11/06/2007  15min #9313

48 - La mort politique de l'Europe

Le 3 de la lune de Rebiab

Uzbek à Rhedi,

Je m'empresse de te faire connaître la manne des nouvelles de première main que j'ai pu récolter ces derniers jours auprès de l'Ecole de Paris et qui me paraissent conduire à un approfondissement dramatique, mais combien fécond, de la réflexion simianthropologique sur la mort des civilisations en général et de l'européenne en particulier.

En vérité, il y avait longtemps qu'au yeux des simianthropologues français, la question dépassait la problématique au petit pied des historiens et des philosophes ordinaires, qui s'interrogeaient depuis tant de siècles sur les causes toujours édifiantes de leur puissance et immorales de leur trépas. Tu sais également que les bons élèves des Thucydide, des Tacite, des Tite-Live, des Montesquieu ont tous exprimé un émerveillement d'enfant de chœur devant les trésors dont la descente de l'empire romain au sépulcre a enrichi la mémoire de l'humanité. Tu sais enfin que les ouvrages des panégyristes aussi nostalgiques qu'éplorés des grandeurs éteintes remplissent des bibliothèques.

Mais, les funérailles de la civilisation européenne appellent un type de réflexion moins naïf , parce que, pour la première fois dans l'histoire de l'univers, ni l'agonie des savoirs rationnels, ni la fatigue des dieux, ni quelque assaut des barbares ne conduiront le Vieux Monde au tombeau, mais seulement l'extinction rapide de la race des grands profanateurs, la rouille subite de la pensée critique, la mise à l'encan des forges du sacrilège, la condamnation précipitée des hérétiques de la lucidité qui faisaient de la civilisation née de la pensée grecque la pointe aiguë du poignard de la raison.

Toutes les cultures antérieures à la nôtre n'avaient rivalisé entre elles que par l'étalage stérile des ors de leurs églises et de la pompe de leurs trônes, seule la nôtre a lancé les phalanges de l'ascèse à l'assaut des rutilances de l'Asie. Mais derrière la frugalité ardente des Macédoniens d'Alexandre pointait une civilisation de la solitude de l'intelligence , une civilisation fécondatrice du blasphème , une civilisation qui allait enfanter une centaine de cerveaux-phares de l'humanité , une civilisation des météorites du génie. De Pythagore à Einstein, de Platon à Darwin, d'Aristote à Newton , d'Archimède à Copernic, mais aussi de Sophocle à Swift, d'Eschyle à Cervantès, d'Isaïe à Shakespeare, la civilisation des aiguiseurs a égréné des hommes-prodiges ; et c'est à leur seule écoute que l'espèce prématurément dite humaine a commencé d'enfanter des individus précieux de briser le moule commun. Il n'allait pas de soi d'assurer la prééminence du singulier ; il n'allait pas de soi qu'on fût glorifié de ne pas reproduire bêtement le modèle de ses congénères.

Tu remarqueras, mon cher Rhedi, que les blasphèmes de l'Ecole sont européens en ce qu'ils sont marqués du génie de la logique. En vérité, une civilisation anticipatrice se rend nécessairement sacrilège, puisqu'elle se veut en rupture de ban avec une espèce dont les profanations logiciennes ne sont pas encore le fort . Aussi la première conséquence de la primauté de la pensée logique est-elle nécessairement impie, elle aussi: un animal prospectif ab origine se mettra d'avance en marge des lois de la psychobiologie qui régit son espèce, donc à l'écart de la génétique entêtée qui assure la reproduction aveugle de son archétype.

Quel message une civilisation fondée non seulement sur le reniement du tribal et du coutumier, mais sur le rejet de la fidélité à l'inné adresse-t-elle à l'histoire et à la politique de l'Europe? N'est-il pas singulier que, depuis un siècle et demi, notre Continent ait fait alliance avec la notion darwinienne d'évolution des espèces ? Car si la logique constate que la première civilisation de l'individu est née avec Homère pour les Grecs, avec Moïse pour les Juifs, avec Jésus pour les chrétiens, avec Mahomet pour les musulmans et si elle décrète que les révélations hyper-individualisées du sacré ont précédé ou accompagné celles qui ont enfanté les sciences , les Lettres et les arts, comment fonder le principe de l'évolution de l'humanité entière sur une logique de la rareté appelée à culminer dans des miracles biologiques, donc dans des apothéoses du singulier ?

