17/07/2018 voltairenet.org  5 min #143743

Rencontre historique entre Vladimir Poutine et Donald Trump à Helsinki

L'establishment Us derrière le Sommet d'Helsinki

par Manlio Dinucci

Alors que la presse internationale a déformé le contenu du sommet de l'Otan, l'establishment US en a parfaitement compris le seul enjeu : la fin de l'inimité avec la Russie. Aussi, perturber le sommet bilatéral USA-Russie d'Helsinki est devenu sa priorité. Il lui faut, par tous les moyens, s'opposer à un rapprochement avec Moscou.

Réseau Voltaire | Rome (Italie) | 17 juillet 2018

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« Nous avons à discuter sur tout, du commerce au militaire, aux missiles, au nucléaire, à la Chine » : ainsi a commencé le président Trump au Sommet d'Helsinki. « L'heure est venue de parler de façon détaillée de nos rapports bilatéraux et des points névralgiques internationaux », a souligné Poutine.

Mais ce ne sont pas seulement les deux présidents qui vont décider des rapports entre les États-Unis et la Russie dans l'avenir.

Ce n'est pas un hasard si, juste au moment où le président des États-Unis était sur le point de rencontrer celui de la Russie, le procureur spécial Robert Mueller III inculpait douze Russes sous l'accusation d'avoir manipulé aux USA les élections présidentielles, en pénétrant dans les réseaux informatiques du Parti démocrate pour nuire à la candidate Hillary Clinton. Les douze, accusés d'être des agents du service secret militaire GRU, se trouvent officiellement définis comme « les conspirateurs » et incriminés pour « conspiration aux dépens des États-Unis ». Simultanément Daniel Coats, directeur national du Renseignement et principal conseiller du président en la matière, accusait la Russie de vouloir « miner nos valeurs de base et notre démocratie ». Il lançait ensuite l'alarme sur la « menace des cyberattaques arrivée à un point critique » analogue à celui qui précéda le 11 septembre, de la part non seulement de la Russie, « l'agent étranger le plus agressif », mais aussi de la Chine et de l'Iran.

En même temps, à Londres, les « investigateurs » britanniques communiquaient que le service secret militaire russe GRU, qui aux États-Unis a saboté les élections présidentielles, est le même qui en Angleterre a empoisonné un ex-agent russe, Sergueï Skripal, et sa fille, qui ont inexplicablement survécu à un gaz extrêmement létal.

L'objectif politique de ces « enquêtes » est clair : soutenir qu'à la tête des « conspirateurs » se trouve le président russe Vladimir Poutine, avec lequel le président Donald Trump s'est assis à la table des négociations malgré la vaste opposition bi-partisane aux USA. Après l'inculpation des « conspirateurs », les Démocrates avaient demandé à Trump d'annuler la rencontre avec Poutine. Même s'ils n'y sont pas arrivés, leur pression sur les tractations reste forte.

Ce que Poutine essaie d'obtenir de Trump est à la fois simple et complexe : relâcher la tension entre les deux pays. Pour cela il a proposé à Trump, qui a accepté, une enquête conjointe sur la « conspiration ». On ne sait pas comment se déroulera la tractation sur les questions nodales : statut de la Crimée, condition de la Syrie, armes nucléaires et autres. Et on ne sait pas ce que demandera Trump. Il est cependant certain que toute concession pourra être utilisée pour l'accuser de connivence avec l'ennemi. S'opposent à un relâchement de la tension avec la Russie non seulement les Démocrates (qui, avec un renversement des rôles formels, jouent le rôle des « faucons »), mais aussi de nombreux Républicains parmi lesquels d'importants représentants de l'administration Trump elle-même. C'est l'establishment non seulement états-unien, mais aussi européen, dont les pouvoirs et profits sont liés aux tensions et aux guerres.

Ce seront non pas les mots, mais les faits, qui démontreront si le climat de détente du Sommet d'Helsinki deviendra réalité. Avant tout avec une désescalade de l'Otan en Europe, c'est-à-dire avec le retrait des forces y compris nucléaires des USA et de l'Otan déployées contre la Russie et avec le blocage de l'expansion de l'Otan à l'Est.

Même si un accord sur ces questions était atteint entre Poutine et Trump, ce dernier sera-t-il en capacité de le mettre en acte ? Ou ceux qui décideront en réalité seront-ils les puissants cercles du complexe militaro-industriel ?

Une chose est sûre : nous ne pouvons pas, en Italie et en Europe, rester de simples spectateurs des tractations dont dépend notre avenir.

 Manlio Dinucci

Traduction
 Marie-Ange Patrizio

 Il Manifesto (Italie)

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