Par Gérard Filoche
Le discours du ministre Macron, c'est le désert des idéaux dans lequel meurt l'espoir et naissent de dangereux scorpions comme ceux qui tuent les Charlie. Comment peut on se moquer ainsi de la jeunesse ? La priver de tout idéal alors qu'elle est déjà privée d'emploi ? La moquer en lui proposant de s'enrichir alors que les patrons la cantonnent exprès, pour des raisons politiques et nullement économiques, de 19 à 29 ans, dans des stages et des CDD ?
Devenez milliardaires ! Il y a 78 milliardaires en France, le record d'Europe. Deux d'entre eux possèdent plus que 20 millions de Français. Il est impossible d'être à la fois milliardaire et honnête : parce que pour posséder tant d'argent il faut avoir exploité, surexploité, volé le travail des autres, spéculé avec, triché, fraudé, accumulé, écrasé, sinon c'est impossible. Le travail n'enrichit personne, c'est l'exploitation du travail des autres qui enrichit. Et pour s'enrichir au point d'être milliardaire il faut avoir pillé abusivement des milliers de travailleurs pendant des générations ! Et puis, en sus, au passage, Macron nous dit de réaliser un autre « idéal » vendre triomphalement des « Rafale » aux sinistres dictateurs égyptiens qui massacrent leur peuple révolté et assassinent des femmes seules dans la rue. C'est sur que la jeunesse va ressentir l'apartheid plutôt que d'être fascinée par « l'Argent » de Zola et les Rougon-Macron.
Regardez les Mathieu Pigasse et Pierre Bergé qui tempêtent contre le fait que deux de leurs journalistes du Monde participent à « offshore-leaks » et révèlent l'ampleur de la fraude fiscale. Ils ne parlent pas de « Luxleaks » ni de Jean-Claude Juncker, Cahuzac puissance 10, patron de l'Europe, qui blanchit depuis 30 ans au Luxembourg, l'argent de 340 multinationales, dont 58 françaises, nous prenant chaque année 100 milliards dans les caisses ainsi vidées de la République. La mise en place d'une « commission d'enquête » du Parlement européen est empêchée. Forcément, le ministre Macron a tenté de faire passer un article de loi sur « le secret des affaires » et la « punition » de ceux qui contribuaient à le lever. À peine deux ans après Cahuzac ou l'on nous avait fait le coup de la « transparence », Macron a tenté de faire le forcing pour le coup de l'opacité légale.
Sur 80 milliards de fraude fiscale « officielle » reconnue par Bercy, le ministre du budget ne vise officiellement à faire rentrer que 2 milliards en tout et pour en 2014. Alors qu'il baisse le budget de nos besoins sociaux de 50 milliards pour verser 41 milliards au Medef. Le simple fait que la fraude fiscale estimée en Europe soit le double de la fameuse « dette » attribuée a tous les États de la zone euro devrait faire la « une » de tous les médias pendant des semaines. Il s'agit d'argent volé, détourné, enlevé aux peuples, aux salariés par les banques, les spéculateurs, les actionnaires. Pour la simple Grèce, l'oligarchie, (1 % de sa population, les armateurs), a « planqué » 400 milliards en Suisse, plus que la « dette » qui lui est indignement exigée. Avec cette somme retrouvée, identifiée, car on sait tout d'elle, ou elle est, a qui elle est, dans le moindre centime, on peut la pourchasser, on peut la rattraper, on peut la récupérer, la question de la prétendue « dette » est réglée, la « crise » est finie, tous nos pays redeviennent officiellement riches, les budgets sont en équilibre, on peut relancer l'économie, refaire de l'emploi en masse, instaurer les 32 heures, augmenter les salaires.
« La délinquance financière, la République vous rattrapera » s'écriait François Hollande au Bourget ! Quand Lagarde et Le Pen hurlent toutes deux, ensemble : « une dette est une dette » à propos de la Grèce, eh bien non, ces deux dames de l'establishment défendent leurs amis banquiers respectifs ! Refusant de s'en prendre aux banquiers, elles s'en prennent forcément aux peuples. Car c'est entre le mensonge et la lumière, entre les banquiers d'HSBC, du Luxembourg, des iles Caïmans ou Jersey... et nous que tout se joue : il existe 600 milliards d'avoirs français dans les paradis fiscaux, le double du budget de l'État. Tout est là.
Il suffit d'embaucher 2 000 inspecteurs des impôts, des centaines d'informaticiens, de faire un pont d'or aux journalistes d'offshore-leaks, de prendre les mesures légales pour traquer la fraude, et d'avoir la volonté politique d'affronter l'oligarchie, les 1 %, les 58 sociétés qui trichent... Il suffit d'être de gauche, de vouloir lutter contre la misère le chômage et les inégalités.