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 Les frappes américaines au Yémen préparent l'« invasion terrestre » via les milices soutenues par les Émirats arabes unis

17/04/2025 ssofidelis.substack.com  18min #275183

 Les frappes américaines au Yémen préparent l'« invasion terrestre » via les milices soutenues par les Émirats arabes unis

L'attaque américaine au Yémen et la longue tradition de bombardements délibérés des hôpitaux

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L'attaque américaine au Yémen & la longue tradition de bombardements délibérés des hôpitaux

Par Alan MacLeod, le 8 avril 2025

En prenant pour cible et en détruisant à plusieurs reprises un centre de cancérologie au Yémen, les États-Unis poursuivent leur longue tradition de bombardements sur les hôpitaux.

Le 24 mars, les États-Unis ont mené une attaque préméditée contre l'hôpital oncologique Al Rasool Al-Azam à Saada, au Yémen, le réduisant en tas de décombres. Au moins deux personnes ont été  tuées et 13 autres blessées.

Il ne s'agit pas d'un incident isolé. Huit jours auparavant, le 16 mars, Washington a  lancé 13 frappes aériennes distinctes contre cet établissement, détruisant systématiquement les cinq ailes de l'hôpital.

Le Fonds de lutte contre le cancer, une organisation médicale gouvernementale locale,  a qualifié ces événements de "crime de guerre" manifeste.

"Ces attaques ne sont pas seulement des frappes aériennes, mais des exécutions systématiques destinées à éliminer tout espoir et à anéantir la vie dans un contexte de blocus asphyxiant", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le Fonds yéménite de lutte contre le cancer, un organisme gouvernemental chargé de superviser le système de santé du pays, a abondé dans ce sens, affirmant qu'elles s'inscrivaient dans le cadre de ce qu'il  a qualifié de

"La politique américaine systématique cible le peuple yéménite depuis des années par des bombardements et un blocus asphyxiant, exacerbant la crise humanitaire et propageant des maladies mortelles, notamment le cancer, qui a connu une recrudescence depuis 2015 en raison de l'utilisation d'armes interdites par la communauté internationale".

L'hôpital Al Rasool Al-Azam, récemment construit, était le fleuron des infrastructures sanitaires de la région. Avec un coût de plus de 7,5 millions de dollars, ce centre dispensait des soins vitaux à des centaines de patients atteints de cancer qui, auparavant, n'avaient accès à aucun traitement ou devaient faire huit heures et demie de trajet aller-retour jusqu'à la capitale, Sanaa, pour se faire soigner.

Les frappes réitérées contre des établissements de santé au Yémen n'ont pratiquement pas retenu l'attention aux États-Unis. En effet, les attaques de Washington contre le Yémen n'ont suscité aucune couverture critique, les médias corporatifs semblant plus  indignés par l'utilisation par de hauts responsables de l'administration Trump d'un groupe de discussion Signal pour planifier leurs opérations que par ces actes qui ont causé la mort de dizaines de civils.

Les États-Unis ont repris leurs bombardements au Yémen parce que le gouvernement de Sanaa, dans le but de mettre fin à l'assaut israélien contre Gaza, a stoppé les navires israéliens qui traversaient la mer Rouge. Tout comme la Palestine, le Yémen est soumis à un blocus international qui prive sa population des produits de première nécessité.

Les attaques contre les hôpitaux après le 11 septembre

La destruction du centre oncologique Al Rasool Al-Azam est loin d'être un cas isolé. En fait, cette attaque s'inscrit dans une tradition bien connue et documentée des États-Unis consistant à prendre pour cible des hôpitaux.

En août 2017, l'administration Trump a non seulement bombardé un hôpital à Raqqa, en Syrie, mais aurait également utilisé des munitions au phosphore blanc. Des responsables du Croissant-Rouge  ont rapporté que les États-Unis ont mené 20 attaques distinctes contre l'hôpital, visant systématiquement ses générateurs électriques, ses véhicules et ses services, réduisant le site en ruines. Au moins 30 civils ont été tués, certains probablement des séquelles du phosphore blanc, qui provoque des lésions respiratoires et des défaillances organiques.

