I. Introduction - Qu'est-ce que la stratégie américaine ?
1. Comment la « stratégie » américaine s'est-elle fourvoyée
Pour s'assurer que l'Amérique reste le pays le plus fort, le plus riche, le plus puissant et le plus prospère du monde pour les décennies à venir, notre pays a besoin d'une stratégie cohérente et ciblée sur la manière dont nous interagissons avec le monde. Et pour y parvenir, tous les Américains doivent savoir exactement ce que nous essayons de faire et pourquoi.
Une « stratégie », c'est un plan concret et réaliste qui explique le lien essentiel entre la fin et les moyens : cela commence par une évaluation précise de ce qui est souhaité et des outils disponibles, ou qui peuvent être créés de manière réaliste, afin de pouvoir atteindre les résultats souhaités.
Une stratégie doit évaluer, trier et établir des priorités. Il n'est pas possible que chaque pays, région, problème ou cause, aussi louable soit-il, soit au centre de la stratégie américaine. L'objectif de la politique étrangère est la protection des intérêts nationaux fondamentaux ; c'est l'unique objectif de cette stratégie.
Depuis la fin de la guerre froide, les stratégies américaines n'ont pas été à la hauteur : Il s'agissait de simples listes à la Prévert de souhaits ou d'objectifs souhaités ; elles ne définissaient pas clairement ce que nous voulons, mais se contentaient d'énoncer de vagues platitudes ; et elles méconnaissaient souvent ce que nous aurions dû vouloir.
Après la fin de la guerre froide, les élites américaines en charge de la politique étrangère se sont convaincues que la domination permanente des États-Unis sur le monde entier était dans l'intérêt supérieur de notre pays. Pourtant, les affaires des autres pays ne nous concernent que si leurs activités menacent directement nos intérêts.
Nos élites ont mal évalué la volonté de l'Amérique d'assumer à jamais des fardeaux du monde entier pour lesquels le peuple américain ne voyait aucun lien avec l'intérêt national. Elles ont surestimé la capacité de l'Amérique à financer, simultanément, un État-providence-réglementation-administration massif et un complexe militaire, diplomatique, de renseignement et d'aide à l'étranger colossal. Ils ont fait des paris extrêmement malavisés et dévastateurs en faveur de la mondialisation et du soi-disant « libre-échange », sapant ainsi la classe moyenne et la structure industrielle sur lesquelles repose la prééminence économique et militaire des États-Unis. Ils ont permis à nos alliés et partenaires de faire porter le coût de leur défense sur le peuple américain, voire parfois de nous entraîner dans des conflits et des controverses qui étaient au cœur de leurs intérêts, mais qui étaient secondaires ou sans importance pour les nôtres. Enfin, ils ont arrimé la politique américaine à un réseau d'institutions internationales, dont certaines sont animées par un antiaméricanisme pur et simple et beaucoup par un transnationalisme qui cherche explicitement à dissoudre la souveraineté individuelle des États. En résumé, non seulement nos élites ont poursuivi un objectif fondamentalement indésirable et impossible à atteindre, mais elles ont également porté atteinte aux instruments mêmes qui étaient nécessaires pour atteindre cet objectif : l'identité de notre nation, sur laquelle se sont construits sa puissance, sa richesse et sa dignité.
2. La correction nécessaire et bienvenue du président Trump
Pourtant, on aurait pu éviter tout cela. La première administration du président Trump a prouvé qu'avec de bons dirigeants qui faisaient les bons choix, tout ce qu'on vient de dire aurait pu - et aurait dû - être évité, et bien d'autres choses auraient pu être accomplies. Lui et son équipe ont réussi avec un immense succès à rassembler les gigantesques forces de l'Amérique pour corriger le cap et commencer à ouvrir un nouvel âge d'or pour notre pays. Permettre aux États-Unis de persévérer dans cette voie est l'objectif primordial du second mandat du président Trump et du présent document.
Les questions qui se posent aujourd'hui sont les suivantes : 1) Quels devraient être les objectifs des États-Unis ? 2) De quels moyens disposons-nous pour les réaliser ? et 3) Comment pouvons-nous relier les objectifs et les moyens dans une stratégie de sécurité nationale viable ?
II. Quels devraient être les objectifs des États-Unis ?
1. Globalement, que voulons-nous ?
Avant tout, nous voulons la pérennité de la survie et de la sécurité des États-Unis en tant que république indépendante et souveraine dont le gouvernement garantit les droits naturels conférés par Dieu à ses citoyens, un gouvernement qui donne la priorité à leur bien-être et à leurs intérêts.
Nous voulons protéger notre pays, son peuple, son territoire, son économie et son mode de vie contre les attaques militaires et les influences étrangères hostiles, qu'il s'agisse d'espionnage, de pratiques commerciales prédatrices, de trafic de drogue et d'êtres humains, de propagande destructrice et d'opérations d'influence, de subversion culturelle ou de toute autre menace pesant sur notre nation.
Nous voulons un contrôle total de nos frontières, de notre système d'immigration et des réseaux de transport par lesquels les gens entrent dans notre pays, légalement ou illégalement. Nous voulons un monde dans lequel le mouvement migratoire n'est pas simplement « organisé », mais qui voit les pays souverains travailler de concert pour arrêter les flux de population déstabilisateurs plutôt que de les faciliter, et où ils ont le plein contrôle sur les personnes qu'ils acceptent ou pas.
Nous voulons une infrastructure nationale résiliente, capable de résister aux catastrophes naturelles, de résister aux menaces étrangères et de les contrecarrer, et de prévenir ou d'atténuer tout événement susceptible de nuire au peuple américain ou de perturber l'économie américaine. Aucun adversaire ou menace ne doit pouvoir mettre l'Amérique en danger.
Nous voulons recruter, former, équiper et déployer l'armée la plus puissante, la plus meurtrière et la plus avancée sur le plan technologique au monde pour protéger nos intérêts, décourager les guerres et, si nécessaire, les gagner rapidement et de manière décisive, avec le moins de pertes possible pour nos forces. Et nous voulons une armée composée de militaires qui soient tous fiers de leur pays et convaincus du bien-fondé de leur mission.
Nous voulons la dissuasion nucléaire la plus rigoureuse, la plus crédible et la plus moderne du monde, ainsi que des défenses antimissiles de nouvelle génération, y compris un Dôme d'or pour le territoire américain, afin de protéger le peuple américain, les actifs américains à l'étranger et les alliés des États-Unis.
Nous voulons l'économie la plus forte, la plus dynamique, la plus innovante et la plus avancée du monde. L'économie américaine est le fondement du mode de vie américain, lequel promet et garantit une prospérité générale et largement répandue, favorise l'ascension sociale et récompense le travail acharné. Notre économie est également le fondement de notre place sur la scène internationale et constitue le socle indispensable de notre armée.
Nous voulons l'industrie la plus performante au monde. La puissance nationale américaine dépend d'un secteur industriel solide, capable de répondre aux demandes de production en temps de paix comme en temps de guerre. Cela exige non seulement une capacité de production industrielle dans le domaine de la défense, mais aussi une capacité de production pour les secteurs connexes. Le renforcement de la puissance industrielle américaine doit devenir la priorité absolue de la politique économique nationale.
Nous voulons le secteur énergétique le plus robuste, le plus productif et le plus innovant du monde, capable non seulement d'alimenter la croissance économique américaine, mais aussi de devenir l'une des principales industries exportatrices du pays.
Nous voulons rester le pays le plus avancé et le plus novateur au monde sur les plans scientifique et technologique, et nous voulons mettre à profit ces atouts. Nous voulons également nous assurer que notre propriété intellectuelle ne soit pas volée par des étrangers. L'esprit pionnier de l'Amérique est un pilier essentiel de notre domination économique et de notre supériorité militaire ; il doit être préservé. Nous voulons maintenir le « soft power » inégalé des États-Unis, grâce auquel nous exerçons une influence positive à travers le monde dans le sens de nos intérêts. Ce faisant, nous assumerons sans complexe le passé et le présent de notre pays, tout en respectant les religions, les cultures et les systèmes politiques différents des autres pays. Le « soft power » qui sert les véritables intérêts nationaux des États-Unis n'est efficace que si nous avons foi en la grandeur et la honnêteté intrinsèques de notre pays.
