Quelques centaines de manifestants ont mené une action symbolique à Limoges en organisant un «enterrement de la SNCF». Une marche funèbre a pris la direction de la gare à la veille de l'ouverture à la concurrence de l'entreprise ferroviaire.
«Ce soir, à 23h59, la SNCF publique, c'est terminé», a déclaré un responsable de Sud rail, dont les propos sont rapportés par 𝕏 un journaliste présent à Limoges ce 31 décembre, où des «funérailles» de la SNCF ont été organisées en guise d'allégorie.
Une mobilisation visant à dénoncer l'ouverture à la concurrence de l'entreprise ferroviaire qui doit s'opérer à partir de 2020 et qui pourrait, selon ses opposants, déboucher sur la privatisation de l'entreprise. A la veille de la nouvelle année, les syndicats Sud rail et CGT cheminots ont ainsi décidé d'organiser «l'enterrement de la SNCF» pour s'opposer simultanément à la fin du statut de cheminots pour les nouveaux embauchés et au passage de l'entreprise en société anonyme (SA) à capitaux publics impliquant la prépondérance de la notion de rentabilité.
Si cette étape clef de la réforme ferroviaire de 2018 est passée au second plan, éclipsée par d'autres mesures dénoncées par les grévistes, ces militants déterminés ont décidé de la remettre sur le devant de la scène. Quelques centaines de manifestants se sont ainsi donné rendez-vous le matin et se sont dirigés vers la gare de Limoges dans une mise en scène des plus lugubres avec cercueil, bouquet funéraire et registre de condoléances.
A l'arrivée du cortège funèbre en gare de Limoges, les manifestants ont posé le cercueil sur un grand drapeau français à même le sol, orné d'une gerbe de fleurs sur laquelle un bandeau portait l'inscription : «Notre regrettée SNCF». Les femmes et les hommes réunis ont ensuite longuement applaudi autour du cercueil en hommage à l'entreprise ferroviaire qu'ils estiment morte.
Actuellement établissement public à caractère industriel et commercial (Epic), la SNCF va devenir, à partir du 1er janvier, une SA à capitaux publics, qui détiendra la totalité des titres de SNCF Réseau et SNCF Voyageurs, sans possibilité de les céder. Le changement est d'importance puisqu'il fait du groupe «une entreprise à part entière», pour reprendre l'expression de son ancien patron Guillaume Pepy. Le groupe devra notamment gérer ses investissements, éviter les pertes, maîtriser sa dette, et est, au moins en théorie, susceptible de faire faillite. L'Etat actionnaire exige donc de la SNCF qu'elle fasse de sérieuses économies pour être plus compétitive, dans un contexte d'ouverture du rail à la concurrence. Bercy va en contrepartie reprendre 35 milliards d'euros de la dette de SNCF Réseau sur plus de 50 milliards.
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