Le phosphore blanc, une arme très controversée et strictement interdite, s' enflamme instantanément au contact de l'oxygène, adhère aux vêtements et à la peau et brûle à des températures extrêmement élevées. Il ne peut être éteint avec de l'eau, infligeant aux victimes des blessures atroces et mortelles.

En 2015, l'armée de l'air américaine a mené une campagne de bombardements contre un hôpital de Médecins Sans Frontières (MSF) à Kunduz, en Afghanistan. Le centre de traumatologie, l'un des bâtiments les plus récents, les plus grands et les plus connus de la ville, a été délibérément pris pour cible. MSF avait pourtant  fourni ses coordonnées précises à l'armée.

Une enquête interne  a révélé que les pilotes à bord de l'avion de combat AC-130 qui a mené l'opération se sont opposés à leurs supérieurs, remettant en question la légalité de la frappe. Mais ils ont été rappelés à l'ordre et sommés de bombarder l'hôpital malgré leurs réserves. Un  rapport de Médecins Sans Frontières a conclu que les États-Unis savaient où se trouvait l'hôpital, et qu'il n'abritait aucun combattant taliban, mais que l'attaque a tout de même été ordonnée. Au moins 42 personnes ont été  tuées dans cet incident.

Le bombardement de Kunduz en 2015 a constitué un précédent historique, car c'était la première fois qu'un lauréat du prix Nobel de la paix (Barack Obama) bombardait un autre lauréat (Médecins Sans Frontières).

Durant son mandat, Obama a bombardé sept pays, dont la Libye. En juillet 2011, dans le cadre des opérations de renversement du gouvernement de Mouammar Kadhafi, des avions de l'OTAN ont bombardé Zliten, détruisant l'hôpital de la ville. Quatre-vingt-cinq personnes ont été  tuées, dont au moins  11 dans l'hôpital. Cet événement a contribué à faire de ce qui était autrefois le pays le plus prospère et le plus stable d'Afrique un État en faillite, où ont proliféré les  marchés d'esclaves à ciel ouvert. La chute de la Libye a, à son tour, participé à la déstabilisation de toute la région du Sahel.

Mais aucun pays au XXIe siècle n'a sans doute subi aussi durement les foudres de Washington que l'Irak. Les frappes américaines contre des infrastructures civiles ont été fréquentes, et les hôpitaux n'ont pas été épargnés. L'exemple le plus marquant est sans doute le bombardement, en avril 2003, de la maternité du Croissant-Rouge à Bagdad.

Des missiles américains  ont frappé le complexe situé dans le centre-ville, tuant plusieurs personnes et en blessant au moins 25 autres, dont des médecins.

Cet hôpital caritatif jouait un rôle crucial dans la fourniture de soins de santé abordables aux Irakiens des classes populaires,  pratiquant des tarifs dix fois moins élevés que les cliniques privées de la ville. Il s'était forgé une réputation d'hôpital obstétrique de premier ordre, où naissaient en moyenne 35 bébés par jour avant l'invasion. L'UNICEF  a constaté une forte augmentation de la mortalité maternelle après le bombardement, en partie due à l'absence de soins obstétricaux à Bagdad.

La guerre de Clinton contre les hôpitaux

Quatre ans plus tôt, en mai 1999, des avions de l'OTAN, sous commandement américain, ont largué des bombes à fragmentation sur un marché en plein air et un hôpital dans la ville yougoslave de Niš,  tuant au moins 15 personnes et en blessant 60 autres, selon le directeur de l'hôpital. Les bombes à fragmentation sont désormais interdites par le droit international. Néanmoins, entre 2023 et 2024, les États-Unis en ont  transféré de grandes quantités à l'Ukraine pour les utiliser contre les forces russes.

Deux semaines après le bombardement de Nis, l'OTAN a  attaqué un hôpital de la capitale yougoslave, Belgrade. Le tir de missiles a détruit l'essentiel de la maternité, et les sauveteurs ont dû extraire des nourrissons et des femmes des décombres en pleine nuit. Au moins trois personnes ont été tuées.