Enfin, nous voulons restaurer et redynamiser la santé spirituelle et culturelle américaine, sans laquelle la sécurité à long terme est impossible. Nous voulons une Amérique qui chérit ses gloires passées et ses héros, et qui aspire à un nouvel âge d'or. Nous voulons un peuple fier, heureux et optimiste, convaincu qu'il laissera à la prochaine génération un pays meilleur que celui qu'il a trouvé. Nous voulons des citoyens qui ont un emploi rémunérateur, sans que personne ne soit laissé pour compte, et qui tirent satisfaction de savoir que leur travail est essentiel à la prospérité de notre nation et au bien-être des individus et des familles. Cela ne peut se faire sans un nombre croissant de familles traditionnelles solides qui élèvent des enfants en bonne santé.
2. Qu'attendons nous du monde et dans le monde ?
Pour atteindre ces objectifs, il faut mobiliser toutes les ressources de notre puissance nationale. Pourtant, cette stratégie est axée sur la politique étrangère. Quels sont les principaux intérêts des États-Unis en matière de politique étrangère ? Qu'attendons nous du monde et dans le monde ?
- Nous voulons nous assurer que l'hémisphère occidental reste raisonnablement stable et suffisamment bien gouverné pour prévenir et décourager les migrations massives vers les États-Unis ; nous voulons un hémisphère dont les gouvernements coopèrent avec nous contre les narcoterroristes, les cartels et autres organisations criminelles transnationales ; nous voulons un hémisphère à l'abri des incursions étrangères hostiles ou de la mainmise sur des actifs clés, et qui soutient les chaînes d'approvisionnement essentielles ; et nous voulons garantir le maintien de notre accès à des emplacements stratégiques clés. En d'autres termes, nous affirmerons et appliquerons un « corollaire Trump » à la doctrine Monroe ;
- Nous voulons stopper et inverser les dommages que les acteurs étrangers infligent à l'économie américaine tout en maintenant l'Indo-Pacifique libre et ouvert, en préservant la liberté de navigation sur toutes les voies maritimes cruciales et en maintenant des chaînes d'approvisionnement sûres et fiables ainsi que l'accès aux matières premières essentielles ;
- Nous voulons aider nos alliés à préserver la liberté et la sécurité de l'Europe, tout en rétablissant la confiance de l'Europe dans sa civilisation et son identité occidentale ;
- Nous voulons empêcher une puissance adverse de dominer le Moyen-Orient, ses approvisionnements en pétrole et en gaz et les points d'étranglement par lesquels ils passent, tout en évitant les « guerres éternelles » dans lesquelles nous nous sommes enlisés dans cette région au prix de lourdes pertes ;
- Nous voulons nous assurer que la technologie et les normes américaines, en particulier dans les domaines de l'intelligence artificielle, de la biotechnologie et de l'informatique quantique, font avancer le monde. Tels sont les intérêts nationaux fondamentaux et vitaux des États-Unis. Bien que nous en ayons d'autres, ce sont les intérêts sur lesquels nous devons nous concentrer avant tout autre chose, et ce serait à nos risques et périls de les ignorer.
III. Quels sont les moyens dont dispose l'Amérique pour obtenir ce qu'elle veut ?
L'Amérique conserve la position la plus enviable au monde, avec des atouts, des ressources et des avantages de premier plan, notamment :
- Un système politique qui reste réactif et capable de corriger le cap ;
- L'économie la plus importante et la plus novatrice au monde, une économie qui tout à la fois génère des richesses que nous pouvons investir dans des intérêts stratégiques et nous donne un moyen de pression sur les pays qui souhaitent accéder à nos marchés ;
- Le système financier et les marchés de capitaux les plus importants du monde, dont le statut de monnaie de réserve mondiale dévolu au dollar ;
- Le secteur technologique le plus avancé, le plus innovant et le plus rentable au monde, qui soutient notre économie, confère à notre armée une supériorité en termes de qualité et renforce notre influence mondiale ;
- L'armée la plus puissante et la plus performante du monde ;
- Un vaste réseau d'alliances, avec sur le plan stratégique des alliés et des partenaires dans les régions du monde les plus importantes ;
- Une géographie enviable avec des ressources naturelles abondantes, aucune puissance rivale occupant une position hégémonique dans notre hémisphère, des frontières ne présentant aucun risque d'invasion militaire, et séparées des autres grandes puissances par de vastes océans ;
- Un « soft power » et une influence culturelle inégalés ;
- Le courage, la volonté et le patriotisme du peuple américain.
En outre, grâce au programme national ambitieux du président Trump, les États-Unis :
- Réinsufflent une culture de la compétence, éradiquent les soi-disant « DEI » [diversité, équité, inclusion, NdT] et autres pratiques discriminatoires et anticoncurrentielles qui dégradent nos institutions et nous empêchent d'avancer ;
- Libèrent notre immense capacité de production d'énergie, ce qui est une priorité stratégique pour alimenter la croissance et l'innovation, et pour soutenir et reconstruire la classe moyenne ;
- Réindustrialisent notre économie, là encore pour soutenir davantage la classe moyenne et contrôler nos propres chaînes d'approvisionnement et capacités de production ;
- Rendent à nos citoyens leur liberté économique grâce à des réductions d'impôts historiques et à des efforts de déréglementation, faisant des États-Unis le lieu privilégié pour faire des affaires et investir ;
- Investissent dans les technologies émergentes et la science fondamentale, afin d'assurer la pérennité de notre prospérité, de notre avantage concurrentiel et de notre domination militaire pour les générations futures.
L'objectif de cette stratégie est d'associer tous ces atouts de premier plan au niveau mondial, ainsi que d'autres, afin de renforcer la puissance et la prééminence des États-Unis et de rendre notre pays encore plus grand qu'il ne l'a jamais été.
IV. La stratégie
1.Principes
La politique étrangère du président Trump est pragmatique sans être « pragmatiste » ; réalisable sans être « réaliste » ; fondée sur des principes sans être « idéaliste » ; musclée sans être « belliciste » ; et modérée sans être « laxiste » ; elle n'est pas fondée sur une idéologie politique traditionnelle. Elle est avant tout motivée par tout ce qui marche pour les États-Unis, ou, en deux mots : « L'Amérique d'abord. »
Le président Trump a consolidé son héritage en tant que président de la paix. Outre le succès remarquable de son premier mandat avec les accords historiques d'Abraham, le président Trump a mis à profit sa capacité à conclure des accords pour garantir une paix sans précédent dans huit conflits dans le monde en l'espace de seulement huit mois de son second mandat. Il a négocié la paix entre le Cambodge et la Thaïlande, le Kosovo et la Serbie, la RDC et le Rwanda, le Pakistan et l'Inde, Israël et l'Iran, l'Égypte et l'Éthiopie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan, et a mis fin à la guerre à Gaza avec le retour de tous les otages vivants dans leurs familles.
Le Commandant en chef de la nation s'intéresse à la prévention des conflits régionaux avant qu'ils ne dégénèrent en guerres mondiales qui entraînent des continents entiers dans leur sillage. et cela constitue une priorité pour notre administration. Un monde à feu et à sang, qui verrait les guerres atteindre nos côtes, est mauvais pour les intérêts américains. Le président Trump utilise une diplomatie non conventionnelle, et se sert de la puissance militaire de l'Amérique et du levier économique pour éteindre chirurgicalement les braises de la division entre les nations dotées de l'arme nucléaire et mettre fin aux guerres violentes dues à des haines séculaires. Le président Trump a prouvé que les politiques américaines en matière d'affaires étrangères, de défense et de renseignement doivent être guidées par les principes fondamentaux suivants :
- Une définition ciblée de l'intérêt national : depuis la fin de la guerre froide au moins, les administrations ont souvent publié des stratégies de sécurité nationale visant à élargir la définition de l'« intérêt national » de l'Amérique au point où presque aucune question ou initiative n'est considérée comme hors de son champ d'application. Mais en voulant tout cibler, on ne cible rien. Les intérêts fondamentaux des États-Unis en matière de sécurité nationale doivent être notre priorité.
