29/09/2019 tradfem.wordpress.com  9min #162317

 Greta Thunberg applaudie à l'Onu après un discours enflammé sur la «trahison» des dirigeants (Video)

Greta Thunberg répond à ses détracteurs

Source:  facebook.com - 3 février 2019

Manif pour le climat, Wellington (Australie), 26 septembre 2019

Au fur et à mesure que continuent les rumeurs, les mensonges et l'omission constante de faits bien établis, je vous invite à partager cette nouvelle mise à jour au sujet de moi et de ma grève scolaire.

Veuillez m'aider à communiquer ces faits aux adultes qui mentent à propos de moi et de ma famille afin que je puisse plutôt me concentrer sur mes études :

J'ai vu récemment beaucoup de rumeurs circuler à mon sujet, ainsi que d'énormes quantités de haine. Ce n'est pas une surprise pour moi. Je sais que comme la plupart des gens ne sont pas conscients de la pleine signification de la crise climatique (ce qui est compréhensible puisqu'elle n'a jamais été traitée comme une crise), une grève scolaire pour le climat peut généralement sembler très étrange aux gens.

Permettez-moi donc de clarifier certaines choses au sujet de ma grève scolaire.

En mai 2018, j'ai été l'une des lauréates d'un concours de rédaction sur l'environnement organisé par Svenska Dagbladet, un journal suédois. J'ai soumis mon article pour publicaton et certaines personnes m'ont contactée, entre autres Bo Thorén de l'organisation Fossil Free Dalsland (Dalie sans Carburants Fossiles). Thorén animait une sorte de groupe avec des gens, surtout des jeunes, qui voulaient faire quelque chose au sujet de la crise climatique.

J'ai eu quelques réunions téléphoniques avec d'autres militantes. Nous avions pour but de trouver des idées de nouveaux projets pour attirer l'attention sur la crise climatique. Bo avait quelques idées de ce qu'on pourrait faire. Cela allait de défilés jusqu'à l'idée vague d'une sorte de grève scolaire (que les élèves fassent quelque chose dans les cours d'école ou dans les salles de classe). Cette idée nous était venue des Parkland Students, des écolières et écoliers qui avaient refusé de retourner à l'école après la fusillade dans leur école.

J'aimais l'idée d'une grève scolaire. Je l'ai donc développée et ai essayé d'amener les autres jeunes à se joindre à moi, mais personne n'était vraiment intéressé. Ils et elles pensaient qu'une version suédoise de la Marche mondiale pour le climat aurait un impact plus important. J'ai donc continué à planifier la grève scolaire toute seule et, après cela, je n'ai plus participé à d'autres réunions.

Quand j'ai parlé de mes projets à mes parents, ils n'ont pas beaucoup aimé cela. Ils n'étaient pas favorables à l'idée d'une grève dans les écoles et m'ont dit que si je l'organisais, je devrais le faire entièrement seule, sans soutien de leur part.

Le 20 août, je me suis assise devant le Parlement suédois. J'ai distribué des tracts rappelant une longue liste de faits sur la crise climatique, ainsi que des explications sur les raisons de ma grève. La première chose que j'ai faite a été d'afficher ce que je faisais sur Twitter et Instagram, et c'est vite devenu viral. Puis, des journalistes et des journaux ont commencé à arriver. Ingmar Rentzhog, un entrepreneur suédois et homme d'affaires dans le mouvement climatique, a été parmi les premiers à se présenter. Il m'a parlé et a pris des photos qu'il a affichées sur Facebook. C'était la première fois que je le rencontrais ou lui parlais. Je n'avais jamais communiqué avec lui auparavant.

Beaucoup de gens aiment répandre des rumeurs disant que j'ai « des gens derrière moi » ou que je suis « payée » ou « utilisée » pour faire ce que je fais. Mais il n'y a personne d'autre que moi-même « derrière moi ». Mes parents étaient tout le contraire de militants du climat avant que je ne leur fasse prendre conscience de la situation.

Je ne fais partie d'aucune organisation. Je soutiens et coopère parfois avec quelques ONG qui interviennent au sujet du climat et de l'environnement. Mais je suis absolument indépendante et je ne représente que moi-même. Et je fais ce que je fais complètement gratuitement, je n'ai reçu aucune somme d'argent ni aucune promesse de paiements futurs sous quelque forme que ce soit. Et personne qui est lié à moi ou à ma famille ne l'a fait non plus.

Et bien sûr, cela restera comme ça. Je n'ai jamais rencontré un seul militant du climat qui mène ce combat pour de l'argent. Cette idée est complètement absurde.

De plus, je ne voyage qu'avec la permission de mon école et mes parents paient mes billets et mon hébergement.

Mes parents ont écrit un livre sur notre famille et sur la façon dont ma sœur Beata et moi avons influencé la façon dont mes parents pensent et voient le monde, surtout en ce qui concerne le climat. Et sur nos diagnostics.

