Alors que la pandémie mondiale de coronavirus gagne du terrain, l'Etat français se tient prêt au cas où l'efficacité de la chloroquine, un antipaludique, serait démontrée dans le traitement de la maladie.
Interrogé dans la nuit du 19 au 20 mars, lors de l'examen au Sénat du projet de loi d'urgence contre le coronavirus, le ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran, a fait savoir que la France avait suspendu depuis deux semaines ses exportations de chloroquine, dans l'éventualité où elle s'avèrerait efficace dans le traitement du virus.
«Le gouvernement [a] pris les devants, car l'exportation de ce médicament est impossible en France depuis deux semaines, par anticipation, au cas où la nouvelle serait bonne. Mais [il] reste prudent []... tant que nous n'avons pas la garantie de la sécurité sanitaire []... et de l'utilité pour les malades de ce traitement, je ne veux pas en faire la promotion car ce serait dangereux, nous l'avons vu il y a un mois quand les Français ont commencé à se jeter sur les boîtes de chloroquine, ce n'est pas un médicament anodin», a souligné le ministre.
Le successeur d' Agnès Buzyn a également fait savoir que «les industriels [avaient] 300 000 boîtes et une capacité de production de plusieurs millions de boîtes par mois», ce qui selon lui permettrait de «soigner les malades français».
Donald Trump approuve la chloroquine comme traitement contre le coronavirus
Outre-Atlantique, Donald Trump semble ne plus douter de l'efficacité du produit. Lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche le 19 mars, le 45e président des Etats-Unis a indiqué vouloir «rendre ce médicament disponible quasiment immédiatement», estimant que cela pourrait «changer la donne» face à une pandémie qui gagne du terrain jour après jour.
Le locataire de Washington a par ailleurs déclaré que le traitement avait été «approuvé» par la Food and Drug Administration (FDA), l'instance régulatrice du commerce de médicaments aux Etats-Unis. Cependant, le chef de la FDA, Stephen Hahn, a nuancé l'enthousiasme présidentiel. «Le président nous a demandé de regarder de plus près ce médicament. Nous voulons faire cela en mettant en place un essai clinique étendu et pragmatique pour recueillir ces informations et répondre à toutes les questions qui se posent», a-t-il certifié, conscient de sa «responsabilité» afin de «garantir que les produits sont sûrs et efficaces.
En France, des essais cliniques, jugés «prometteurs» par le gouvernement, sont menés à Marseille par le docteur Didier Raoult. Le 16 mars, il a affirmé que l'effet de la chloroquine contre le coronavirus était spectaculaire, avec la disparition du virus en six jours chez les trois quarts des patients.
Mais la prudence reste de mise au ministère de la Santé. Interrogé depuis Rome par BFMTV fin février, Olivier Véran avait indiqué s'être entretenu plusieurs fois avec le professeur. «Il m'a fait part de ses observations et des études qu'il mettait en évidence, que j'ai fait remonter à la direction générale de la santé qui est en train de faire toutes les analyses», avait alors fait valoir le ministre. Le 17 mars, le gouvernement annonçait avoir étendu les essais cliniques sur la chloroquine.
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