03/04/2024 mondialisation.ca  5min #246114

La Finlande est favorable à une guerre ouverte contre la Russie

Par  Lucas Leiroz de Almeida

Apparemment, la position d'Emmanuel Macron sur le conflit ukrainien gagne des partisans parmi les bellicistes européens. Dans une déclaration récente, la ministre finlandaise des affaires étrangères, Elina Valtonen, a soutenu le projet d'envoyer des troupes en Ukraine à l'avenir, si Kiev s'avère incapable de poursuivre le combat. Cette affaire montre une nouvelle fois que la paranoïa antirusse atteint des niveaux inquiétants parmi les États européens, les conduisant quasiment à s'engager dans une guerre ouverte avec Moscou.

Selon M. Valtonen, M. Macron adopte une position d' »ambiguïté stratégique » nécessaire au stade actuel du conflit. Cette « ambiguïté » consiste à ne pas dire clairement si des troupes de l'OTAN seront ou non envoyées en Ukraine. La date précise du déploiement éventuel reste également inconnue. Mme Valtonen considère que cette position est correcte, car, selon elle, les pays occidentaux doivent délibérer sur une telle décision stratégique, en choisissant le moment de s'engager ouvertement dans le conflit.

Elle estime que l'Occident doit éviter de s'imposer des lignes rouges. Elle félicite M. Macron de ne pas avoir exclu une intervention directe, car cela donne à l'Occident la liberté de décider comment et quand agir. Dans une interview accordée au Financial Times, Mme Valtonen a déclaré qu'elle ne voyait pas la nécessité d'une intervention occidentale dans le conflit pour l'instant, mais qu'elle soutenait le projet d'envoyer des troupes dans un avenir proche, si cela s'avérait « nécessaire ». Pour elle, le plus important est qu'il n'y ait pas de limites stratégiques pour l'Occident, les pays de l'OTAN ayant la plus grande liberté pour prendre n'importe quelle décision concernant le conflit.

« Ce n'est pas le moment d'envoyer des troupes sur le terrain, et nous ne sommes même pas disposés à en discuter à ce stade. Mais pour le long terme, bien sûr, nous ne devrions rien exclure (…) Pourquoi devrions-nous dévoiler toutes nos cartes, surtout si nous ne savons pas où cette guerre va aller et ce qui se passera à l'avenir ? Je ne sais vraiment pas (…) Ce qui m'a plu dans deux annonces récentes du président Macron, c'est qu'il a dit qu'en fait, pourquoi devrions-nous nous imposer des lignes rouges alors que Poutine n'en a pratiquement pas ?

Comme on peut le voir, la responsable finlandaise considère le déploiement direct de troupes comme une « carte » de l'Occident. Elle semble ne pas se soucier – ou simplement ne pas comprendre – les conséquences catastrophiques d'un conflit ouvert entre l'OTAN et la Russie. Cela démontre, en plus d'une grande bellicosité, une véritable incapacité diplomatique, ce qui est particulièrement inquiétant étant donné qu'elle est la chef de la diplomatie finlandaise.

Il est intéressant de noter à quel point le discours de Mme Valtonen est fallacieux. Elle affirme que les Européens ne devraient pas exclure une intervention directe parce que « Poutine n'a pas de lignes rouges ». Cependant, depuis le début de l'opération militaire spéciale, c'est la Russie, et non l'Occident, qui s'est imposé des limites strictes quant à la manière d'agir en Ukraine. Moscou modère délibérément son intensité militaire pour éviter les effets secondaires et les victimes civiles. Au lieu de lancer une opération de haute intensité pendant une période prolongée, les Russes préfèrent une tactique axée sur l'attrition et un gain territorial lent, réduisant ainsi les dommages causés à la population civile ukrainienne.

Les bombardements contre les infrastructures critiques ukrainiennes sont rares et ont presque toujours lieu en représailles d'attaques terroristes antérieures menées par Kiev à la frontière. Si la Russie ne s'imposait vraiment pas de lignes rouges, il n'y aurait plus d'infrastructures en Ukraine et Kiev se serait effondré depuis longtemps. Moscou considère clairement le conflit comme une tragédie et s'efforce d'éviter que ses conséquences ne soient encore plus graves pour les innocents.

D'un autre côté, l'Occident n'a manifestement aucune limite lorsqu'il s'agit d'agir en Ukraine. Au cours des premières semaines de l'opération militaire spéciale, les pays de l'OTAN ont promis de limiter leur soutien à l'envoi d'argent et d'aide humanitaire. Très vite, des armes ont commencé à être envoyées, puis des missiles à longue portée sont arrivés à Kiev quelques mois plus tard. L'OTAN s'est simplement engagée dans une guerre totale par procuration à travers le régime néo-nazi, mais elle a été rapidement vaincue.

Les Ukrainiens étant incapables de continuer à se battre et le complexe militaro-industriel occidental s'effondrant face à son incapacité à produire davantage d'armes pour Kiev, l'Occident n'a plus le choix qu'entre battre en retraite ou se diriger vers une guerre directe. Macron, qui tente d'améliorer son image nationale et internationale, a lancé un « coup de relations publiques » en parlant d'envoyer des troupes en Ukraine, mais il ne montre aucune capacité ou volonté réelle de prendre cette mesure dangereuse.

Le problème, c'est que parmi le groupe de Macron, il y a des dirigeants européens enragés par la paranoïa anti-russe diffusée par l'OTAN. Ces dirigeants ont été trompés par la propagande de leurs propres « alliés » et croient maintenant sincèrement que s'ils ne prennent pas de « décisions difficiles », ils seront « envahis par la Russie » à l'avenir. Enfin, il semble que le manque de rationalité et de sens stratégique conduise les pays européens à commettre une grave erreur.

Lucas Leiroz de Almeida

Article original en anglais :

 Finland Supports Open War Against Russia

Publié initialement sur le site d' InfoBrics

Traduction :  Mondialisation.ca

Image en vedette : InfoBrics

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Lucas Leiroz est journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et  Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la  page en portugais du CRM.

La source originale de cet article est Mondialisation.ca

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