par AAFC
Onze jours après la tentative de coup d'État par la proclamation de la loi martiale, qui avait finalement été levée après un délai de six heures, le 14 décembre 2024 le Gukhoe a adopté une motion de destitution à l'encontre du président de la République de Corée (Corée du Sud) Yoon Seok-yeol (Parti du pouvoir au peuple, PPP, conservateur). Le Premier ministre Han Duck-soo (PPP) exerce l'intérim des fonctions de chef de l'État, en attendant la décision de la Cour constitutionnelle qui doit se prononcer dans un délai maximum de 180 jours. En cas d'approbation de la Cour constitutionnelle, une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans un nouveau délai de 60 jours.
Près de huit ans après la destitution de Park Geun-hye, l'histoire bégaie. Déjà, une présidente de la République conservatrice avait été destituée à la suite du vote d'une motion de destitution par une partie des députés du parti présidentiel, ayant renforcé les voix de l'opposition. À l'époque, son adversaire démocrate malheureux à la précédente élection présidentielle, Moon Jae-in, avait remporté l'élection présidentielle anticipée. À nouveau aujourd'hui, Lee Jae-myung, battu de peu à l'élection présidentielle de 2022 par Yoon Seok-yeol, fait figure de favori pour lui succéder - à condition que la Cour constitutionnelle valide la motion de destitution. Dans l'histoire de la République de Corée depuis le rétablissement de la démocratie en 1987, une troisième motion de destitution contre un chef de l'État sud-coréen, le démocrate Roh Moo-hyun, n'avait pas franchi le seuil du contrôle de constitutionnalité en 2004 - et le président Roh avait alors repris ses fonctions.
Mais les comparaisons avec le précédent de la présidente Park Geun-hye s'arrêtent là : les chefs d'accusation contre Yoon Seok-yeol - à savoir une tentative d'insurrection - sont autrement plus graves. Quant au parti présidentiel, il a tout fait pour sauver son leader, tout d'abord en ne votant pas une première motion de destitution, puis en laissant à Yoon Seok-yeol un délai pour démissionner. Cette ultime tentative s'était heurtée à une attitude de refus de Yoon Seok-yeol, déterminé à rester en place et à exercer le pouvoir tant qu'il ne serait pas condamné. Croit-il sérieusement prouver que sa tentative de coup d'État était justifiée ?
Dans ce contexte, le dirigeant du PPP Han Dong-hoon a cette fois laissé les députés du parti majoritaire voter en leur âme et conscience une seconde motion de destitution : aux 192 députés de l'opposition se sont joints 12 des 108 députés du PPP, permettant, avec 204 votes pour la motion, de franchir - de justesse - le seuil constitutionnel des deux tiers des parlementaires (200). 85 députés du PPP ont voté contre la motion, 8 se sont abstenus et 3 ont voté blanc ou nul. La motion de destitution de Park Geun-gye avait été adoptée par une fraction plus importante de députés de son parti, dont plusieurs avaient ensuite formé de nouveaux partis, classés au centre-droit de l'échiquier politique, qui n'avaient ensuite pas réussi à briser le bipartisme traditionnel en Corée du Sud entre les démocrates et les conservateurs.
Une explosion de joie a accueilli, partout en Corée, le vote de la motion de destitution du plus autoritaire président qu'ait connu la République de Corée depuis 1987. Comme en 2017, il est probable que les conservateurs vont essayer de faire bloc autour de Han Duck-soo pour sauver ce qu'ils peuvent de leur pouvoir, quitte à agiter la menace de la subversion des ennemis de l'intérieur et de l'extérieur, avant une élection présidentielle anticipée qui semble désormais inéluctable.
source : Association d'amitié franco-coréenne