Voici ce que l'Ecole enseigne sur ce point décisif: une définition contradictoire en apparence de la civilisation occidentale de l'universel se fonde, en réalité, sur un déroulement logique à son tour, donc inévitable des événements ; car c'est en toute logique, dit-elle, que l'invention de l'agriculture a nécessité la première spécialisation des activités, laquelle s'est aussitôt intensifiée jusqu'à métamorphoser l'histoire simiohumaine en un empire planétaire des inventions . Du coup, l'inventeur est devenu le vrai moteur de la civilisation mondiale, du coup la notion d'évolution de l'espèce s'est définitivement confondue avec celle d'un progrès assuré, du coup, les exploits individuels se sont étroitement enchaînés les uns aux autres. L'Ecole m'a appris que la logique ne lâche pas son homme d'une semelle .

En voici la continuation : la première découverte d'une force infinie et domesticable fut celle de la vapeur produite par l'eau en ébullition. Elle a conduit en toute logique à l'invention de la locomotive, ce qui a nécessairement entraîné celle des voies ferrées indispensables à la traction et au transport à grande vitesse de charges inimaginables avant l'invention d'un moteur surpuissant . Puis, l'invention originelle de l'asservissement de la vapeur a permis la formation d'une phalange de cerveaux capables de collaborer au perfectionnement logique de l'invention initiale , de sorte que la civilisation mondiale a reposé sur une élite de logiciens composée de quelques dizaines de milliers de têtes seulement.

Mon cher Rhedi, si je t'expose aussi minutieusement les étapes d'une logique aussi évidente qu'implacable du tissage des savoirs interconnectés entre eux par la raison des mécaniciens et des géomètre, c'est afin que tu apprennes à observer d'un œil averti la progression de l'Ecole dans les raisonnements souverains qui caractérisent le génie - car les grands inventeurs ne sont jamais que des logiciens supérieurs à la moyenne. Tu me répondras sans doute que la civilisation européenne ne saurait mourir dans le paradis des inventions universelles qui fondent la modernité . Mais c'est ici que la logique de l'histoire et de la politique enseigne une tout autre leçon que celle de la civilisation des inventions des calculateurs, tellement le rang et le rayonnement des peuples et des nations obéissent à des lois distinctes de celles qui régissent la généralisation des techniques et des savoirs : l'Europe, dit l'Ecole, mourra non point de l'épuisement ou du tarissement de ses cerveaux d'exception, mais du déplacement des têtes les plus performantes vers des centres focalisateurs étrangers. Voici la logique interne de la question : quand la classe dirigeante d'une civilisation d'avant garde a désappris le maniement des armes et des emblèmes de la puissance politique, il en résulte une vassalisation subreptice et irrésistible des Etats ; et ce déclin des élites de l'action est tellement précipité et contagieux qu'il peut prendre un cours irrésistible en une seule génération.