Les attaques en Yougoslavie n'ont pas été les seules menées par l'administration Clinton contre des installations médicales. En 1998, en réponse aux récents attentats à la bombe perpétrés par Oussama ben Laden contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, le président Bill Clinton a ordonné une attaque contre l'usine pharmaceutique Al-Shifa au Soudan. Quatorze missiles de croisière  ont frappé l'usine, transformant ce qui était alors le plus grand producteur de médicaments du pays en un amas de métal informe. L'usine produisait plus de la moitié des médicaments du Soudan, notamment des antibiotiques, des antipaludiques et des médicaments contre la diarrhée.

Bien que n'étant pas un hôpital, l'usine Al-Shifa a été détruite avec une violence bien plus meurtrière que toutes les autres attaques répertoriées. Cet événement a entraîné une pénurie de médicaments dans l'un des pays les plus pauvres d'Afrique. L'ambassadeur allemand au Soudan  a estimé que le nombre de morts s'est chiffré à "plusieurs dizaines de milliers".

L'administration Clinton a publiquement soutenu que l'usine était en réalité une usine d'armes chimiques de Ben Laden. Mais en privé, la secrétaire d'État Madeleine Albright s'est efforcée de  supprimer un rapport gouvernemental qui démontrait le contraire.

Le Soudan a été la deuxième cible de Clinton en Afrique. En juin 1993, des soldats américains (sous l'égide de l'ONU) ont lancé une attaque au mortier contre l'hôpital Digfer à Mogadiscio, en Somalie. Les bombes ont détruit l'accueil principal, creusé un trou béant dans le mur de la salle de réanimation et brisé toutes les vitres du bâtiment. "On ne saura probablement jamais combien de Somaliens ont péri dans l'assaut de l'ONU [des États-Unis]",  a écrit le Chicago Tribune. En effet, les soldats héliportés  ont attaqué les journalistes et les photographes qui tentaient de couvrir l'attaque, leur lançant des grenades assourdissantes et les expulsant du lieu du drame.

Les guerres sales en Amérique latine

Dans les années 1980, l'Amérique latine et les Caraïbes ont été le théâtre d'une intense activité américaine. En octobre 1983, durant l'invasion américaine de la Grenade, des avions de combat américains ont bombardé l'hôpital psychiatrique de Richmond Hill. L'administration Reagan a d'abord tenté de nier l'attaque avant de finalement reconnaître son implication. Des dizaines de personnes ont été blessées et au moins  20 ont été tuées, bien que le New York Times  ait suggéré que le nombre réel de morts soit plus de deux fois supérieur.

Les États-Unis ont envahi la Grenade afin d'écraser la révolution socialiste dans l'île. Cependant, en Amérique centrale, les États-Unis ont compté sur le financement, la formation et l'armement de groupes armés pour faire leur travail. Ces escadrons de la mort ont semé la destruction dans toute la région et continuent àinfluencer la politique et la société encore aujourd'hui.

Au Salvador, des troupes entraînées par les États-Unis ont mené une guerre sale contre la population afin d'écraser les forces de guérilla de gauche du FMLN. Les hôpitaux figuraient parmi leurs cibles privilégiées. Le 15 avril 1989, par exemple, des pilotes aux commandes d'avions A-37 et d'hélicoptères UH 1M et Hughes-500 de fabrication américaine ont bombardé un hôpital du FMLN à San Ildefonso, tuant cinq personnes.

Des parachutistes armés de fusils M-16 sont arrivés à bord d'hélicoptères américains et ont attaqué et enlevé une partie du personnel médical, dont l'infirmière française Madeleine Lagadec. Avant de l'exécuter, les soldats l'ont violée et torturée pendant huit heures. Les images de son corps mutilé ont provoqué l'indignation en France, qui a émis un mandat d'arrêt international contre les quatre officiers soutenus par les États-Unis chargés de superviser l'opération.

