La gravité du naufrage, le plus meurtrier au large des côtes grecques depuis 2016, secoue la Grèce. Le jour du drame, le Premier ministre a décrété un deuil national de trois jours, jusqu'au vendredi 16 juin minuit. Depuis mercredi, la plupart des services publics sont restés fermés et les drapeaux en berne.
Touchés par cet événement dramatique, de nombreux citoyens grecs ont également exprimé leur solidarité sur les réseaux sociaux, dans la rue ou en apportant leur aide aux naufragés.
« Nous les aiderons de toutes les manières possibles »
Et en premier lieu, la municipalité de Kalamata où ont été emmenés les rescapés du naufrage. « Pour nous, la vie humaine n'a pas de prix et nous ferons de notre mieux pour nos semblables dans ce moment difficile », a déclaré dans un communiqué le maire de Kalamata, mercredi 14 juin.
La petite ville portuaire s'est retrouvée en quelques heures en première ligne dans la gestion de la crise. Dès les premières opérations de sauvetage, des bénévoles ont été mobilisés pour mettre en place l'accueil des rescapés dans la zone portuaire. Dans un autre communiqué publié sur son site ce jeudi, la municipalité a remercié les habitants et les entreprises locales pour la mobilisation immédiate.
À leur arrivée au port de Kalamata, les exilés secourus, 104 au total, ont été pris en charge dans des tentes installées par la Croix Rouge, le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies (UNHCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ils ont ensuite été emmenées dans un hangar aménagé en urgence pour les accueillir dans le port. Des couvertures et de la nourriture leur ont été distribués et un soutien psychologique leur a été proposé.
Gioli Kambouropoulo, une habitante venue en aide aux rescapés, a confié son émotion à Euronews : « J'espère que nous retrouverons d'autres survivants. Nous les aiderons de toutes les manières possibles ».
« Je n'ai jamais assisté à une telle opération de sauvetage »
De nombreux bénévoles de la Croix Rouge grecque et d'autres associations locales se sont rendus à Kalamata pour contribuer à l'opération de sauvetage. « La plupart de ces gens sont confus, ils sont choqués, ils ont perdu des êtres chers, ils ont passé plusieurs jours dans l'eau, luttant pour survivre. Nous devons prendre soin d'eux sur le plan physique comme mental, et les soulager au mieux pendant ces moments traumatisants », a confié un volontaire de la Croix rouge au média grec Larissa.
The shipwreck in front of Greece is the icon of the failure of the international community.
Proud of @greekredcross teams who have been supporting survivors immediately.
« Je n'ai jamais assisté à une telle opération de sauvetage auparavant. C'est une tragédie », a déclaré Dimitri Chaliotis, un autre volontaire, dans un communiqué publié par la Croix Rouge jeudi. « Le temps passe et les chances de retrouver des survivants s'amoindrissent » a-t-il ajouté.
Rassemblements à Athènes, Thessalonique et Kalamata
À Athènes et Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, quelque 5 000 personnes sont descendues dans les rues jeudi soir, selon la police. Dans la capitale, plusieurs milliers de personnes ont marché vers la place Syntagma et se sont rassemblés devant le Parlement grec, à l'appel de plusieurs partis de gauche, syndicats et associations.
📽️ Μαριλένα Κουντούρη#Καλαματα #Πυλος
À travers leurs slogans et leurs pancartes, les manifestants ont témoigné leur solidarité avec les victimes. Des slogans sur « l'échec de la politique migratoire », mais aussi contre les passeurs, « des criminels qui exploitent les migrants et les réfugiés », ont aussi été entendus.
Au même moment, un rassemblement avait lieu à Kalamata. Des habitants de la ville ont, eux aussi, rendu hommage aux victimes et protesté contre la politique anti-immigration du gouvernement.
Dans la presse grecque aussi, l'indignation face au drame s'est fait sentir. Jeudi, le quotidien de centre-gauche Efsyn affichait en une et en six langues un simple mot : « Honte ! ».