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 Corée du Sud : le Parlement adopte le projet de loi accusant le président d'avoir organisé une mutinerie

Corée du Sud. L'Assemblée nationale destitue le président après l'échec de sa tentative de putsch

Par  Moon of Alabama - Le 14 décembre 2024

Le 3 décembre, le président de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol,  a lancé un coup d'État contre l'Assemblée nationale, dirigée par l'opposition. Il a déclaré la loi martiale et ordonné aux forces spéciales de l'armée et aux unités de police d'empêcher les législateurs de se réunir.

Mais les membres de l'assemblée ont  remporté la course :

150 minutes seulement après l'annonce présidentielle, 191 des 300 membres de l'Assemblée nationale ont voté en faveur de la levée immédiate de la loi martiale. Les troupes et la police ont pénétré dans le parlement, mais le vote contre la loi martiale avait déjà eu lieu.

Beaucoup de choses se sont passées depuis. Le ministre de la défense du président Yoon et ami de lycée, Kim Yong-hyun, a été arrêté pour avoir initié et participé au projet de loi martiale :

Kim a été accusé d'avoir recommandé la loi martiale à Yoon et d'avoir envoyé des troupes à l'Assemblée nationale pour empêcher les législateurs de voter. Un nombre suffisant de2 législateurs a finalement réussi à entrer dans la chambre du parlement et a rejeté à l'unanimité le décret de Yoon, forçant le cabinet à le lever avant le lever du jour le 4 décembre.

Depuis, Kim a  tenté de se suicider.

Certains des commandants militaires qui avaient reçu l'ordre de mettre en œuvre la loi martiale ont depuis lors parlé aux enquêteurs. Ils ont révélé que le projet de loi martiale faisait partie d'un plan plus vaste et encore plus fou qui aurait pu 𝕏 conduire à une guerre contre la Corée du Nord :

Le plan initial du ministre de la défense consistait à provoquer une attaque de la Corée du Nord, puis à s'en servir comme excuse pour déclarer la loi martiale. À cette fin, l'armée sud-coréenne a fait voler plusieurs drones au-dessus du ciel de Pyongyang, y lâchant des tracts de propagande. La Corée du Nord n'a cependant pas attaqué.

...

Les premiers préparatifs de ce coup d'État ont commencé dès juillet 2023, l'armée ayant compilé les documents de référence pour les opérations en cas de loi martiale et produit un manuel à peu près à la même époque.

Samedi dernier, le Parti du Pouvoir du Peuple du président Yoon a bloqué une tentative de destitution du président Yoon par l'Assemblée nationale. Mais au fur et à mesure que les détails de la tentative de coup d'État ont été révélés au cours de la semaine, la pression exercée par le grand public sur le parti s'est accrue. Aujourd'hui, un nouveau vote sur la destitution a eu lieu.  Il a obtenu la majorité des deux tiers nécessaire :

Le parlement sud-coréen a voté la destitution du président Yoon Suk Yeol, samedi, au cours d'une réprimande extraordinaire qui est intervenue après que son propre parti au pouvoir se soit retourné contre lui à la suite de son refus de démissionner après son éphémère tentative d'instauration de la loi martiale.

C'est la deuxième fois en moins de dix ans qu'un dirigeant sud-coréen fait l'objet d'une procédure de destitution en cours de mandat et Yoon est suspendu de l'exercice de ses pouvoirs jusqu'à ce que la Cour constitutionnelle du pays se prononce définitivement sur la décision.

Après le vote, qui a provoqué la liesse des manifestants devant le parlement, M. Yoon a admis qu'il allait « s'arrêter temporairement pour le moment, mais le voyage vers l'avenir que j'ai entrepris avec le peuple au cours des deux dernières années ne doit pas s'arrêter ».

« Je n'abandonnerai pas », a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé par le bureau présidentiel du pays.

Yoon tentera de convaincre la Cour constitutionnelle qu'il n'est pas coupable d'insurrection et qu'il ne devrait pas être destitué.

La Cour a un certain nombre de postes vacants. Actuellement, seuls six juges sont disponibles et pour mettre Yoon en accusation, il faudrait que les six juges soient d'accord.

Yoon aura cependant  des difficultés à clamer son innocence :

De hauts responsables du gouvernement ont témoigné lors de diverses auditions gouvernementales au cours de la semaine dernière, révélant des détails extraordinaires sur la nuit où la loi martiale a été décrétée.

Le commandant du Special Warfare Command, Kwak Jong-geun, a déclaré qu'il avait reçu l'ordre direct du président Yoon de briser les portes de l'Assemblée nationale et d'en faire sortir les législateurs, mais qu'il n'avait pas obtempéré.

Kwak Jong-geun n'a pas respecté l'ordre de Yoon parce qu'il était manifestement illégal. La loi martiale n'inclut pas le pouvoir d'empêcher l'assemblée nationale de remplir son devoir constitutionnel. C'est une chose que Yoon, en tant qu'ancien procureur, devait certainement savoir.

Toute décision de la Cour constitutionnelle en faveur de Yoon serait donc purement politique et contraire à la loi.

L'opinion publique sud-coréenne en serait, à juste titre, abasourdie.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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