France-Soir
Ron DeSantis accuse depuis un moment les labos pharmaceutiques d'avoir induit en erreur l'opinion publique américaine et d'avoir fait de fausses déclarations, en particulier en ce qui concerne l'efficacité de leurs traitements.
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SANTE - Un peu plus d'une année après avoir été autorisé par la Cour suprême de l'État de Floride à se constituer, le grand jury, sollicité par le gouverneur républicain de cet État, Ron DeSantis, a publié un rapport dans lequel il détaille ses premières conclusions à propos du port de masque et du confinement durant la pandémie de Covid. Le document précise que l'enquête suit son cours et doit encore obtenir les témoignages et les preuves de la part des représentants des Centers for Disease Control (CDC) ou de la Food & Drug Administration (FDA), deux institutions parmi les plus décriées par les Américains et les scientifiques durant la pandémie.
En décembre 2022, la Cour suprême de l'État de Floride avait autorisé le gouverneur républicain, Ron DeSantis, à constituer un grand jury afin d'enquêter sur les fabricants de vaccins anti-Covid ARNm. De Santis avait accusé ceux-ci d'avoir "induit en erreur" l'opinion publique et d'avoir fait "de fausses déclarations, en particulier en ce qui concerne l'efficacité" de leurs traitements.
Au début du même mois, il avait annoncé une pétition en vue de constituer ce grand jury. "Une des raisons pour laquelle je pense que cela a été une mauvaise réponse à la pandémie est que depuis le tout début, vous avez fait preuve de beaucoup d'arrogance (...) Quiconque exprimait une opinion dissidente a été censuré dès le premier jour. Les gens qui écrivaient des choses contre le confinement en mars ou avril 2020 en ont subi les conséquences", avait-il dénoncé.
Les confinements "n'étaient pas une bonne idée"
Un mois plus tard, il annonçait sa décision de faire de son État "un refuge pour la santé mentale" en luttant contre "l'Etat de sécurité biomédicale" que "l'establishment médical, la bureaucratie les médias et même le président des États-Unis, tentent, ensemble, d'imposer à la société". Il ciblait particulièrement les Centers for Disease Control (CDC) et Anthony Fauci, conseiller médical de la Maison-Blanche pendant la pandémie de Covid et directeur de l'Institut national des allergies et maladies infectieuses (NIH), qui était derrière l'article "The Proximal Origin of SARS-CoV-2" devant servir à imposer le discours selon lequel l'origine du virus était "naturelle".
Le grand jury a dévoilé, début février, son premier rapport. Le document souligne que "beaucoup de témoignages et de preuves" restent encore à recueillir, à commencer par ceux des CDC, de la Food & Drug Administration (FDA), agence américaine du médicament. Ces trois institutions refusent "de fournir des représentants pour témoigner devant le jury" bien qu'elles aient joué "un rôle important dans le processus de passation de contrats, d'approbation et de distribution des vaccins contre le Covid".
Ce rapport intermédiaire évoque tout de même de nombreux points ayant suscité la controverse dans la réponse des États-Unis à la pandémie. Le grand jury revient ainsi sur le confinement et le port du masque, en attendant de terminer son enquête et d'aborder la question de la vaccination et des vaccins.
Sans remettre en cause le concept de mise en quarantaine, le rapport estime que les confinements, "une quarantaine à grande échelle", "n'étaient pas une bonne idée". "Des données comparatives ont montré que les juridictions qui les appliquaient avaient tendance à se retrouver avec une surmortalité globale plus élevée", lit-on. Cette première affirmation se base sur une comparaison avec les juridictions "qui ont ciblé leurs efforts de protection sur les groupes les plus à risque au lieu d'imposer des périodes de quarantaine prolongées et à grande échelle pour tout le monde".
Le grand jury estime que la société américaine, qui "s'est retrouvée quelque part entre ces deux extrêmes (la quarantaine et le confinement, NDLR) n'est tout simplement pas organisée de manière à pouvoir supporter un isolement. Les gens doivent quitter leur domicile pour acheter des biens essentiels". La littérature scientifique sur les confinements avant 2020 et l'apparition du Covid "ne l'a que trop bien compris" et même l'OMS, poursuit le rapport, indiquait en 2019 que "l'isolement forcé et la quarantaine sont inefficaces et peu pratiques". Pis encore, des responsables médicaux et scientifiques américains écartaient le recours au confinement, malgré son "succès" en Chine.
Le changement radical de cette attitude était justement motivé, poursuit-on encore, par le cas chinois et des études vantant le modèle de Pékin et ses affirmations gouvernementales. Rappelant les chiffres dans les plus grandes villes américaines comme Los Angeles, le document explique l'inefficacité du confinement par le fait qu'au moment où ces mesures "ont été mises en œuvre, il y avait déjà une propagation communautaire importante du virus SARS-CoV-2."
Chiffres "très probablement surestimés"
A propos du port du masque, le grand jury se montre tranchant : "Nous n'avons jamais eu de preuves solides de leur efficacité contre la transmission du SRAS-CoV-2". Pis encore, "lorsqu'il est devenu clair que le principal vecteur de transmission du SRAS-CoV-2 s'est fait par aérosol, leur efficacité potentielle a encore été diminuée".
Les autorités sanitaires ont failli dans leur mission de sensibilisation à propos des masques, n'ayant "pas réussi à expliquer correctement au public américain cette distinction importante entre les types de masques disponibles". Le rapport accuse des "agences fédérales bien financées" d'avoir "choisi de relayer le discours d'études d'observation et de laboratoire erronées", en "se cachant derrière leur conclusion pour éviter l'embarras potentiel que les recommandations qu'ils défendaient soient invalidés par des preuves".
Cette première mouture du rapport évoque également l'hospitalisation des patients. Le grand jury reproche aux responsables sanitaires d'avoir publiquement déclaré ne pas avoir "demandé ni exigé des hôpitaux la distinction entre les personnes admises avec une infection au SARS-CoV-2 minime de celles qui étaient tellement malades qu'elles nécessitaient une hospitalisation". De ce fait, "il est très probable que le nombre total d'hospitalisations du CDC soit surestimé à un certain degré avec des infections au SARS-CoV-2 asymptomatiques ou mineures qui ont été classées comme "hospitalisations" dans le but d'en faire bénéficier financièrement l'hôpital", accuse-t-on.
Les chiffres officiels liés aux cas de contamination, aux décès ainsi qu'aux taux de décès, notamment ceux communiqués par le CDC, sont remis en cause. "Le CDC rapporte qu'au moment de la rédaction de ce rapport, environ 1,17 million d'Américains sont décédés du Covid. Cependant, tout comme le nombre total d'hospitalisations, ce chiffre est très probablement gonflé dans une certaine mesure.
Et si le nombre de personnes décédées du Covid constitue pour le grand jury le numérateur d'une équation, le dénominateur peut varier et "peut donner lieu à des résultats considérablement différents". Cela dépend "principalement de la façon dont on utilise le nombre de ‘cas confirmés' ou une estimation du nombre total d'infections. Les ‘cas confirmés' peuvent être utilisés pour fournir un ‘taux de mortalité', mais ce taux est très susceptible de surestimer dramatiquement le risque de décès en ignorant les infections non signalées", explique-t-on.