- La paix par la force : La force est le meilleur moyen de dissuasion. Les pays ou autres acteurs suffisamment dissuadés de menacer les intérêts américains ne le feront pas. En outre, la force peut nous permettre de parvenir à la paix, car les parties qui respectent notre force recherchent souvent notre aide et sont ouverts à nos efforts pour résoudre les conflits et maintenir la paix. C'est pourquoi les États-Unis doivent maintenir l'économie la plus puissante, développer les technologies les plus avancées, renforcer la santé culturelle de notre société et disposer de l'armée la plus performante au monde.
- Prédisposition au non-interventionnisme : dans la Déclaration d'indépendance, les Pères fondateurs de l'Amérique ont clairement exprimé leur préférence pour le non-interventionnisme dans les affaires des autres nations et en ont précisé le fondement : de même que tous les êtres humains ont reçu de Dieu des droits naturels égaux, toutes les nations ont droit, en vertu des « lois de la nature et du Dieu de la nature », à un « statut distinct et égal » dans leurs relations mutuelles. Pour un pays dont les intérêts sont aussi nombreux et divers que les nôtres, une adhésion rigide au non-interventionnisme n'est pas tenable. Pourtant, cette prédisposition devrait fixer des critères exigeants pour ce qui serait une intervention justifiée.
- Réalisme flexible : Les politiques américaines seront réalistes quant à ce qu'il est possible et souhaitable de rechercher dans les relations avec d'autres nations. Nous recherchons de bonnes relations et des relations commerciales paisibles avec les nations du monde sans leur imposer des changements démocratiques ou sociaux qui diffèrent largement de leurs traditions et de leur histoire. Nous reconnaissons et affirmons qu'il n'y a rien d'incohérent ou d'hypocrite à agir en fonction d'une telle évaluation réaliste ou à maintenir de bonnes relations avec des pays dont les systèmes de gouvernement et les sociétés diffèrent des nôtres, même si nous encourageons nos amis de même sensibilité à respecter nos normes communes, et ce faisant, nous servons nos intérêts.
- Primauté des nations : L'unité politique fondamentale du monde est et restera l'État-nation. Il est naturel et juste que toutes les nations fassent passer leurs intérêts en premier et protègent leur souveraineté. Le monde fonctionne mieux lorsque les nations donnent la priorité à leurs propres intérêts. C'est ce que les États-Unis feront et, dans leurs relations avec les autres nations, les encourageront à en faire de même. Nous défendons les droits souverains des nations, nous nous opposons aux incursions des organisations transnationales les plus intrusives, lesquelles portent atteinte à ceux-ci, et nous voulons une réforme de ces institutions qui doivent aider la souveraineté individuelle au lieu de l'entraver et servir davantage les intérêts américains.
- Souveraineté et respect : Les États-Unis protégeront sans complaisance leur propre souveraineté. Il s'agit notamment d'empêcher son érosion par des organisations transnationales et internationales, les tentatives de puissances ou d'entités étrangères de censurer notre discours ou de restreindre la liberté d'expression de nos citoyens, les opérations de lobbying et d'influence qui cherchent à orienter nos politiques ou à nous impliquer dans des conflits à l'étranger, et la manipulation cynique de notre système d'immigration pour constituer des blocs électoraux fidèles à des intérêts étrangers à l'intérieur de notre pays. Les États-Unis traceront leur propre voie dans le monde et détermineront leur propre destin, sans ingérence extérieure.
- Équilibre des puissances : Les États-Unis doivent empêcher toute nation de devenir si dominante qu'elle pourrait menacer nos intérêts. Nous travaillerons avec nos alliés et partenaires pour maintenir l'équilibre des forces aux niveaux mondial et régional afin d'empêcher l'émergence d'adversaires hégémoniques. Alors que les États-Unis rejettent le concept désastreux de domination mondiale pour eux-mêmes, nous devons empêcher la domination mondiale, et dans certains cas même régionale, d'autres pays. Cela ne signifie pas gaspiller du sang et des richesses pour réduire l'influence de toutes les grandes et moyennes puissances du monde. L'influence démesurée des nations plus grandes, plus riches et plus fortes est une vérité intemporelle des relations internationales. Cette réalité implique parfois de travailler avec des partenaires pour contrecarrer les ambitions qui menaceraient nos intérêts communs.
- En faveur des travailleurs américains : La politique américaine sera favorable aux travailleurs, et pas seulement à la croissance, et elle donnera la priorité à nos propres travailleurs. Nous devons reconstruire une économie qui garantira que la prospérité soit solidement ancrée et partagée, et non concentrée au sommet ou localisée dans certaines industries ou quelques régions de notre pays.
- Équité - Depuis les alliances militaires jusqu'aux relations commerciales et au-delà, les États-Unis insisteront pour être traités équitablement par les autres pays. Nous ne tolérerons plus, et ne pouvons plus accepter le parasitisme, les déséquilibres commerciaux, les pratiques économiques prédatrices et les autres atteintes à la bonne volonté dont notre nation a toujours fait preuve et qui nuisent à nos intérêts. Tout comme nous voulons que nos alliés soient riches et influents, nos alliés doivent comprendre qu'il est dans leur intérêt que les États-Unis restent également riches et influents. En particulier, nous attendons de nos alliés qu'ils consacrent une part beaucoup plus importante de leur produit intérieur brut (PIB) à leur propre défense, afin de commencer à compenser les énormes déséquilibres accumulés au cours de décennies de dépenses beaucoup plus importantes de la part des États-Unis.
- Compétence et mérite : La prospérité et la sécurité des États-Unis dépendent du développement et de la promotion de la compétence. Celle-ci et le mérite comptent parmi nos plus grands atouts de notre civilisation : lorsque les Américains les plus compétents sont embauchés, promus et honorés, l'innovation et la prospérité suivent. Si la compétence devait être détruite ou systématiquement découragée, les systèmes complexes que nous considérons comme acquis - et cela va des infrastructures à la sécurité nationale en passant par l'éducation et la recherche - cesseraient de fonctionner. Si le mérite est étouffé, les avantages traditionnels de l'Amérique dans les domaines de la science, de la technologie, de l'industrie, de la défense et de l'innovation s'étioleront. Le succès des idéologies radicales qui cherchent à remplacer la compétence et le mérite par le statut de groupe favorisé rendrait l'Amérique méconnaissable et incapable de se défendre. Dans le même temps, nous ne pouvons pas permettre que la méritocratie soit utilisée comme justification pour ouvrir le marché du travail américain au monde entier au nom de la recherche de « talents mondiaux », au détriment des travailleurs américains. En tous nos principes et toutes nos actions, l'Amérique et les Américains doivent toujours passer en premier.
2. Les priorités
- L'ère des migrations de masse est révolue : Les personnes qu'un pays admet sur son territoire, leur nombre et leur provenance définissent inévitablement l'avenir de ce pays. Tout pays qui se considère comme souverain a le droit et le devoir de définir son avenir. Tout au long de l'histoire, les nations souveraines ont interdit les migrations incontrôlées et n'octroyaient que rarement le droit de citoyenneté aux étrangers, lesquels devaient en outre satisfaire à des critères exigeants. L'expérience de l'Occident au cours des dernières décennies confirme cette sagesse immuable. Dans tous les pays du monde, les migrations de masse ont pesé sur les ressources nationales, augmenté la violence et d'autres formes de criminalité, affaibli la cohésion sociale, faussé les marchés du travail et compromis la sécurité nationale. L'ère des migrations de masse doit cesser. La sécurité des frontières est l'élément premier de la sécurité nationale. Nous devons protéger notre pays des invasions, non seulement de l'immigration incontrôlée, mais aussi des menaces transfrontalières telles que le terrorisme, la drogue, l'espionnage et la traite des êtres humains. Une frontière contrôlée par la volonté du peuple américain et gérée par son gouvernement est fondamentale pour la survie des États-Unis en tant que république souveraine.