Comment se fait-il que la raison ultra spécialisée d'une espèce qui avait réussi à fonder la civilisation mondiale sur le sceptre de la logique puisse perdre à ce point et si subitement l'acuité et la cohérence de son intelligence politique qu'elle paraîtra souffrir comme à l'improviste d'une régression mentale foudroyante et assimilable à une épidémie ? C'est que les intelligences spécialisées se trouvent déviées de l'attention naturelle aux évidences pourtant les plus criantes. Quand des dizaines de générations se sont convaincues de leur appartenance à une espèce transportée par la nature à des années-lumière du chimpanzé, la dernière couvée oublie tout à coup la force primaire des armes et le poids sauvage des cuirasses. Ce spectacle est tellement saisissant qu'il est nécessaire de l'illustrer par des exemples récents et connus de tous , bien que l'Ecole ne s'abaisse pas aux minusculités de l'histoire que raconte le quotidien. Mais nous, comment dédaignerions-nous l'observation des événements triviaux et voués à l'oubli ? Vois ce qui s'est passé avec la querelle ridicule sur l'exportation vers l'Europe de la viande polonaise avariée ; et observe que cette chicane a réussi à faire diversion au point qu'elle a rendu muette la presse européenne tout entière sur la progression de la force armée américaine sur le Vieux Continent ; car les boucliers dits anti missiles implantés en Pologne par l'empire américain et dont les radars surveilleront tout le système défensif de la Russie ont été rendus invisibles par un nouvel anneau de Gygès, celui que le cerveau d'un Continent entier est tout soudainement devenu à lui-même .

Aussi la logique de l'Ecole met-elle en évidence le phénomène de la régression du cerveau politique des civilisation hyper spécialisées dans des inventions mécaniques universelles et dont le monde alexandrin a donné un mémorable exemple ; car pour voir, de ses yeux voir, ce qui s'appelle voir qu'un Etat occupé par des armées étrangères subit une inhibition rédhibitoire de sa raison politique, de son esprit national et de son éthique, il faut un cerveau, certes déjà présent chez les chimpanzés, mais que la civilisation peut atrophier à l'extrême et en quelques instants, comme l'extraordinaire civilisation des Démocrite et des Archimède s'est subitement précipitée la tête dans la poussière face à une potence sur laquelle l'empire romain s'est vu symboliquement cloué.

A ce titre, on peut se demander si l'intelligence naturelle du simianthrope en bonne santé ne serait pas modestement synthétisante et globalisante et si elle ne se déséquilibrerait pas brusquement de se porter sur de minuscules jardinets mécaniques. L'Ecole pense que l'agonie foudroyante qui, dans le passé, a frappé les civilisations de la technique, nous enseigne qu'une manière de raison étriquée, peureuse et devenue toute administrative s'insinue dans l'intelligence politique normale et que l'infiltration bureaucratique conquiert le rang d'un acteur insidieusement souverain de l'histoire .

Ici encore, l'Ecole ne nous interdit pas de nous armer d'un microscope et de placer sous sa lentille le Président actuel de la Commission de Bruxelles, socialiste, polyglotte et gestionnaire en diable, mais qu'effare toute évocation du joug de l'OTAN ; et voici qu'un certain M. Solana est censé exercer en chair et en os les fonctions d'un ministre des affaires étrangères réputé réel de l'Europe, alors qu'il s'agit d'un ancien Secrétaire général de l'OTAN, poste chamarré auquel l'Amérique nomme toujours et de sa seule autorité l'un de ses serviteurs proportionnés à ces dorures. Mais ne crois pas pour autant que les historiens de demain se réveilleront et qu'ils se frotteront les yeux au spectacle d'un ensomeillement aussi ahurissant des esprits : ici encore, il faut comprendre la rigueur de l'Ecole, dont la logique implacable enseigne que la cécité politique est une maladie congénitale à l'effondrement mental des civilisations. Quel gigantesque édifice que la civilisation d'Alexandrie et de Syracuse, qui avait inventé les paquebots géants, la monnaie fiduciaire, les parfums, la lettre d'amour, les machines de siège titanesques, la galanterie, le jeu d'écriture fondateur du crédit moderne, la première machine à vapeur, les ponts abattants sur les navires de guerre et qu'un supplicié sur une croix a précipitée au tombeau.

Mais tu sais également que les simianthropologues de Paris ne cessent de rappeler la scission originelle du cerveau simiohumain, qui se trouve scindé de naissance entre des mondes oniriques et les témoignages des cinq sens dont cette espèce se trouve armée. La science politique de l'Ecole met constamment en évidence que toute réflexion sérieuse sur les décadences demeurera stérile si elle n'est enracinée dans une science du fonctionnement cérébral d'un primate dichotomisé.