Ce livre devait paraître en mai. Mais comme il y a eu un désaccord important avec la maison d'édition, nous avons fini par changer d'éditeur et le livre est plutôt sorti au mois d'août.

Avant la sortie de cet ouvrage, « Scener ur hjärtat » (Scènes du cœur) mes parents ont clairement indiqué que les bénéfices qu'ils pourraient tirer de sa vente « Scener ur hjärtat » (Scènes du cœur) iront à 8 associations caritatives qui interviennent dans les domaines de l'environnement, des enfants diagnostiqués et des droits des animaux.

De plus, oui, j'écris mes propres discours. Mais comme je sais que ce que je dis va toucher beaucoup, beaucoup de gens, je demande souvent des avis. Je suis aussi en lien avec quelques scientifiques à qui je demande fréquemment de l'aide pour exprimer certaines questions complexes. Je veux que tout soit absolument correct afin de ne pas répandre des faits erronés, ou des choses qui peuvent être mal comprises.

Certaines personnes se moquent de moi à cause de diagnostic. Mais l'Asperger n'est pas une maladie, c'est un don. Les gens disent aussi que parce que j'ai l'Asperger, il aurait été impossible pour moi de me mettre dans cette position. Mais c'est exactement pour ça que j'ai fait ça. Parce que si j'avais été « normale » et sociale, je me serais liée à une organisation, ou j'aurais fondé une organisation par moi-même. Mais comme je ne suis pas très sociable, je l'ai fait de cette façon. J'étais tellement frustrée que rien ne soit fait pour lutter contre la crise climatique et j'avais l'impression que je devais faire quelque chose, n'importe quoi. Et parfois, le fait de NE RIEN FAIRE - de s'asseoir à l'extérieur du Parlement, par exemple - parle beaucoup plus fort que de faire des choses. Tout comme un murmure est parfois plus bruyant qu'un cri.

Il y a aussi des gens qui se plaignent que je « parle et écris comme une adulte ». Et à cela, je ne peux que répondre : ne pensez-vous pas qu'une adolescente de 16 ans peut parler d'elle-même ? Il y a aussi des gens qui disent que je simplifie trop les choses. Par exemple, quand je dis que « la crise climatique est un problème évident », « nous devons arrêter les émissions de gaz à effet de serre » et « je veux que vous paniquiez ». Mais je dis ça parce que c'est vrai. Oui, la crise climatique est la question la plus complexe à laquelle nous ayons jamais été confrontés et il va falloir faire tout de notre part pour « y mettre fin ». Mais la solution est évidente : nous devons mettre fin aux émissions de gaz à effet de serre.

Parce que, soit nous limitons le réchauffement à 1,5°C par rapport aux niveaux pré-industriels, soit nous ne le faisons pas. Soit nous atteignons un point de basculement où nous amorçons une réaction en chaîne avec des événements qui échappent au contrôle humain, soit nous ne le faisons pas. Soit nous continuons en tant que civilisation, soit nous ne le faisons pas. Il n'y a pas de zones grises quand il s'agit de survie.

Et quand je dis que je veux que vous paniquiez, je veux dire que nous devons traiter cette crise comme une crise. Lorsque votre maison est en feu, vous ne vous asseyez pas pour parler d'à quel point elle sera jolie quand vous pourrez la reconstruire une fois que vous aurez éteint le feu. Si votre maison est en feu, vous courez dehors et vous vous assurez que tout le monde est dehors pendant que vous appelez les pompiers. Cela exige un certain niveau de panique.

Il y a un autre argument pour lequel je ne peux rien faire. Et c'est le fait que je ne suis « qu'une enfant et que nous ne devrions pas écouter les enfants ». Mais ce problème est facile à résoudre : il suffit de se mettre à l'écoute des données scientifiques irréfutables. Parce que si tout le monde écoutait les scientifiques et les faits que je cite constamment, alors personne n'aurait à m'écouter ou à écouter les centaines de milliers d'autres élèves en grève partout dans le monde. On pourrait tous et toutes retourner à l'école.

Je ne suis qu'une messagère, et pourtant je reçois  toute cette haine. Je ne dis rien de nouveau, je dis simplement ce que les scientifiques répètent depuis des décennies. Et je suis d'accord avec vous, je suis trop jeune pour faire ça. Nous, les enfants, on ne devrait pas avoir à faire ce travail. Mais comme presque personne ne fait rien et que notre avenir même est en danger, nous pensons devoir continuer.

Et si vous avez d'autres préoccupations ou doutes à mon sujet, vous pouvez écouter mon  exposé TED, où j'explique comment a débuté mon intérêt pour le climat et l'environnement.

Et merci à toutes et à tous pour votre merveilleux soutien ! Ça me donne de l'espoir.

Greta

Traduit par la collective TRADFEM. Tous droits réservés à Greta Thunberg, 2019.

La lutte se poursuit. Greta Thunberg sera au parc Jeanne-Mance ce vendredi midi à Montréal, et le mouvement prend forme  partout dans le monde.

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