- Protection des droits et libertés fondamentaux : L'objectif du gouvernement américain est de garantir les droits naturels conférés par Dieu aux citoyens américains. À cette fin, les ministères et les agences du gouvernement des États-Unis se sont vu confier des pouvoirs redoutables. Ces pouvoirs ne doivent jamais être utilisés de manière abusive, que ce soit sous couvert de « déradicalisation », de « protection de notre démocratie » ou tout autre prétexte. Lorsque ces pouvoirs sont utilisés abusivement, les auteurs de ces abus doivent être tenus pour responsables. En particulier, les droits à la liberté d'expression, à la liberté de religion et de conscience, ainsi que le droit de choisir et de diriger notre gouvernement commun sont des droits fondamentaux qui ne doivent jamais être enfreints. En ce qui concerne les pays qui partagent, ou disent partager ces principes, les États-Unis plaideront vigoureusement pour qu'ils soient respectés dans leur lettre et leur esprit. Nous nous opposerons aux restrictions antidémocratiques imposées par les élites à l'encontre des libertés fondamentales en Europe, dans la sphère anglophone et dans le reste du monde démocratique, en particulier parmi nos alliés.
- Partage et transfert des charges : L'époque où les États-Unis, comme Atlas, portaient sur leurs épaules l'ensemble de l'ordre mondial est révolue. Nous comptons parmi nos nombreux alliés et partenaires des dizaines de nations riches et industralisées qui doivent assumer la responsabilité première de leurs régions et contribuer bien davantage à notre défense collective. Le président Trump a établi une nouvelle norme mondiale avec l'engagement de La Haye, qui impose aux pays de l'OTAN de consacrer 5 % de leur PIB à la défense et que nos alliés de l'OTAN ont approuvé et doivent maintenant respecter. Poursuivant l'approche du président Trump consistant à demander aux alliés d'assumer la responsabilité première de leurs régions, les États-Unis organiseront un réseau de partage des charges, notre gouvernement jouant le rôle d'organisateur et de soutien. Cette approche garantit que les charges sont partagées et que tous ces efforts bénéficient d'une légitimité plus large. Le modèle sera celui de partenariats ciblés utilisant des outils économiques pour harmoniser les incitations, partager les charges avec des alliés partageant les mêmes idées et insister sur les réformes qui ancrent la stabilité à long terme. Cette clarté stratégique permettra aux États-Unis de lutter efficacement contre les influences hostiles et subversives tout en évitant la dispersion et le flou qui ont compromis les efforts passés. Les États-Unis se tiendront prêts à aider - éventuellement par le biais d'un traitement plus favorable en matière commerciale, de partage de technologies et d'achats dans le domaine de la défense - les pays qui acceptent volontairement d'assumer davantage de responsabilités en matière de sécurité dans leur région et d'aligner leurs contrôles à l'exportation sur les nôtres.
- Le réalignement par la paix : La recherche d'accords de paix sur instruction du président, même dans des régions et des pays périphériques par rapport à nos intérêts fondamentaux immédiats, est un moyen efficace d'accroître la stabilité, de renforcer l'influence mondiale de l'Amérique, de réaligner les pays et les régions sur nos intérêts et d'ouvrir de nouveaux marchés. Les ressources nécessaires se résument à la diplomatie présidentielle, que notre grande nation ne peut mettre en œuvre qu'avec un leadership compétent. Les dividendes, c'est à dire la fin de conflits de longue date, des vies sauvées, de nouveaux amis, peuvent largement compenser les coûts relativement mineurs en termes de temps et d'attention.
- Sécurité économique : Enfin, la sécurité économique étant fondamentale pour la sécurité nationale, nous nous efforcerons de renforcer davantage l'économie américaine, en mettant l'accent sur les points suivants :
o Garantir un commerce équilibré : Les États-Unis donneront la priorité au rééquilibrage de leurs relations commerciales, à la réduction des déficits commerciaux, à la lutte contre les obstacles à nos exportations et à la fin du dumping et des autres pratiques anticoncurrentielles qui nuisent aux industries et aux travailleurs américains. Nous cherchons à conclure des accords commerciaux équitables et réciproques avec les nations qui souhaitent commercer avec nous sur la base de l'intérêt mutuel et du respect. Mais nos priorités doivent être et seront nos propres travailleurs, nos propres industries et notre propre sécurité nationale.
o Sécuriser l'accès aux chaînes d'approvisionnement et aux matériaux essentiels - Comme l'a affirmé Alexander Hamilton dans les premiers temps de notre république, les États-Unis ne doivent jamais dépendre d'une puissance extérieure pour les composants essentiels, depuis les matières premières jusqu'aux pièces détachées en passant par les produits finis, nécessaires à la défense ou à l'économie de la nation. Nous devons garantir à nouveau un accès indépendant et fiable aux biens dont nous avons besoin pour nous défendre et préserver notre mode de vie. Pour cela il sera nécessaire d'élargir l'accès des Américains aux minéraux et matériaux essentiels, tout en luttant contre les pratiques économiques prédatrices. En outre, la communauté du renseignement assurera la surveillance des principales chaînes d'approvisionnement et des avancées technologiques dans le monde afin de nous permettre de comprendre et d'atténuer les vulnérabilités et les menaces qui pèsent sur la sécurité et la prospérité des États-Unis.
o Réindustrialiser - L'avenir appartient aux manufacturiers. Les États-Unis réindustrialiseront leur économie, « relocaliseront » la production industrielle et encourageront et attireront les investissements dans notre économie et notre main-d'œuvre, en mettant l'accent sur les secteurs technologiques critiques et émergents qui définiront l'avenir. Nous y parviendrons par l'utilisation stratégique des droits de douane et des nouvelles technologies qui favorisent une production industrielle généralisée partout dans notre pays, améliorent le niveau de vie des travailleurs américains et garantissent que notre pays ne sera plus jamais dépendant d'un adversaire, actuel ou potentiel, pour des produits ou des composants critiques.
o Relancer notre base industrielle de défense - Une armée forte et compétente ne peut exister sans une base industrielle de défense forte et compétente. L'écart considérable, mis en évidence dans les conflits récents, entre les drones et les missiles bon marché et les systèmes coûteux nécessaires pour s'en défendre a mis en lumière notre besoin de changement et d'adaptation. L'Amérique a besoin d'une mobilisation nationale pour innover des défenses puissantes à faible coût, pour produire à grande échelle les systèmes et les munitions les plus performants et les plus modernes, et pour relocaliser nos chaînes d'approvisionnement industrielles de défense. En particulier, nous devons fournir à nos combattants toute la gamme des capacités, depuis les armes à faible coût qui peuvent vaincre la plupart des adversaires jusqu'aux systèmes haut de gamme les plus performants nécessaires pour un conflit avec un ennemi sophistiqué. Et pour concrétiser la vision du président Trump, à savoir la paix par la force, nous devons le faire rapidement. Nous encouragerons également la revitalisation des bases industrielles de tous nos alliés et partenaires afin de renforcer la défense collective.
