By Dave DeCamp, le 6 novembre 2024
Il n'y a plus une seule maison où pouvoir vivre, et l'armée israélienne tire des obus pour s'assurer que tous les civils restants quittent les lieux.
Un reportage du journal israélien Haaretz publié mercredi a détaillé la situation à Beit Lahia, une ville dans le nord de Gaza près de la frontière israélienne où les forces israéliennes mettent en œuvre une campagne de nettoyage ethnique.
Au début du mois d'octobre, Israël a ordonné à des centaines de milliers de Palestiniens vivant dans le nord de la bande de Gaza de se diriger vers le sud. L'armée israélienne a alors concentré ses attaques au nord sur Beith Lahia et les localités voisines de Beit Hanoun et de Jabalia, où elle a imposé un blocus total pour affamer les civils.
L'armée israélienne a déclaré avoir expulsé de force 55 000 Palestiniens du camp de réfugiés de Jabalia et n'a pas l'intention de les laisser revenir. Selon Haaretz, il ne reste que quelques milliers de civils à Beit Lahia et Beit Hanoun.
"Il n'est pas question de permettre aux habitants du nord de la bande de Gaza de rentrer chez eux",
a déclaré mardi à la presse le général de brigade Itzik Cohen, porte-parole de l'armée israélienne .
Les journalistes de Haaretz se sont rendus à Beit Lahia et à al-Atatra, un quartier situé au nord-ouest de la ville, et ont décrit les destructions qu'ils ont vues.
"Dans [al-Atatra] et Beit Lahia, il n'y a plus une seule maison où pouvoir retourner et vivre. La zone semble avoir été frappée par une catastrophe naturelle. Il n'y a plus de civils dans les ruines", selon les journalistes.
Pour tenter d'éliminer les derniers civils, l'armée israélienne tire des salves d'obus sur Beit Lahia la nuit.
"Ceux qui veulent revenir ne le peuvent pas, car l'armée les en empêche. En fin de compte, la façon dont l'armée israélienne qualifie ses actions n'a aucune importance. L'armée a entrepris de nettoyer le nord de la bande de Gaza tout en se préparant à contrôler la région pendant longtemps", poursuivent-ils.
Les médias israéliens ont rapporté que l'armée israélienne exécute une version du "plan des généraux", un plan de nettoyage ethnique élaboré par un général de l'armée israélienne à la retraite. Ce plan prévoit l'évacuation complète de tous les civils palestiniens du nord de la bande de Gaza jusqu'en dessous du couloir de Netzarim, une bande de terre contrôlée par l'armée israélienne. Selon cette stratégie, si les civils ne partent pas, ils seront traités comme des combattants et abattus par l'armée, ou ils mourront de faim.
Alors que l'armée israélienne affirme que sa campagne de nettoyage ethnique est destinée à éliminer le Hamas, le commandant de Tsahal en charge de Beit Lahia, le colonel Yaniv Barot, a reconnu qu'aucune infrastructure militante significative n'a été découverte dans le secteur.
"Barot affirme que sa mission est de continuer à localiser et à éliminer les infrastructures terroristes et les activistes du Hamas. Mais il affirme qu'au cours de l'opération la plus récente, aucune infrastructure souterraine, aucun matériel de guerre lourd ni aucun site de production d'armes n'ont été découverts".
Le reportage de Haaretz indique que l'activité sur le terrain confirme que l'armée israélienne est en train de couper en deux le nord de la bande de Gaza, dans le but potentiel de préparer le terrain pour la construction de colonies juives, une idée activement soutenue par de nombreux ministres israéliens et membres de la Knesset.
L'administration Biden a affirmé s'opposer à toute mise en œuvre du "plan des généraux" et à l'avancement des colonies, mais elle a continué à fournir une aide militaire à la campagne de nettoyage ethnique.