09/01/2025 euro-synergies.hautetfort.com  3min #265692

 La guerre de l'Arctique

L'appétit de Trump

Andrea Marcigliano

Source:  electomagazine.it

Trump semble avoir un appétit considérable… Si bien que, peu avant son entrée en fonction au Bureau Ovale, il sème la peur à grande dose. Mais pas chez les Russes ou les Chinois, qui pourtant le regardent avec beaucoup de méfiance. C'est aux Européens, ses alliés/ses subalternes, qu'il inspire de la crainte.

Et c'est précisément vers eux qu'il semble diriger ses appétits, toujours plus manifestes et imposants.

Selon le Tycoon, donc, le Groenland, cette grande île subarctique, doit bientôt devenir américaine. Le fait qu'elle continue, officiellement, à faire partie du Danemark ne l'intéresse pas. Pas plus que le fait que ce petit royaume soit un allié des États-Unis. Le Groenland représente une nécessité stratégique pour Washington. Point final.

Ensuite… le Canada. Trudeau a fait son temps. Mais il a également dû s'en aller, emporté par des scandales de toutes sortes.

Très bien, dit Trump. Il est temps d'en finir avec cette fiction du Commonwealth. Avec ce Canada qui appartient, officiellement, à la Couronne britannique. À un roi lointain, sans importance.

Le Canada est américain. Et, par conséquent, il doit pleinement intégrer les États-Unis.

Les grands médias italiens, et les experts qui pontifient du haut de divers podiums, présentent ces sorties soudaines de Trump comme les signes d'une sorte de folie. Une preuve, selon eux, de l'inadéquation de l'homme à occuper une fonction aussi élevée.

Je me permets de ne pas être d'accord. Car, certes, Trump ne respecte en rien les canons habituels de l'expression politique et diplomatique. Et il a, sans aucun doute, une forte tendance au personnalisme et à l'excentricité. Toutefois, il n'est pas fou. Et, en réalité, il a une vision bien claire de l'Amérique et de son rôle international.

Et cette vision ne lui est pas propre.

Car Trump représente véritablement l'Amérique. Celle, profonde, qui est très éloignée des canons conventionnels et des stéréotypes auxquels nous avons été, pendant trop longtemps, habitués. Et ces stéréotypes correspondent davantage à des élites, ou si l'on préfère, à des cercles internationaux fermés. Américains seulement de nom, en réalité autoréférentiels et éloignés du peuple. De tout peuple, et en particulier du peuple américain.

Ce peuple, lui, se reconnaît dans Trump. Et dans ses déclarations, même les plus extrêmes. C'est l'Amérique profonde, celle qui travaille et qui produit. Celle qui n'a rien à voir avec la haute finance de Wall Street.

Une Amérique que nous ignorons. Que nous ne connaissons pas et ne comprenons pas. Tout comme, pour elle, nous autres Européens sommes des étrangers. Voire de véritables aliens.

Cette Amérique semble désormais arrivée au pouvoir aux États-Unis. Et décidée à faire sauter les vieux schémas de la politique internationale. Des schémas remontant à la Seconde Guerre mondiale, et peut-être même à des époques antérieures.

Sera-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Difficile à prévoir. Tout comme il est difficile, pour l'instant, de savoir si Trump aura la force et la détermination de mener ce changement jusqu'au bout.

Une chose est toutefois certaine: il représente la seule nouveauté marquante dans un paysage politique stagnant et sclérosé comme l'est, depuis longtemps, celui du prétendu « Occident ».

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