o Retrouver une domination énergétique - Le rétablissement de la domination énergétique américaine (dans les domaines du pétrole, du gaz, du charbon et du nucléaire) et la relocalisation des composants énergétiques clés nécessaires consituent une priorité stratégique absolue. Une énergie abondante et bon marché permettra de créer des emplois bien rémunérés aux États-Unis, de réduire les coûts pour les consommateurs et les entreprises américains, de stimuler la réindustrialisation et contribuera à maintenir notre avantage dans les technologies de pointe telles que l'intelligence artificielle. L'augmentation de nos exportations nettes d'énergie renforcera également nos relations avec nos alliés tout en réduisant l'influence de nos adversaires, protégera notre capacité à défendre nos côtes et nous permettra de démontrer notre puissance lorsque cela s'avérera nécessaire. Nous rejetons les idéologies désastreuses du « changement climatique » et du « zéro net » qui ont tant nui à l'Europe, menacent les États-Unis et favorisent nos adversaires.
o Préserver et renforcer la domination du secteur financier américain - Les principaux marchés monétaires et financiers mondiaux se trouvent aux États-Unis et font son orgueil. Ils constituent les piliers de l'influence américaine et offrent aux décideurs politiques des leviers et des outils efficaces pour faire progresser les priorités nationales en matière de sécurité. Cependant, notre position de leader ne peut être considérée comme acquise. Pour préserver et renforcer notre domination, nous devons tirer parti de notre système de libre marché dynamique et de notre leadership dans le domaine de la finance numérique et de l'innovation, afin de garantir que nos marchés restent les plus dynamiques, les plus fluides et les plus sûrs, suscitant l'admirationdu monde entier.
3. Les régions
Il est désormais courant que ce type de documents mentionne toutes les régions du monde et tous les problèmes, partant du principe que toute omission équivaut à un angle mort ou à un affront. En conséquence, ces documents deviennent trop volumineux et manquent de précision, ce qui est contraire à ce que devrait être une stratégie.
Fixer des priorités, c'est faire des choix, c'est reconnaître que les choses n'ont pas toutes la même importance pour tout le monde. Cela ne signifie pas pour autant que certains peuples, certaines régions ou certains pays sont intrinsèquement sans importance. Les États-Unis sont, sans conteste, la nation la plus généreuse de l'histoire, mais on ne peut pas se permettre pour autant d'accorder la même attention à toutes les régions et à tous les problèmes du monde.
La politique de sécurité nationale a pour objet de protéger les intérêts nationaux fondamentaux, certaines priorités dépassent les limites régionales. Par exemple, une activité terroriste dans une région par ailleurs moins importante peut nécesster notre attention immédiate. Il serait toutefois erroné de considérer cette nécessité comme une raison suffisante pour accorder une attention persistante à cette périphérie.
A. Hémisphère occidental : Le corollaire Trump de la doctrine Monroe
Après des années d'abandon, les États-Unis réaffirmeront et imposeront la doctrine Monroe afin de restaurer la prééminence américaine dans l'hémisphère occidental et de protéger notre patrie et notre accès à des zones géographiques clés dans l'ensemble de la région. Nous empêcherons les pays non situés dans cet hémisphère de positionner des forces ou de déployer d'autres moyens de pression, ou de posséder ou de contrôler des actifs stratégiquement vitaux dans notre hémisphère. Ce « corollaire Trump » à la doctrine Monroe est un retour au bon sens et un renforcement puissant de la puissance et des priorités américaines, conforme aux intérêts de sécurité des États-Unis.
Nos objectifs pour l'hémisphère occidental peuvent se résumer à « Enrôler et S'Etendre ». Nous enrôlerons nos amis influents de l'hémisphère afin de contrôler les migrations, endiguer les flux de drogue et renforcer la stabilité et la sécurité sur terre et sur mer. Nous élargirons notre réseau en tissant et en renforçant de nouveaux partenariats tout en affirmant l'attrait de notre propre nation en tant que partenaire économique et sécuritaire de choix de l'hémisphère.
Enrôler
La politique américaine devrait s'attacher à rallier des leaders régionaux capables de contribuer à instaurer une stabilité acceptable dans la région, même au-delà des frontières de ces partenaires. Ces nations nous aideraient notamment à mettre fin au phénomène migratoire illégal et déstabilisateur, à neutraliser les cartels, à développer la production industrielle à proximité des côtes et à développer les économies privées locales. Nous récompenserons et encouragerons les gouvernements, les partis politiques et les mouvements régionaux qui adhèrent largement à nos principes et à notre stratégie. Toutefois, nous ne devons pas négliger les gouvernements ayant des perspectives différentes, mais avec lesquels nous partageons néanmoins des intérêts et qui souhaitent coopérer avec nous.
Les États-Unis doivent reconsidérer leur présence militaire dans l'hémisphère occidental. Cela implique quatre décisions évidentes :
- Un réajustement de notre présence militaire mondiale afin de faire face aux menaces pressantes dans notre hémisphère, et en particulier aux missions ciblées par notre stratégie, et un retrait des théâtres d'opérations dont l'importance relative pour la sécurité nationale américaine a diminué au cours des dernières décennies ou années ;
- Une surveillance renforcée du littoral par la marine et les garde-côtes pour contrôler les voies maritimes, contrecarrer les migrations illégales et autres migrations non désirées, réduire le trafic d'êtres humains et de stupéfiants et contrôler les principaux itinéraires de transit en cas de crise ;
- des déploiements ciblés pour sécuriser les frontières et vaincre les cartels, y compris, le cas échéant, par l'utilisation de la force létale pour remplacer la stratégie uniquement fondée sur le droit qui a échoué au cours des dernières décennies ;
- Développer ou améliorer l'accès dans des endroits stratégiques.
Les États-Unis donneront la priorité à la diplomatie commerciale, afin de renforcer leur propre économie et leurs industries, en utilisant les droits de douane et les accords commerciaux réciproques comme des outils puissants. L'objectif est que les nations qui sont nos partenaires développent leurs économies nationales, tandis qu'un hémisphère occidental économiquement plus fort et plus évolué devient un marché de plus en plus attractif pour le commerce et les investissements américains.
Le renforcement des chaînes d'approvisionnement critiques dans cet hémisphère réduira nos dépendances et augmentera la résilience économique américaine. Les liens créés entre les États-Unis et nos partenaires profiteront aux deux parties tout en entravant la capacité des pays hors hémisphère à accroître leur influence dans la région. Et même si nous accordons la priorité à la diplomatie commerciale, nous nous efforcerons de renforcer nos partenariats en matière de sécurité, qu'il s'agisse de la vente d'armes, du partage de renseignements ou d'exercices conjoints.
S'étendre
Tout en approfondissant nos partenariats avec les pays avec lesquels l'Amérique entretient actuellement des relations étroites, nous devons chercher à étendre notre réseau dans la région. Nous voulons que les autres nations nous considèrent comme leur partenaire de premier choix et nous les dissuaderons (par divers moyens) de collaborer avec d'autres. L'hémisphère occidental recèle de nombreuses ressources stratégiques que l'Amérique devrait développer en partenariat avec ses alliés régionaux, afin d'accroître la prospérité des pays voisins et du nôtre. Le Conseil national de sécurité va immédiatement entamer un processus interagences dynamique afin de confier à certaines agences, avec le soutien du service d'analyse de notre communauté du renseignement, la tâche d'identifier les sites et ressources stratégiques de l'hémisphère occidental à protéger et à développer conjointement avec nos partenaires régionaux.
Certains concurrents hors hémisphère ont fait des incursions majeures dans le nôtre, à la fois pour nous désavantager économiquement aujourd'hui d'une manière qui pourrait nous nuire stratégiquement à l'avenir. Permettre ces incursions sans riposte sérieuse est une autre grande erreur stratégique américaine de ces dernières décennies.
La prééminence des États-Unis dans l'hémisphère occidental est la garantie de notre sécurité et de notre prospérité, elle nous permet de nous affirmer avec confiance où et quand nous en avons besoin dans la région. Les conditions de nos alliances et celles qui conditionnent l'octroi de toute forme d'aide doivent être subordonnées à la réduction de l'influence hostile extérieure, qu'il s'agisse du contrôle des installations militaires, des ports et des infrastructures clés ou de l'achat d'actifs stratégiques au sens large.