Je m'excuse de revenir à l'observation des Pygmées dont l'Ecole néglige de souligner les traits à l'appui de sa logique de l'histoire . Songe que M. Barroso exprimait un effarement sincère d'entendre l'ancien Chancelier d'Allemagne, M. Gerhardt Schröder, exprimer l'espoir d'un effacement progressif du rôle politique de l'OTAN en Europe et dans le monde. C'est que son indignation non feinte et la naïveté de son ahurissement trouvaient leur fondement dans la candeur religieuse qui contraint le cerveau simiohumain de se soumettre à des empires épaulés par leur double en effigie - un souverain omnipotent et omniscient du cosmos . Par définition, le sacré est un vassalisateur cosmologique ; à ce titre, la vassalisation intérieure et autosacrificielle à laquelle conduisent les autels trouve précisément son assise dans la bipolarité cérébrale originelle qui livre l'encéphale du simianthrope à s'immoler à la gloire d'un sceptre divin.

Il est essentiel , dit l'Ecole, de connaître les ressorts psychobiologiques qui commandent la religiosité de l'espèce dans l'ordre politique et dont témoigne depuis des millénaires le cerveau des fuyards de la nuit animale, parce que l'idole schizoïde qui trône dans les têtes se veut à la fois incarnée et platonicienne et cela aussi bien dans le catholicisme que dans l'inconscient marxiste ou marxisant de l'histoire. Le simianthrope biphasé ne change pas de voltage à passer d'un dieu incarné à un dieu décorporé ; et le crâne de l'idole est construit sur le modèle auquel sa créature donne la réplique . L'Ecole de Paris introduit l'étude de la psychophysiologie du Dieu biblique dans la science historique et dans la géopolitique.

C'est à ce titre qu'elle ne s'attarde pas à la dissection des moucherons de l'histoire : même le microbe qui t'écrit se sent un rien agrandi de se trouver haussé par leur regard sur les pucerons de la politique. Je ne te parlerai donc pas de la boîte osseuse de ce Ministre des affaires étrangères de la France que Condoleezza Rice a pu compter parmi ses moutons à Riga , où elle a rassemblé pour leur tonte annuelle les brebis de l'Otan, ce qui a ensuite valu à ce successeur d'occasion de Vergennes l'insigne honneur d'une rencontre entre deux portes avec l'Attila de Bagdad .

Laissons pépier les basses-cours de l'histoire et revenons à la haute logique de l'Ecole . Voici son analyse de la mort prochaine de la civilisation européenne . La paralysie des esprits qui frappe, dit-elle, toute la classe dirigeante du Vieux Monde résulte des conditions particulières de l'agonie des descendants de la démocratie athénienne . Certes, la spécialisation intense des intelligences est une nécessité commandée par l'ubiquité des inventions mécaniques du monde moderne, de sorte que les savoirs rationnels sont fatalement voués à diluer les identités nationales dans l'universalité des connaissances scientifiques dont bénéficie désormais l' immensité des masses. Mais il en résulte que l'élévation régulière du niveau de vie des peuples développés les laisse dans l'ignorance des secrets de la fabrication et du fonctionnement des outils extraordinaires dont ils se servent tous les jours et dont l'usage courant leur fait oublier qu'ils n'en connaissent pas les secrets .

Mais on ne vit pas longtemps dans un quotidien banalement miraculé sans perdre des capacités cérébrales élémentaires . L'Europe est le continent de la planète le plus livré à l'extinction progressive de la raison politique la plus ordinaire, parce que la vulnérabilité de son encéphale résulte de la multiplication de ses langues , de la diversification de ses traditions, des contrastes violents entre ses climats, des variations considérables de l'étendue de ses nations. L'Ecole enseigne que l'unité des consciences et des volontés obéit à des lois toutes contraires à l'unification des savoirs abstraits . Non seulement l'émergence des cerveaux supérieurs ne renforce en rien la volonté politique d'une classe dirigeante morcelée, mais contribue à la dissoudre du seul fait que les têtes placées sur une orbite planétaire se trouvent absorbées, noyées et aseptisées par la parole d'un souverain dont l'hégémonie linguistique capture le génie à son profit. Il en résulte un divorce titanesque entre les formes dominantes de la civilisation mondiale et les ambitions liées aux identités locales des peuples .

