par Pierre Duval.
Le conflit en Ukraine alimente le marché noir des armes de guerre. Des responsables d'Interpol ont mis en garde les autorités internationales de cette évolution. Les États-Unis, ayant décidé d'envoyer en masse des armes de guerre avec d'autres pays occidentaux à Kiev, l'Ukraine est devenue une plaque tournante du business des armes grâce aux réseaux criminels. Ces armes de guerre sont déjà en train d'alimenter diverses organisations criminelles à travers l'Europe et le monde.
Certaines de ces armes se retrouvent entre les mains d'autres armées et milices que les États-Unis n'avaient pas l'intention d'armer sans oublier les bandes se trouvant en France ou dans d'autres pays de l'UE alors que la France est déjà dans une situation très délicate en raison de la crise actuelle et de la partition du pays dans lequel une guerre civile couve.
Les armes de guerre destinées à l'Ukraine alimentent les pays européens. Interpol redoute cette évolution et s'inquiète de voir les armes envoyées en Ukraine pour participer à l'effort de guerre terminer à termes entre les mains de criminels. « La grande disponibilité d'armes pendant le conflit actuel entraînera la prolifération d'armes illicites dans la phase post-conflit », a déclaré, selon TF1, Jürgen Stock, le secrétaire général d'Interpol devant l'Association de la presse anglo-américaine à Paris, rajoutant : « Les criminels sont déjà en train, en ce moment même, de se concentrer sur cela ».
Le média français rapporte qu'il voit dans l'Union européenne « une destination probable pour ces armes, car les prix de ces armes à feu sur le marché noir sont nettement plus élevés en Europe, notamment dans les pays scandinaves ». « Même les armes qui sont utilisées par les militaires, les armes lourdes, seront disponibles sur le marché criminel », « les criminels dont je parle opèrent au niveau mondial, donc ces armes seront échangées à travers les continents », a averti Jürgen Stock.
Nous avons sous-estimé le danger. La chef d'Interpol, Catherine De Bolle, est allée encore plus loin quelques jours avant en avertissant que les pays européens risquent de connaître « des niveaux de violence dans les rues européennes comme nous n'en avons jamais vus auparavant ». Dans un entretien à Die Welt, Catherine De Bolle a déclaré vouloir empêcher que des armes en provenance d'Ukraine ne soient distribuées à travers l'Europe par des gangs criminels après la guerre [en Ukraine] car pendant longtemps, les autorités ont sous-estimé le pouvoir du crime organisé. Elle annonce que « nous avons sous-estimé le danger » en précisant que son organisation a intercepté des communications en France, notamment : « L'enquête a commencé en France et aux Pays-Bas. Nous avons aidé à accéder aux communications. Cela nous a donné un aperçu complètement nouveau de la façon dont le crime organisé met en danger la sécurité en Europe, l'État de droit et la démocratie ».
Jurgen Stock, a insisté sur la nécessité de créer des bases de données, retraçant le sort de chaque fusil ou missile envoyé en Ukraine. La situation actuelle va renforcer la position des groupes criminels organisés qui se mondialisent de plus en plus. De son côté Catherine De Bolle a tenu à spécifier : « Un jour la guerre finira et nous voulons empêcher la situation qui s'est développée, il y a 30 ans pendant la guerre des Balkans ». Selon elle, « les armes de cette guerre sont encore utilisées par des criminels ».
CNN faisait savoir en avril dernier que les États-Unis ne savent pas vraiment ce que deviennent les armes envoyées en Ukraine. Le média américain précise que « c'est un risque conscient que l'administration Biden est prête à prendre ». Un haut responsable de la défense [des États-Unis] a déclaré qu'il s'agissait « certainement de l'approvisionnement récent le plus important d'un pays partenaire dans un conflit », mais « le risque, selon les responsables américains actuels et les analystes de la défense, est qu'à long terme, certaines de ces armes se retrouvent entre les mains d'autres armées et milices que les États-Unis n'avaient pas l'intention d'armer ».
CNN avertissait déjà qu' avec la guerre en Afghanistan « inévitablement, certaines armes se sont retrouvées sur le marché noir, notamment les missiles anti-aériens Stinger, du même type que les États-Unis fournissent actuellement à l'Ukraine ». Les États-Unis se sont précipités pour récupérer les Stinger après la guerre soviétique en Afghanistan, mais ils n'ont pas réussi à tous les trouver. Lorsque les États-Unis ont, eux-mêmes, envahi l'Afghanistan en 2001, certains responsables ont craint qu'ils ne soient utilisés par les talibans contre les États-Unis.
Le problème n'est pas propre à l'Afghanistan. Des armes vendues à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU) se sont retrouvées entre les mains de combattants liés à Al-Qaïda et à l'Iran. Le risque qu'un scénario similaire se produise en Ukraine existe également, a reconnu le responsable de la défense. « Déjà en 2020, l'inspecteur général du ministère de la Défense des États-Unis a publié un rapport faisant part de ses inquiétudes quant à la surveillance de l'utilisation finale des armes envoyées en Ukraine », rapporte CNN. Mais, étant donné les besoins à court terme presque insatiables des forces ukrainiennes en plus d'armes et de munitions, le risque à long terme que des armes se retrouvent sur le marché noir ou entre de mauvaises mains a été jugé acceptable, a déclaré le responsable.
Ces armes peuvent ainsi être utilisées, par exemple, par ceux en France qui se préparent à la guerre civile. Henri Guaino, suite aux événements du Stade de France avertissait : « La guerre civile peut nous arriver ».
source : Observateur Continental