© SEBASTIEN BOZON Source: AFP
Comme des associations de policiers l'avaient confié à RT France, les effectifs de terrain n'ont pas été convaincus par la négociation des syndicats à Beauvau. Le mouvement des Gyros bleus a rassemblé une centaine de policiers à Paris.
«On préfère notre sécurité à une augmentation de salaire» : une centaine de policiers et de proches de policiers ont manifesté le 20 décembre dans la soirée à Paris pour réclamer de meilleures conditions de travail, au lendemain de l'annonce par le ministère de l'Intérieur d'une revalorisation salariale pour les gardiens et les gradés.
«Notre combat, c'est le changement des conditions de travail des policiers, c'est-à-dire le matériel, les effectifs, une considération hiérarchique accrue, un paiement et une défiscalisation des heures supplémentaires», a expliqué à l'AFP Marie [prénom modifié], une porte-parole de la Mobilisation de policiers en colère (MPC).
«On se demande pourquoi on nous a donné l'argent aussi vite, si c'est pas pour nous faire taire plus qu'autre chose», a-t-elle renchéri.
Le rassemblement, qui s'est déroulé dans le calme à côté du commissariat du VIIIe arrondissement, non loin du ministère de l'Intérieur, avait été organisé par le MPC et les Gyros bleus.
Ces collectifs n'ont pas été satisfaits par les mesures annoncées par Beauvau pour apaiser la colère des policiers, qui réclamaient plus de moyens après leur mobilisation en masse face aux Gilets jaunes.
L'accord avait été arraché dans la nuit du 19 au 20 décembre : le ministère de l'Intérieur et une intersyndicale composée des trois organisations majoritaires, Unité-SGP-FO, Alliance et Unsa-Police, étaient parvenus à résoudre une situation qui était devenue de plus en plus complexe lors du mois de décembre. Les représentants professionnels de la police nationale avaient agité le spectre des fermetures de commissariats et des grèves illimitées. Au terme de tractations tendues, l'Intérieur avait donc renoncé à verser la prime exceptionnelle de 300 euros qui passait mal dans les rangs de la police, notamment à cause des conditions à remplir pour y être éligible et qu'une compagnie de CRS avait ostensiblement refusée tout net en solidarité avec les Gilets jaunes.
En lieu et place, le ministère de l'Intérieur a proposé une augmentation programmée des salaires. En moyenne, les policiers pourraient toucher au bout d'un an entre 120 euros et 150 euros nets supplémentaires par mois, selon leur grade. Le gouvernement a visé le portefeuille, mais a-t-il eu raison ? Dès le 20 décembre des associations de police et des effectifs de terrain avaient fait savoir à RT France qu'ils étaient déçus de cet accord et qu'ils attendaient des moyens, pas du salaire.
facebook.comC'était notamment le cas de l'association de l'Union des policiers nationaux indépendants (UPNI) dont la vice-présidente avait déclaré à RT France : «Les trois organisations syndicales qui disaient s'inquiéter du mal-être policier ont finalement accepté une revalorisation salariale. Mais cela n'a à aucun moment fait partie de nos revendications, ce n'est pas ce que nous demandions. Nous souhaitons pouvoir travailler dans de bonnes conditions et en sécurité : le matériel, les effectifs, les locaux, les avancements et la protection fonctionnelle... pas des miettes !»
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Et la policière de terrain de comparer la situation des policiers à celle des Gilets jaunes : «Quand je pense aux vrais Gilets jaunes, pacifistes, souvent provinciaux, qui depuis des semaines sont dans le froid car ils rencontrent des difficultés pour nourrir leurs enfants après le 15 du mois, je me dis que cet accord ne fera rien pour réconcilier les citoyens avec leurs policiers.»
Perrine Salé, porte-parole des Femmes des forces de l'ordre en colère (FFOC), a déclaré à l'AFP lors de la manifestation des Gyros bleus le 20 décembre dans la soirée : «On nous parle de salaires. Nous, on vous parle d'humains. Il y en a marre que nos enfants ne soient plus respectés parce qu'ils sont fils de policiers».
Une vingtaine de Gilets jaunes étaient également présents à la manifestation selon les informations de l'AFP, parmi lesquels Pascal Chiron, 51 ans. «On est venus pour faire baisser la tension qu'il y a entre nous parce que, pour le moment, on est ennemis», a-t-il fait savoir.
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