Si le gouvernement a opté jusque-là pour un usage «raisonnable, rationnel et raisonné» des tests, il pourrait bien changer de stratégie à l'issue du confinement et opter pour un dépistage massif, comme le préconise l'OMS.
Lors d'un - YouTube sur le coronavirus ce 21 mars, le ministre de la santé Olivier Véran s'est exprimé sur la stratégie gouvernementale concernant le dépistage de la maladie. Le ferme refus opposé à la population concernant le diagnostic du virus pose de plus en plus de questions et génère de nombreuses incompréhensions, notamment chez les scientifiques, de l'aveu même du ministre. En effet, jusqu'à présent, les tests pour le Covid-19 étaient réservés aux personnes «prioritaires», à savoir celles qui présentent des symptômes sévères, au personnel médical, aux femmes enceintes, aux donneurs d'organes, de cellules et de tissus, et aussi au personnel politique.
Le gouvernement a fait le choix d'un «usage raisonnable, rationnel, raisonné des tests» et a décidé de baser le suivi médical sur «la surveillance des symptômes», a expliqué le ministre de la Santé. Si plus de 60 000 tests ont été effectués à ce jour selon le ministre, il a admis que «la doctrine d'usage rationnel et raisonné des tests doit évoluer» à la lumière des recommandations du docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, qui a insisté sur la nécessité d'effectuer les tests de dépistage du Covid-19. «L'enjeu, c'est d'être en mesure de multiplier nos capacités de test au moment où nous lèverons le confinement», a expliqué Olivier Véran.
Nous avons la capacité de faire passer 5 000 à 8 000 tests par jour, mais pas davantage
Même son de cloche du côté de Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique français qui préconisait le 20 mars la pratique d'une «stratégie de tests massifs» en sortie de confinement pour lutter contre le coronavirus, tout en expliquant qu'il n'y a aujourd'hui pas assez de tests disponibles. «Cette stratégie de tests massifs, utilisée notamment par les Coréens, est celle que nous préconisons de mettre en œuvre pour la sortie du confinement», a-t-il déclaré au quotidien La Croix.
Pas suffisamment de moyens techniques?
Si le dépistage massif n'a pas été mis en place en France jusqu'à aujourd'hui, c'est que «nous avons la capacité de faire passer 5000 à 8 000 tests par jour, mais pas davantage», précise Jean-François Delfraissy. Ces tests nécessitent «un certain nombre de produits dont une partie nous vient de Chine et des Etats-Unis, [et qui] n'arrivent plus en nombre suffisant», poursuit-il, en ajoutant que des «moyens industriels» sont mis en œuvre pour se les procurer et pouvoir tester massivement les malades. «En attendant, j'insiste pour que le confinement soit strict et respecté, car c'est de son respect que dépendra sa durée», rappelle-t-il. Le confinement est «la moins mauvaise des stratégies qui étaient possibles en France à la mi-mars 2020», explique encore le médecin.
Le Conseil scientifique du gouvernement se prononcera le 23 mars sur la «durée et l'étendue» du confinement de la population française face à l'épidémie de coronavirus, a assuré le ministre de la Santé ce 21 mars.
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