Au Nicaragua, pendant les années 1980, des paramilitaires formés par les États-Unis ont délibérément attaqué des "cibles faciles", telles que des hôpitaux afin de terroriser la population et la pousser à renoncer à son soutien au gouvernement socialiste du pays.

Une  étude menée par Richard M. Garfield, professeur à l'université Columbia, a révélé qu'entre 1981 et 1984, au moins 63 centres de santé ont été contraints de fermer en raison des attaques des escadrons de la mort, les "Contras", soutenus par les États-Unis.

Ces opérations ont été soigneusement planifiées pour une efficacité maximale, les Contras laissant derrière eux des graffitis sur les lieux du crime,  annonçant que les "Lion Cubs of Reagan" étaient passés par là. Le president Reagan a soutenu les Contras tout au long de leur campagne, les  qualifiant de "moralement comparables à nos pères fondateurs". Le Dr Michael Gray, président de la médecine du travail au Kino Community Hospital de Tucson, en Arizona, qui a séjourné au Nicaragua, était d'un avis bien différent,  décrivant ces derniers et leurs actions comme "identiques à ceux des SS à la fin de la Seconde Guerre mondiale".

La machine à tuer de la guerre froide

Pendant les guerres américaines en Indochine, le bombardement des hôpitaux a constitué une politique officielle - bien que non déclarée - des États-Unis.

Alan Stevenson, ancien spécialiste du renseignement militaire,  a témoigné que, lorsqu'il servait dans la province de Quang Tri au Vietnam, il signalait régulièrement aux avions de combat américains les hôpitaux à bombarder. "Plus l'hôpital était grand, mieux c'était", a-t-il déclaré, expliquant le raisonnement des militaires. "Cela n'avait rien de secret", a-t-il  ajouté. "Nous ne considérions vraiment pas ces missions comme particulièrement répréhensible".

L'ancien capitaine de l'armée de l'air Gerald Greven a corroboré les allégations de Stevenson, précisant qu'il avait personnellement ordonné des raids aériens contre des centres médicaux. La politique officielle consistait à "repérer les hôpitaux et les attaquer", a-t-il  déclaré.

Le cas le plus notoire et le mieux documenté à cet égard au Vietnam s'est produit le 22 décembre 1972, lorsque des avions américains ont largué plus de 100 bombes sur l'hôpital Bach Mai de Hanoï, qui comptait 1 000 lits, détruisant presque entièrement le bâtiment et  tuant 28 membres du personnel médical et un nombre indéterminé de patients.

L'armée américaine a justifié cette frappe en affirmant que l'hôpital "abritait fréquemment des batteries antiaériennes", soulignant sa proximité avec une base aérienne militaire.

Durant les audiences du Congrès sur les activités clandestines des États-Unis au Laos et au Cambodge, les législateurs ont  appris que les bombardements d'hôpitaux étaient "monnaie courante". En effet, le Laos reste le pays le plus bombardé par habitant de l'histoire mondiale.

Comme au Vietnam, cibler les hôpitaux était non seulement courant, mais délibéré. En 1973, l'ancien capitaine de l'armée Rowan Malphurs a déclaré que, alors qu'il servait au Centre combiné de renseignement du Vietnam, il a aidé à orchestrer des attaques contre des centres de santé cambodgiens. "Nous avons planifié les bombardements d'hôpitaux",  a-t-il déclaré. Pourtant, Malphurs ne semblait éprouver aucun remords. "Je pense que c'était nécessaire, car l'armée nord-vietnamienne disposait d'un soutien privilégié au Cambodge", a-t-il ajouté.

Ainsi, comme en témoigne ce bref aperçu des cinq dernières décennies, les attaques perpétrées le mois dernier contre l'hôpital oncologique Al Rasool Al-Azam au Yémen sont loin d'être un cas isolé. Ces exemples provenant de 13 pays distincts montrent en effet que Washington s'en prend depuis longtemps aux structures médicales.

