© BERTRAND GUAY Source: AFP
Le secrétaire d'État à la Jeunesse Prisca Thevenot reprend à son compte le Service national universel que les gouvernements successifs essayent de mettre en place depuis 2019.
Serpent de mer de la vie politique macroniste depuis l'annonce de la création d'une mission d'information sur le Service national universel (SNU) en septembre 2017, le service civique qu'Emmanuel Macron veut mettre en place revient sur le devant de la scène. Le gouvernement entend désormais se diriger vers «une obligation» de ce dispositif, comme l'a annoncé Prisca Thevenot ce 20 septembre au matin 𝕏 au micro du média Brut, puis sur les ondes de France Info, souhaitant en faire «un passage républicain» dont les modalités seront mises en place «avec les jeunes», sans toutefois donner de date à la généralisation du dispositif.
Envisageant le SNU comme une «politique de prévention» et une possibilité pour les jeunes de «mieux s'engager et trouver des débouchés à leurs engagements», Prisca Thevenot a en outre balayé les critiques sur l'aspect militaire que certains verraient dans l'initiative, affirmant que «chanter La Marseillaise et regarder les couleurs se lever, ce n'est pas être militaire, c'est être profondément attaché à son pays».
Les gauches mobilisées contre le SNU
Si les oppositions de droite n'ont pas réagi à cette nouvelle annonce, la gauche politique et syndicale a rappelé son désaccord sur la mise en œuvre de ce service national. La députée du parti Génération.s Sophie Taillé-Polian affirme ainsi que le gouvernement est «à côté de la plaque» avec cette initiative, rappelant les chantiers de rentrée pour la jeunesse avec «le manque de moyens à l'Education nationale, la lutte contre le harcèlement à l'école, la précarité étudiante». Même son de cloche du côté de ses homologues de La France insoumise Marianne Maximi et François Piquemal, ironisant sur X (ex-Twitter) : «𝕏 Et le SNU devint le SNO : Service National Obligatoire».
Le 𝕏 syndicat Sud éducation dénonce de son côté un «moyen de recruter dans l'armée» dont la généralisation «coûterait près de 3 milliards d'euros». Le mouvement des jeunes écologistes se dit quant à lui prêt à faire campagne contre le SNU.
Le gouvernement veut aller prochainement vers une « obligation et généralisation » du SNULa secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du SNU, Prisca Thévenot, n'a pas donné de calendrier, mais veut commencer à travailler sur les modalités d'une « obligation ».
Un nouveau revirement de l'exécutif
Le déploiement du SNU a fait face à de nombreux obstacles, notamment la crise sanitaire qui avait mis le dispositif entre parenthèses. Le 4 août, Prisca Thevenot affirmait qu'il n'y aurait « rien de pire» que de forcer un jeune à faire le SNU. En avril 2023, c'est la secrétaire d'Etat Sarah El Haïry, alors chargée du SNU, qui affirmait qu'à «𝕏 aucun moment, le président de la République n'a exprimé l'idée qu'il soit obligatoire». Pourtant, en 2017, le candidat Emmanuel Macron s'était bien 𝕏 engagé sur la voie d'un service obligatoire.
Objet de défiance dès son annonce, le SNU a également été l'objet d'un scandale après des punitions physiques humiliantes dans un centre de Haute-Savoie. Sa mise en place de manière obligatoire demeure en outre suspendue à des questions de droit, parmi lesquelles son inscription dans la Constitution, comme l'expliquait un rapport parlementaire paru en mars 2023 à l'initiative du sénateur socialiste Eric Jeansannetas.