Une partie de l'influence étrangère sera difficile à contrer, étant donné les alignements politiques entre certains gouvernements latino-américains et certains acteurs étrangers. Toutefois, de nombreux gouvernements ne sont pas idéologiquement alignés sur ces puissances étrangères, mais sont plutôt attirés par la possibilité de faire des affaires pour d'autres raisons, notamment les faibles coûts et les obstacles réglementaires moins nombreux. Les États-Unis ont réussi à faire reculer l'influence extérieure dans l'hémisphère occidental en démontrant, très précisément, le montant des coûts cachés (espionnage, cybersécurité, pièges de la dette et autres) inhérents à toute aide étrangère prétendument « peu coûteuse ». Nous devrions intensifier ces efforts, y compris en nous servant des pressions des États-Unis dans les domaines financiers et technologiques pour inciter les pays à rejeter ce type d'aide.
Dans l'hémisphère occidental et partout dans le monde, les États-Unis doivent faire comprendre que l'achat de biens, de services et de technologies américains sont un bien meilleur investissement à long terme, parce qu'ils sont de meilleure qualité et ne sont pas soumises aux mêmes conditions que l'aide apportée par d'autres pays. Ceci dit, nous allons réformer notre propre système afin d'accélérer les procédures de validation et d'octroi de licences, là encore, pour que nous soyons un partenaire de premier choix. Chaque pays doit choisir s'il souhaite vivre dans un monde mené par les États-Unis, composé de pays souverains et d'économies libres, ou dans un monde parallèle où il subit l'influence de pays situés à l'autre bout du globe.
Tout fonctionnaire américain travaillant dans ou sur la région doit être parfaitement informé de l'ensemble des influences extérieures néfastes, tout en exerçant des pressions et en offrant des incitations aux pays partenaires afin de protéger notre hémisphère.
La protection efficace de notre hémisphère passe également par une collaboration plus étroite entre le gouvernement américain et le secteur privé américain. Toutes nos ambassades doivent être à l'affût des débouchés commerciaux qui se présentent, en particulier des principaux contrats gouvernementaux. Chaque fonctionnaire du gouvernement américain qui interagit avec ces pays doit comprendre qu'une partie de son travail consiste à aider les entreprises américaines à être compétitives et à réussir.
Le gouvernement américain identifiera, dans chaque région, les opportunités stratégiques d'acquisition et d'investissement pour les entreprises américaines et les soumettra à l'évaluation des programmes de financement du gouvernement américain, y compris, mais sans s'y limiter, ceux des départements d'État, de la guerre et de l'énergie, de la Small Business Administration, de l'International Development Finance Corporation, de l'Export-Import Bank et de la Millennium Challenge Corporation. Il nous faut également établir des partenariats avec les gouvernements et les entreprises régionaux pour construire des infrastructures énergétiques évolutives et résilientes, investir dans l'accès aux minerais essentiels et renforcer les réseaux de communication électroniques existants et futurs qui exploitent pleinement le potentiel américain en matière de cryptage et de sécurité. Les entités gouvernementales américaines susmentionnées devraient être utilisées pour financer une partie des coûts liés à l'achat de produits américains à l'étranger.
Les États-Unis doivent également résister et mettre en échec les mesures telles que la taxation ciblée, les réglementations déloyales et les expropriations qui désavantagent les entreprises américaines. Les termes de nos accords, en particulier avec les pays qui dépendent le plus de nous et sur lesquels nous avons donc le plus d'influence, doivent être des contrats à fournisseur unique pour nos entreprises. Dans le même temps, nous devons tout mettre en oeuvre pour repousser les entreprises étrangères qui construisent des infrastructures dans la région.
B. Asie : Gagner la bataille économique, éviter la confrontation militaire
Diriger depuis une position de force
Le président Trump a renversé à lui seul plus de trois décennies d'hypothèses américaines erronées sur la Chine : à savoir qu'en ouvrant nos marchés à la Chine, en encourageant les entreprises américaines à investir en Chine et en externalisant notre fabrication en Chine, nous faciliterions l'entrée de la Chine dans le soi-disant « ordre international fondé sur des règles ». Ce n'est pas ce qui s'est produit. La Chine est devenue riche et puissante, et s'est servie avec beaucoup d'habileté des avantages que cela lui procurait. Les élites américaines, au cours de quatre administrations successives des deux partis politiques, ont été soit volontairement facilité la stratégie chinoise, soit se sont réfugiées dans le déni.
La région Indo-Pacifique représente déjà près de la moitié du PIB mondial en termes de parité de pouvoir d'achat (PPA) et d'un tiers en termes de PIB nominal. Cette part ne manquera pas d'augmenter au cours du 21e siècle. Cela signifie que cette région est déjà et continuera d'être l'un des principaux terrains d'affrontements économiques et géopolitiques du siècle prochain. Pour prospérer nationalement, nous devons être compétitifs là bas, et c'est ce que nous faisons. Lors de ses déplacements en octobre 2025, le président Trump a signé des accords majeurs qui renforcent nos liens puissants en matière de commerce, de culture, de technologie et de défense, et qui réaffirment notre engagement en faveur d'une région indo-pacifique libre et ouverte.
L'Amérique dispose d'atouts considérables, l'économie et l'armée les plus puissantes du monde, une innovation de premier plan, un « soft power » inégalé et une tradition bien établie d'aide à nos alliés et partenaires, ce qui nous permet d'être compétitifs. Le président Trump est en train de nouer des alliances et de renforcer des partenariats dans la région indo-pacifique afin de garantir la sécurité et la prospérité à long terme.
Économie : Les enjeux ultimes
Depuis la réouverture de l'économie chinoise au monde en 1979, les relations commerciales entre nos deux pays ont été et restent fondamentalement déséquilibrées. Ce qui a commencé comme une relation entre une économie riche et mature et l'un des pays les plus pauvres du monde est devenue une relation entre quasi-pairs, même si, jusqu'à très récemment, le positionnement des États-Unis restait encore enraciné dans ces hypothèses passées.
La Chine s'est adaptée au changement de politique tarifaire des États-Unis qui a débuté en 2017 en partie en renforçant son emprise sur les chaînes d'approvisionnement, en particulier dans les pays à revenu faible ou moyen (c'est-à-dire dont le PIB par habitant est inférieur ou égal à 13 800 dollars), qui comptent parmi les plus grands terrains d'affrontement économique des décennies à venir. Les exportations de la Chine vers les pays à faible revenu ont doublé entre 2020 et 2024. Les États-Unis importent indirectement des produits chinois via des intermédiaires et des usines construites par la Chine dans une douzaine de pays, dont le Mexique. Les exportations de la Chine vers les pays à faible revenu sont aujourd'hui près de quatre fois supérieures à celles vers les États-Unis. Lorsque le président Trump est entré en fonction pour la première fois en 2017, les exportations de la Chine vers les États-Unis s'élevaient à 4 % de son PIB, mais elles sont depuis tombées à un peu plus de 2 % de son PIB. La Chine continue toutefois ses exportations vers les États-Unis via des pays tiers.
À l'avenir, nous rééquilibrerons les relations économiques entre les États-Unis et la Chine, en donnant la priorité à la réciprocité et à l'équité afin de restaurer l'indépendance économique des États-Unis. Le commerce avec la Chine doit être équilibré et ciblé sur des domaines peu sensibles. Si l'Amérique reste sur la voie de la croissance, et parvient à maintenir celle-ci tout en entretenant des relations économiques réellement et mutuellement avantageuses avec Pékin, notre économie devrait passer de 30 000 milliards de dollars en 2025 à 40 000 milliards de dollars dans les années 2030, ce qui placerait notre pays dans une position privilégiée pour conserver son statut de première économie mondiale. Notre objectif ultime est de jeter les bases d'une vitalité économique à long terme.
