© VINCENT KESSLER Source: Reuters
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé la ville de Strasbourg à inhumer «le plus rapidement possible» et «dans l'anonymat» Chérif Chekatt, auteur de l'attentat du marché de Noël, pour «éviter d'en faire une victime».
«J'appelle les autorités à respecter la loi du pays, à ne pas faire de cet assassin une victime et qu'on l'enterre le plus rapidement possible pour que l'on ne parle plus de lui», a déclaré ce 19 décembre à l'AFP Abdallah Zekri, délégué général du Conseil français du culte musulman CFCM, à propos de l'inhumation de Chérif Chekatt, l'homme qui a perpétré l'attentat de Strasbourg.
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Dans une déclaration au quotidien Les Dernières Nouvelles d'Alsace parue le même jour, le maire de la ville, Roland Ries (PS) s'est dit «plutôt hostile, sinon réticent» à l'inhumation de Chérif Chekatt à Strasbourg, «car il y a un risque de créer un lieu d'hommage à ce criminel». «Un type qui a assassiné cinq personnes, je pense que c'est pour moi un problème de lui accorder l'inhumation à Strasbourg», a ajouté le maire.
«Il y a l'article L2223-3 du Code général des collectivités territoriales qui dit notamment que toute personne résidente dans une commune doit être enterrée dans la commune», a rétorqué Abdallah Zekri auprès de l'AFP. Selon lui, «il va y avoir des salafistes, des intégristes, qui vont dire que Chérif Chekatt est une victime et qu'on ne veut pas de lui». «On veut qu'il soit enterré d'une manière anonyme dans le cimetière musulman de Strasbourg pour faire taire la polémique, alors que des familles souffrent et ont perdu des êtres chers à cause de ce criminel», a-t-il poursuivi.
Aucune demande de la famille de Chérif Chekatt concernant sa dépouille n'est encore parvenue à la municipalité, selon la mairie.
La difficile question des dépouilles de terroristes
L'embarrassante question des dépouilles de terroristes réapparaît en France après chaque attentat. En 2016, le conseil d'Etat a rendu une décision autorisant un maire à refuser l'autorisation d'inhumation dans un cimetière communal, pour prévenir notamment des troubles à l'ordre public, et ce «quelles que puissent être les circonstances».
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La juridiction administrative suprême avait été saisie par la commune de Mantes-la-Jolie (Yvelines) qui refusait d'inhumer le jihadiste Larossi Abballa, auteur du double assassinat d'un policier et de sa compagne, à leur domicile de Magnanville.
Le cas de Mohamed Merah, assassin en 2012 dans le sud-ouest de la France de trois militaires et quatre autres personnes dont trois enfants juifs, avait également fait polémique.
Ni la ville de Toulouse où il vivait, ni l'Algérie dont il était originaire ne voulait se charger du cadavre. La dépouille de Mohamed Merah avait finalement été ensevelie sans sépulture ni nom, dans un cimetière de la banlieue toulousaine, en dehors des horaires d'ouverture.
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