Par MEE
La famine se profile à Gaza, alors que les Nations unies suspendent les livraisons d'aide dans le nord de l'enclave, selon des experts
Une offensive terrestre israélienne sur Rafah transformerait la ville frontalière de Gaza, où affluent les réfugiés, en un « cimetière », ont averti les responsables des principales organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme lors d'une conférence de presse spéciale qui s'est tenue mardi 20 février.
« Les conséquences d'un assaut de grande envergure sur Rafah sont vraiment inimaginables », a déclaré Avril Benoit, directrice exécutive de Médecins sans frontières (MSF) aux États-Unis, lors de la conférence de presse en ligne.
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« Alors que la population vit dans des abris de fortune qui ne peuvent même pas la protéger du froid, une offensive militaire transformerait la ville en cimetière. »
Avril Benoit s'est exprimé aux côtés de hauts responsables de Medico International, Amnesty International, Refugees International et Oxfam, avertissant qu'une invasion israélienne imminente de Rafah, qui abrite 1,5 million de Palestiniens dans des conditions sordides, risquerait d'aggraver la situation humanitaire déjà désastreuse dans l'enclave ravagée par la guerre.
Les responsables des ONG ont décrit dans des détails épouvantables la réalité quotidienne des travailleurs humanitaires et des Palestiniens dans la bande de Gaza. Avril Benoit a indiqué que des bébés ont été amputés de leurs jambes avant même d'avoir appris à marcher et que des femmes enceintes accouchent dans des tentes dans la rue.
La famine, une arme de guerre
Sally Abi Khalil, directrice régionale d'Oxfam pour le Moyen-Orient, a dénoncé le blocage de l'aide humanitaire par Israël, qui fait de « la famine une arme de guerre ».
Jeremy Konyndyk, président de Refugees International, a déclaré que l'enclave était « sur la voie très rapide de la famine ». Il a imputé l'incapacité des groupes humanitaires à acheminer des fournitures au fait qu'Israël n'a pas mis en place un véritable processus de déconfliction humanitaire, utilisé dans les zones de guerre pour faciliter l'acheminement de l'aide.
Le responsable de Refugees International a déclaré qu'Israël violait un arrêt provisoire de la Cour internationale de justice (CIJ) et a appelé Israël à arrêter d'entraver l'acheminement de l'aide à Gaza et à améliorer la situation humanitaire, ainsi qu'à prendre les mesures en son pouvoir pour prévenir les actes de génocide dans l'enclave assiégée.
Mardi, les Nations unies ont annoncé la suspension de l'aide alimentaire dans le nord de la bande de Gaza, déclarant que la région était en proie au « chaos et à la violence ».
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti qu'un manque alarmant de nourriture, une malnutrition endémique et la propagation rapide des maladies pourraient entraîner une « explosion » du nombre de décès infantiles à Gaza.
Une fillette palestinienne de 8 ans est morte de déshydratation et de faim dans la ville de Gaza, a 𝕏 rapporté samedi 17 février l'ONG Euro-Med Human Rights Monitor.
Véto des États-Unis
L'annonce de l'ONU est intervenue tandis que les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
C'est la quatrième fois que Washington bloque une telle mesure depuis le début de la guerre, en octobre. Washington a également opposé son veto en décembre à un amendement appelant à un cessez-le-feu que la Russie avait tenté d'inclure dans une résolution du Conseil de sécurité.
En guise d'alternative à la résolution de mardi 20 février, les États-Unis ont proposé leur propre contre-résolution qui condamnerait le Hamas pour avoir lancé les attaques du 7 octobre dans le sud d'Israël, tout en appelant à un cessez-le-feu « dès que possible », d'après une copie du projet de résolution consultée par Middle East Eye.
La résolution américaine s'oppose également à ce qu'Israël envisage une offensive de grande envergure sur Rafah, compte tenu de la situation actuelle sur le terrain à Rafah. Elle correspond aux déclarations publiques des responsables américains selon lesquelles Israël doit d'abord présenter un plan « crédible » pour évacuer les civils de la ville avant le début d'une offensive terrestre.
Jeremy Konyndyk, représentant de l'organisation Refugees International, a qualifié cette demande de « mirage » et de « feuille de vigne » pour une éventuelle offensive israélienne à venir.
« Ils [les Palestiniens] sont à Rafah avant tout parce que le reste de la bande de Gaza est devenu inhabitable », a-t-il rappelé lors de la conférence de presse.
La bande de Gaza a été décimée par les frappes aériennes et environ 85 % des Palestiniens de l'enclave ont été déplacés de leurs foyers. Israël envisage maintenant de déplacer les Palestiniens de Rafah, au nord de l'enclave, où les infrastructures essentielles ont été réduites en poussière.
« Je suis inquiet d'entendre cela de la part du gouvernement américain, car cela suggère qu'un tel scénario est possible, alors que ce n'est pas le cas. »
Traduit de l'anglais ( original).
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