Dans ces conditions, la France seule a beau se trouver délivrée des garnisons du nouvel occupant de l'Europe, c'est désespérément qu'elle tente de retrouver, mais aux côtés d'une Allemagne asservie depuis soixante ans, un destin devenu aléatoire par définition , non seulement en raison de la volonté conjointe de l'Angleterre et des Etats-Unis d'éjecter à jamais le Vieux continent de l'arène de l'histoire mondiale, mais également parce qu'une Germanie beaucoup plus peuplée que la nation de Descartes et redevenue le géant économique du Continent demeure paralysée sur la scène internationale en raison du découpage de son territoire en provinces désireuses de défendre leur relative autonomie politique et qui interdisent à Berlin de jamais retrouver sa vocation de capitale culturelle d'une langue autrefois illustre.

Le naufrage de la langue nationale qui en découle nécessairement répond à la même logique politique : alors que les Français lisent encore sans difficulté les poèmes de Villon et le récit des exploits de Gargantua, l'Allemagne a besoin d'un dictionnaire pour lire Wieland, Goethe et Schiller, tellement la langue courante du début du XIXe siècle est devenue inintelligible à la suite de la francisation systématique du vocabulaire de tous les jours. Comment disait-on initieren, resumieren, infiltrieren, attakieren, Desaster, Debakel, Korruption dans feu la langue allemande ? Quand un idiome gaulois latinisé a remplacé celui de Vercingétorix , la nouvelle langue n'avait pas de chefs-d'œuvre universels en gaulois à rendre illisibles. C'est pourquoi le naufrage de l'identité d'un peuple moderne par la perte de sa littérature n'en fait pas un allié fiable de la France , parce qu'une nation qui ne se reconnaît plus à la voix de ses grands écrivains perd également la volonté de s'affirmer par la revendication d'une identité politique qui lui appartienne.

Du coup la France tente de se trouver des leviers politiques régionaux - l'Italie, l'Espagne et les pays du Maghreb. Mais que reste-t-il d'une Europe privée des satellites européens de l'Angleterre et du Nouveau Monde ? De la Hollande à la Pologne, de la Suède à la Roumanie, de la Norvège , du Danemark ou de la Finlande à la Hongrie et aux Etats baltes, les vassaux du ciel de l'Amérique tissent un réseau serré .

En vérité, dit l'Ecole, la vassalisation encore semi inconsciente du Vieux Monde est devenue si impudique que le souverain d'outre-Atlantique éprouve le besoin de se la cacher à demi par la désignation de l'un de ses domestiques les plus sûrs à la tête de l'OTAN, non point afin de se donner le change, mais par une espèce de discrétion ou de politesse, parce que les souverains éprouvent quelquefois de la honte pour leurs esclaves. Il est gênant d'assister les bras croisés à l'humiliation du genre humain tout entier au seul spectacle de l'abaissement de quelques-uns.

C'est pourquoi l'Ecole des simianthropologues français a compris que la mort de l'Europe politique résultera de l'anéantissement de sa contribution la plus irremplaçable aux sacrilèges à la pensée ; ceux dont les promesses étaient tout entières contenues dans la profanation fondatrice du "Connais-toi" socratique. Mais le génie simiohumain a pris autant d'avance dans l'ordre des sciences et des techniques qu'elle a pris du retard dans la connaissance d'une espèce dans l'étrange encéphale de laquelle de redoutable et gigantesques visiteurs se promènent tout à leur aise depuis des millénaires et qu'on appelle des idoles. L'Ecole sait que si l'Europe des blasphèmes saignants peut redevenir le moteur mondial de l'intelligence , elle aura du moins sombré après avoir conduit à son terme le destin et la vocation de la Grèce fondatrice de son génie.

Le 6 juin 2007

 perso.orange.fr