18/09/2023 6 articles francesoir.fr  3min #234011

Harcèlement à l'école : Les parents de Nicolas « outrés » par les réponses de l'administration

France-Soir, avec AFP

Jeswin Thomas - Unsplash

DÉPÊCHE — Le 5 septembre dernier, à Poissy dans les Yvelines, un adolescent de 15 ans s'est suicidé à cause du harcèlement qu'il subissait au lycée. Condamnant l'inaction du corps enseignant, ses parents se disent "outrés et effarés" par les courriers qu'ils ont reçus avant le drame.

À la rentrée 2022, les parents de Nicolas signalaient à l'équipe pédagogique du lycée de Poissy qu'il était harcelé. À ce moment-là, "le professeur principal était en relation directe avec le papa de Nicolas". En mars 2023, ils apprenaient par un psychologue que leur fils avait fait une tentative de suicide. "C'est à ce moment-là que nous avons tout mis en branle pour aider notre fils : main courante, rendez-vous avec le proviseur, échanges de courriers, etc.", explique sa mère, Béatrice.

 BFMTV a eu accès aux échanges entre les parents et le corps enseignant, qui ont eu lieu essentiellement au mois d'avril. Malgré les démarches entreprises par le proviseur et son équipe (rendez-vous réguliers avec Nicolas, confrontation avec les harceleurs...), les parents se montraient insatisfaits et particulièrement inquiets : "Il est incompréhensible que vous puissiez laisser un adolescent subir une telle violence verbale et psychologique dans votre établissement sans réagir d'une quelque manière, aussi allons-nous déposer plainte et vous considérer comme responsable si une catastrophe devait arriver à notre fils", prévenaient-ils. Mais c'est surtout le courrier du rectorat de Versailles, en date du 4 mai 2023, qui les a abasourdis. Ce dernier leur a clairement reproché de remettre en cause l'attitude du personnel de l'établissement, jugeant "inacceptables" leurs propos. Les parents se sont vu sommer d'adopter une "attitude constructive et respectueuse envers les autres membres de la communauté éducative". Finalement, le rectorat a aussi menacé de porter plainte pour dénonciation calomnieuse.

Finalement, le 5 septembre dernier, l'adolescent s'est donné la mort alors qu'il rentrait dans un nouvel établissement à Paris. Les parents sont revenus sur les mois précédant l'incident : "Nous avons été outrés et effarés de recevoir de telles lettres", a partagé Béatrice, dans un échange écrit dimanche avec l'AFP. "Le papa de Nicolas et moi-même, nous ne comprenions pas. Nous ne comprenons toujours pas", a-t-elle confié.

De son côté, le ministre de l'Éducation Gabriel Attal a qualifié de "honte" les réponses de l'administration. Il a indiqué samedi qu'il attendait "sous quinze jours" les conclusions d'une enquête administrative qu'il a diligentée, et qu'il en tirerait "toutes les conclusions, y compris en matière de sanctions". Aussi, il doit réunir lundi après-midi tous les recteurs et rectrices "pour un audit dans l'ensemble des rectorats sur toutes les situations de harcèlement signalées aux rectorats sur l'année passée".

Les parents ont assuré vouloir attendre "les résultats des enquêtes et les actions que menées par le gouvernement" avant d'intenter une éventuelle action en justice. Pour le moment, "sur le contenu des courriers que nous avons reçus, à ce jour, nous n'avons pas eu de réaction de la part des équipes pédagogiques, tant sur le fond que sur la forme", a déploré la mère de Nicolas. "Nous ne savons toujours pas si une sanction, même symbolique, a été émise à l'encontre des harceleurs".

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