Il est important que cette démarche s'accompagne d'une attention soutenue et permanente portée à la dissuasion afin d'éviter une guerre dans la région indo-pacifique. Cette approche combinée peut devenir un cercle vertueux, car une dissuasion américaine forte ouvre la voie à une action économique plus disciplinée, laquelle permet à son tour aux États-Unis de disposer de ressources plus importantes pour soutenir la dissuasion à long terme.
Pour ce faire, plusieurs éléments sont essentiels.
Tout d'abord, les États-Unis doivent protéger et défendre leur économie et leur population contre tout préjudice, quel qu'en soit le pays d'origine ou la source. Cela signifie qu'il faut mettre fin (entre autres) :
- aux subventions prédatrices et aux stratégies industrielles dirigées par l'État ;
- aux pratiques commerciales déloyales ;
- à la destruction d'emplois et la désindustrialisation ;
- au vol de la propriété intellectuelle et à l'espionnage industriel à grande échelle ;
- aux menaces contre nos chaînes d'approvisionnement mettant en péril l'accès des États-Unis à des ressources essentielles, notamment les minéraux et les terres rares ;
- aux exportations de précurseurs du fentanyl qui alimentent l'épidémie d'opioïdes en Amérique ; et
- à la propagande, aux opérations d'influence et autres formes de subversion culturelle.
Ensuite, les États-Unis doivent collaborer avec leurs alliés et partenaires signataires de traités, lesquels, ensemble, ajoutent 35 000 milliards de dollars de puissance économique à notre propre économie nationale de 30 000 milliards de dollars (constituant ensemble plus de la moitié de l'économie mondiale) - afin de contrer les pratiques économiques prédatrices et utiliser notre puissance économique combinée pour contribuer à sauvegarder notre position de premier plan dans l'économie mondiale et veiller à ce que les économies alliées ne soient pas subordonnées à une quelconque puissance concurrente. Nous devons continuer à améliorer les relations commerciales (et autres) avec l'Inde afin d'encourager New Delhi à contribuer à la sécurité de la région indo-pacifique, notamment en poursuivant la coopération quadrilatérale avec l'Australie, le Japon et les États-Unis (« la Quadrilatérale »). En outre, Nous nous efforcerons par ailleurs, d'aligner les actions de nos alliés et partenaires sur notre intérêt commun, qui est d'empêcher la domination de toute nation concurrente.
Les États-Unis doivent en même temps investir dans la recherche afin de préserver et de faire progresser leur avantage dans les technologies militaires de pointe et à double usage, en mettant l'accent sur les domaines où les avantages américains sont les plus marquants. Citons notamment le domaine sous-marin, spatial et nucléaire, ainsi que d'autres secteurs qui détermineront l'avenir de la puissance militaire, tels que l'intelligence artificielle, l'informatique quantique et les systèmes autonomes, sans oublier l'énergie nécessaire pour alimenter ces domaines.
En outre, les relations essentielles que le gouvernement américain entretient avec le secteur privé américain contribuent à la surveillance des menaces persistantes qui pèsent sur les réseaux américains, y compris les infrastructures critiques. Ce qui à son tour permet au gouvernement américain de mener des opérations de détection, de localisation et de riposte en temps réel (c'est-à-dire des opérations de défense réseau et des cyberopérations offensives) tout en protégeant la compétitivité de l'économie américaine et en renforçant la résilience du secteur technologique américain.
Afin d'améliorer ces capacités, il sera également nécessaire de considérablement dérèglementer afin d'améliorer encore notre compétitivité, de stimuler l'innovation et d'accroître l'accès aux ressources naturelles de l'Amérique. En faisant cela, nous devons avoir pour objectif de rétablir un équilibre militaire favorable aux États-Unis et à nos alliés dans la région.
Outre le maintien de notre prééminence économique et la consolidation de notre système d'alliances en un groupe économique, nous, États-Unis devons engager une politique diplomatique ferme et mener une action économique sous l'impulsion du secteur privé dans les pays où la majeure partie de la croissance économique mondiale devrait se produire au cours des prochaines décennies..
La diplomatie « America First » a pour objectif de rééquilibrer les relations commerciales mondiales. Nous avons clairement indiqué à nos alliés que le déficit actuel de la balance des États-Unis est intolérable. Nous devons encourager l'Europe, le Japon, la Corée, l'Australie, le Canada, le Mexique et d'autres pays importants à adopter des politiques commerciales qui contribuent à rééquilibrer l'économie chinoise en faveur de la consommation des ménages, en effet l'Asie du Sud-Est, l'Amérique latine et le Moyen-Orient ne peuvent à eux seuls absorber l'énorme capacité excédentaire de la Chine. Les nations exportatrices d'Europe et d'Asie peuvent également se tourner, pour leurs exportations, vers les pays à revenu intermédiaire, ils constituent un marché limité mais en pleine croissance.
Les entreprises chinoises dirigées et soutenues par l'État excellent dans la construction d'infrastructures physiques et numériques, et la Chine a recyclé près de 1 300 milliards de dollars de ses excédents commerciaux en prêts à ses partenaires commerciaux. L'Amérique et ses alliés n'ont pas élaboré, et encore moins mis en oeuvre, un plan commun en direction de ce qu'on appelle le « Sud global », alors qu'ils possèdent à eux tous des ressources considérables. L'Europe, le Japon, la Corée du Sud et d'autres pays détiennent des actifs étrangers nets de 7 000 milliards de dollars. Les institutions financières internationales, y compris les banques multilatérales de développement, possèdent des actifs cumulés de 1 500 milliards de dollars. Si la dérive de certaines de ces institutions a nui à leur efficacité, l'administration actuelle est déterminée à user de son leadership pour mettre en œuvre des réformes qui garantissent qu'elles servent les intérêts américains.
Ce qui différencie l'Amérique du reste du monde, notre ouverture, notre transparence, notre fiabilité, notre engagement en faveur de la liberté et de l'innovation, et notre capitalisme de libre marché, continuera à faire de nous le partenaire mondial de premier choix. L'Amérique continue d'occuper une position dominante dans les technologies clés dont le monde a besoin. Nous devrions présenter à nos partenaires une série d'incitations, par exemple, coopération en matière de haute technologie, achats dans le domaine de la défense et accès à nos marchés financiers, c'est ce qui fera pencher la balance en notre faveur.
Les visites d'État du président Trump dans les pays du golfe Persique en mai 2025 ont démontré la puissance et l'attrait de la technologie américaine. Le président y a gagné le soutien des États du Golfe pour la technologie d'IA supérieure de l'Amérique, approfondissant ainsi nos partenariats. L'Amérique devrait de même manière faire appel à ses alliés et partenaires européens et asiatiques, y compris l'Inde, pour consolider et améliorer nos positions communes dans l'hémisphère occidental, ainsi qu'en Afrique pour ce qui est des minéraux rares. Nous devrions former des coalitions qui utilisent nos avantages comparatifs en matière de finance et de technologie pour créer des marchés d'exportation avec les pays associés. Nous devrions former des coalitions tirant parti de nos avantages comparatifs dans les domaines financier et technologique afin de développer des marchés d'exportation avec les pays qui coopèrent. Les partenaires économiques des États-Unis ne devraient plus compter sur la surcapacité et les déséquilibres structurels pour générer des revenus, mais plutôt miser sur une croissance fondée sur une coopération concertée, liée à un alignement stratégique et soutenue par des investissements américains à long terme.
Avec les marchés financiers les plus performants et les plus efficaces du monde, l'Amérique peut aider les pays à faible revenu à développer leurs propres marchés et à lier plus étroitement leurs monnaies au dollar, garantissant ainsi l'avenir du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale.
Nos plus grands atouts restent notre système de gouvernement et notre économie de marché libre dynamique. Cependant, nous ne pouvons pas présumer que ces atouts prévaudront automatiquement. Une stratégie de sécurité nationale est donc essentielle.