En remontant plus loin dans le temps, le gouvernement nord-coréen estime que l'armée américaine a détruit quelque 1 000 hôpitaux durant la guerre de Corée. Ces chiffres sont tout à fait plausibles, compte tenu de la campagne de bombardements massive à laquelle le pays a été confronté. Des villes entières ont été rasées ou inondées après que des avions américains ont bombardé des barrages. Le professeur Bruce Cummings, éminent spécialiste américain de la Corée,  estime que les États-Unis ont tué environ 25 % de la population nord-coréenne entre 1950 et 1953.

Silence radio

L'article 8 du Statut de Rome, l'un des textes fondamentaux du droit international,  identifie explicitement comme crimes de guerre

"les attaques intentionnelles contre des bâtiments consacrés au culte, à l'éducation, aux arts, à la science ou caritatifs, les monuments historiques, les hôpitaux et les lieux recueillant des malades et des blessés, à condition que ces bâtiments ne servent pas à des fins militaires".

Que l'administration Trump ait frappé à plusieurs reprises un hôpital réputé et facilement identifiable au Yémen est d'une importance capitale. Mais en réalité, les médias grand public n'en ont pas fait état. Une recherche sur "Al Rasool Al-Azam Hospital" et "Yemen Hospital" dans la base de données Dow Jones Factiva, qui recense le contenu de plus de 32 000 médias américains et internationaux, montre qu'aucun grand média américain n'a même mentionné ce grave crime de guerre.

Non pas que l'information soit particulièrement difficile à trouver. Des personnalités médiatiques bien connues telles que  Pepe Escobar et 𝕏 Jackson Hinkle se sont rendues à Saada et ont diffusé des vidéos virales filmées depuis les décombres de l'hôpital. Ces informations circulent depuis des semaines sur les réseaux sociaux et ont été largement relayées par les médias alternatifs, notamment  Drop Site News, AntiWar.com,  Truthout,  Common Dreams, ainsi que par des médias étrangers tels que  Al-Jazeera, 𝕏 RT (anciennement Russia Today) et  The Cradle. Ainsi, tous les rédacteurs en chef de toutes les salles de rédaction et de tous les studios de télévision aux États-Unis ont accès à ces informations et ont pris la décision de ne pas couvrir cette histoire, un fait qui en dit long sur le pluralisme et la liberté de notre presse.

Ce désintérêt total pour les exactions commises par les États-Unis contraste fortement avec la réaction suscitée par les actes similaires commis par des États officiellement considérés comme ennemis. Lorsque la Russie a frappé des hôpitaux en Ukraine et en Syrie, ces incidents ont fait la une des journaux et ont été relayés dans les bulletins d'information télévisés. De plus, les médias corporatifs ont régulièrement qualifié explicitement ces événements de crimes de guerre (voir  PBS,  Politico,  Foreign Policy,  CNN,  Newsweek,  ABC News et le  Los Angeles Times). Les commentateurs se sont lancés dans de lyriques déclarations sur la nécessité de traduire le président russe Vladimir Poutine en justice. Et pourtant, lorsque les États-Unis se livrent au même exercice, cette cacophonie se fond dans un silence total - même s'il s'agit d'un président que beaucoup, dans les médias corporatifs, semblent prêts à attaquer à la moindre occasion.

L'attaque récente contre le centre de cancérologie au Yémen souligne qu'il est de plus en plus dangereux d'être un professionnel de la santé. Les États-Unis prennent depuis longtemps pour cible les hôpitaux des pays qu'ils ont décidé de déstabiliser. Et cela vaut tant pour les administrations démocrates que républicaines.

La triste réalité veut donc que si vous vous trouvez dans un pays dans le collimateur des États-Unis, vous êtes plus en sécurité loin d'un hôpital qu'à l'intérieur.

*  Alan MacLeod est rédacteur en chef chez MintPress News. Après avoir obtenu son doctorat en 2017, il a publié deux livres : ' Bad News From Venezuela' et ' Propaganda in the Information Age', ainsi que  un certain nombre d'articles universitaires. Il a également contribué à FAIR.org, The Guardian, Salon, The Grayzone, Jacobin Magazine et Common Dreams.

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