentats en Norvège. »

Il a ajouté, « Marine Le Pen a eu une réaction très rationnelle. Elle s'est positionnée sur un ordre républicain qui correspond à son discours depuis son intronisation lors du congrès de Tours - notamment en suspendant très rapidement Jacques Coutela, qui avait fait l'apologie du tueur - et elle a pris date pour la suite en condamnant l'attentat de manière claire. »

Des positions aussi irréfléchies, consistant à ne considérer les implications politiques et historiques de la renaissance de la politique fasciste violente en Europe que d'une manière anecdotique, correspondent sans aucun doute aux conceptions de larges sections du monde politique en France et dans toute l'Europe.

Ils ont promu des partis comme le FN ou la Ligue du Nord pour orienter les antagonismes de classe sur des lignes réactionnaires, chauvines. Ils ne veulent pas voir le FN complètement discrédité parce qu'ils sont complices de sa montée.

En France, face à l'opposition ouvrière à sa politique d'austérité impopulaire, le président Nicolas Sarkozy a renforcé le sentiment anti-immigré et anti-musulmans pour diviser la classe ouvrière et séduire l'électorat du FN. Il a fait passer des lois anti-démocratiques comme l'interdiction du port de la burqa avec le soutien de l'ensemble de l'establishment politique - y compris du Parti communiste français et de l'« extrême gauche » comme le Nouveau parti anticapitaliste.

Aucune de ces forces n'a organisé de campagne politique contre la politique du gouvernement Sarkozy de déportation des Roms l'an dernier.

Cette évolution souligne la faillite politique des affirmations selon lesquelles la décision du FN de suspendre Coutela prouve qu'il est une organisation politique responsable. En fait, dans la mesure où les médias réussissent à présenter le FN comme un parti politique légitime, cela ne fera qu'encourager des individus plus désorientés et arriérés à adopter le genre de conceptions réactionnaires épousées par Breivik. Le résultat en sera de nouvelles tragédies comme celle d'Oslo.

(Article original paru le 29 juillet 2011)

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