© JALAA MAREY Source: AFP
Un navire de la marine israélienne est amarré dans les eaux méditerranéennes au large du passage d'Israël à Rosh Hanikra, connu au Liban sous le nom de Ras al-Naqoura, à la frontière entre les deux pays, le 4 octobre 2022 (image d'illustration).
6 oct. 2022, 16:56
Les négociations entre Israéliens et Libanais sur le tracé de la frontière maritime patinent : Israël a rejeté le 6 octobre les amendements du Liban sur le projet d'accord visant à délimiter la frontière maritime entre les deux pays et ainsi faciliter l'exploitation de gisements gaziers offshore, a indiqué un haut responsable israélien.
«Le Premier ministre Yaïr Lapid a été informé des changements significatifs que le Liban cherche à apporter à l'accord et a demandé à son équipe de négociateurs de les rejeter», a déclaré à l'AFP un haut responsable israélien requérant l'anonymat. «Le Premier ministre a clairement indiqué qu'Israël ne compromettra en aucune façon la sécurité et les intérêts économiques d'Israël, même si cela signifie qu'il n'y aura pas d'accord», précise le communiqué du gouvernement israélien.
De l'eau dans le gaz
En effet, le Liban a remis le 4 octobre sa réponse à une proposition américaine pour régler son litige sur la frontière maritime avec Israël, qui devrait permettre aux deux pays d'aller de l'avant dans l'exploitation d'importants gisements gaziers en Méditerranée orientale.
Les deux pays officiellement en guerre depuis 1948 se disputent des ressources énergétiques à cheval sur leurs zones énergétiques exclusives. Il s'agit entre autre des champs gaziers de Cana et de Karish. Pour le Liban, l'exploitation de ces hydrocarbures lui permettrait de sortir la tête de l'eau. En effet, le pays du Cèdre est englué dans une crise multidimensionnelle entre les pénuries, l'inflation galopante, l'absence de réformes et un exode de plus en plus massif.
Les dirigeants libanais s'étaient réunis le 3 octobre pour élaborer une réponse unifiée à la proposition des Etats-Unis, dont le contenu n'a pas été rendu public, et se sont dits confiants de parvenir rapidement à un accord, faisant écho à un optimisme similaire ces derniers jours de la part de l'Etat hébreu.
Netanyahou promet d'annuler l'accord s'il revient au pouvoir
La proposition du médiateur américain Amos Hochstein sur la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël «protège» et «renforce» les intérêts de l'Etat hébreu, avait déclaré le 2 avril le Premier ministre israélien Yaïr Lapid qui, en pleine campagne pour les législatives du 1er novembre, fait l'objet de vives critiques sur ce projet d'accord de la part de l'opposition, menée par Benjamin Netanyahou.
Ce dernier, qui cherche à revenir à la tête du gouvernement israélien, a accusé son rival de «donner» un «territoire souverain d'Israël» au Hezbollah libanais, ennemi juré de l'Etat hébreu.
Les missiles du Hezbollah dirigés contre Karish
Israël, qui n'a pas détaillé le 6 octobre les amendements libanais lui posant problème, maintient qu'il exploitera le gisement de Karish, et ce même en l'absence d'accord sur sa frontière maritime avec le Liban et en dépit de menaces en ce sens du Hezbollah.
«Israël va produire du gaz du gisement de Karish dès qu'il [sera] possible de le faire. Si le Hezbollah ou quiconque tente d'endommager Karish ou nous menace, les négociations sur la frontière maritime cesseront immédiatement», a déclaré ce haut responsable israélien, peu avant une rencontre du cabinet de sécurité de Yaïr Lapid sur ce dossier épineux.
En effet, la milice chiite était monté au créneau pour dissuader l'Etat hébreu de commencer l'exploitation du champ gazier de Karish. «La main qui touchera à nos richesses sera tranchée», avait martelé Hassan Nasrallah lors d'un discours le 10 août dernier. «Nous suivons les négociations et tous nos yeux, ainsi que nos missiles, sont tournés vers Karish», a de nouveau menacé le leader du parti chiite le 16 septembre. «Tant que l'extraction n'a pas commencé, il y a une chance de trouver des solutions», a-t-il néanmoins prévenu.