La dissuasion face aux menaces militaires
À long terme, le maintien de la prééminence économique et technologique des États-Unis est le moyen le plus sûr de dissuader et de prévenir un conflit militaire à grande échelle.
Un rapport de force militaire conventionnel favorable reste un élément essentiel de la rivalité stratégique. À juste titre, l'attention se concentre sur Taïwan, en partie à cause de la domination de Taïwan dans la production de semi-conducteurs, mais surtout parce que Taïwan offre un accès direct à la deuxième chaîne d'îles et divise l'Asie du Nord-Est et l'Asie du Sud-Est en deux théâtres d'opérations distincts. Étant donné qu'un tiers du trafic maritime mondial passe chaque année par la mer de Chine méridionale, cette situation a des implications majeures pour l'économie américaine. La dissuasion d'un conflit au sujet de Taïwan, idéalement en préservant une supériorité militaire, est donc une priorité. Nous maintiendrons également notre politique déclaratoire de longue date concernant Taïwan, ce qui signifie que les États-Unis ne soutiennent aucune modification unilatérale du statu quo dans le détroit de Taïwan.
Nous bâtirons une armée capable de repousser toute agression n'importe où dans la première chaîne d'îles. Mais l'armée américaine ne peut pas, et ne doit pas, le faire seule. Nos alliés doivent s'impliquer et dépenser, et surtout faire, beaucoup plus pour la défense collective. Les efforts diplomatiques des États-Unis devraient se concentrer sur la pression exercée sur nos alliés et partenaires de la première chaîne d'îles pour qu'ils autorisent l'armée américaine à accéder plus facilement à leurs ports et autres installations, qu'ils dépensent davantage pour leur propre défense et, surtout, qu'ils investissent dans des capacités visant à dissuader toute agression. Cela permettra de faire le lien entre les questions de sécurité maritime le long de la première chaîne d'îles tout en renforçant la capacité des États-Unis et de leurs alliés à contrer toute tentative de s'emparer de Taïwan ou toute évolution défavorable de l'équilibre des forces qui rendrait impossible la défense de cette île.
Le risque que l'un de nos concurrents prenne le contrôle de la mer de Chine méridionale constitue un autre défi en matière de sécurité. Cela pourrait permettre à une puissance potentiellement hostile d'imposer un système de péage sur l'une des voies commerciales les plus importantes au monde ou, pire encore, de la fermer et de la rouvrir à sa guise. L'une comme l'autre de ces deux issues serait préjudiciable à l'économie et aux intérêts des États-Unis en général. Des mesures rigoureuses doivent être mises en place, ainsi que des moyens de dissuasion suffisants pour maintenir ces voies ouvertes, exemptes de « péage », et non soumises à une fermeture arbitraire imposée par un seul pays. Pour ce faire, il faudra non seulement investir davantage dans nos capacités militaires, en particulier nos forces navales, mais aussi coopérer étroitement avec tous les pays qui risquent de pâtir de cette situation, depuis l'Inde jusqu'au Japon et au-delà, si l'on ne s'attaque pas à cette question.
Étant donné que le président Trump insiste pour que le Japon et la Corée du Sud prennent une plus grande part du fardeau, nous devons exhorter ces pays à augmenter leurs dépenses de défense, en mettant l'accent sur les capacités, y compris les nouvelles capacités, nécessaires pour dissuader les adversaires et protéger la première chaîne d'îles. Nous allons également dynamiser et renforcer notre présence militaire dans le Pacifique occidental, tandis que concernant Taïwan et l'Australie, nous continuons d'exiger avec détermination une augmentation des dépenses de défense.
La prévention des conflits exige une vigilance accrue dans la région indo-pacifique, une modernisation de la filière industrielle de défense, un accroissement des investissements militaires de notre part et de celle de nos alliés et partenaires, ainsi que notre domination à long terme dans la course à la concurrence économique et technologique.
C. Promouvoir la grandeur de l'Europe
Les responsables américains ont pris l'habitude de considérer les problèmes européens en termes de dépenses militaires insuffisantes et de stagnation économique. Il y a une part de vérité, cependant les vrais problèmes de l'Europe sont bien plus profonds. L'Europe continentale a perdu des parts du PIB mondial, passant de 25 % en 1990 à 14 % aujourd'hui, en partie à cause de réglementations nationales et transnationales qui sapent la créativité et l'esprit d'initiative.
Mais ce déclin économique est éclipsé par la perspective réelle et plus sombre d'un effacement de la civilisation. Au nombre des problèmes les plus importants auxquels l'Europe est confrontée, citons les mesures prises par l'Union européenne et d'autres organismes transnationaux qui portent atteinte aux libertés politiques ainsi qu'à la souveraineté, les politiques migratoires qui transforment le continent tout en créant des conflits, la censure de la liberté d'expression et la répression de l'opposition politique, l'effondrement des taux de natalité, ainsi que la perte des identités nationales et de toute confiance en soi.
Si les tendances actuelles devaient se poursuivre, le continent sera méconnaissable d'ici 20 ans ou moins. Dans ces conditions, il est donc loin d'être acquis que certains pays européens auront des économies et des armées suffisamment fortes pour rester des alliés fiables. Bon nombre de ces nations redoublent actuellement d'efforts pour poursuivre dans la voie qu'elles ont empruntée. Nous voulons que l'Europe reste européenne, qu'elle retrouve confiance en sa civilisation et qu'elle abandonne son obsession pour une réglementation asphyxiante, c'est un échec.
Ce manque de confiance en soi est particulièrement évident dans les relations de l'Europe avec la Russie. Les alliés européens jouissent d'un avantage significatif sur la Russie en matière de hard power, et ce pratiquement à tous les niveaux, à l'exception de l'armement nucléaire. À la suite de la guerre menée par la Russie en Ukraine, les relations entre l'Europe et la Russie se sont profondément dégradées et de nombreux Européens considèrent la Russie comme une menace existentielle. La gestion des relations européennes avec la Russie nécessitera un engagement diplomatique important de la part des États-Unis, à la fois pour rétablir les conditions de stabilité stratégique sur le continent eurasien et pour atténuer le risque de conflit entre la Russie et les États européens.
Il est dans l'intérêt primordial des États-Unis de négocier une cessation rapide des hostilités en Ukraine, afin de stabiliser les économies européennes, empêcher une escalade ou une extension involontaire de la guerre et rétablir la stabilité stratégique avec la Russie, et permettre la reconstruction de l'Ukraine après les hostilités pour lui permettre de survivre en tant qu'État viable.
La guerre d'Ukraine a eu pour effet pervers d'accroître les dépendances extérieures de l'Europe, et en particulier de l'Allemagne. Aujourd'hui, c'est en Chine que les entreprises chimiques allemandes construisent certaines des plus grandes usines de transformation au monde, en utilisant du gaz russe que les allemands ne peuvent obtenir chez eux. L'administration Trump est en total désaccord avec les responsables européens qui nourrissent des attentes irréalistes concernant la guerre, ils sont aux commandes de gouvernements minoritaires instables, dont beaucoup bafouent les principes fondamentaux de la démocratie pour réprimer l'opposition. Une grande majorité d'Européens souhaite la paix, mais ce désir ne trouve pas son expression politique, en grande partie à cause de la subversion des processus démocratiques par ces gouvernements. Cette situation revêt une importance stratégique pour les États-Unis, précisément parce que les États européens ne peuvent se réformer s'ils sont enlisés dans des crises politiques.
Pourtant, l'Europe reste stratégiquement et culturellement vitale pour les États-Unis. Le commerce transatlantique reste l'un des piliers de l'économie mondiale et de la prospérité américaine. Les secteurs européens, qu'il s'agisse de l'industrie manufacturière, de la technologie ou de l'énergie, restent parmi les plus solides au monde. On trouve en Europe une recherche scientifique de pointe et des institutions culturelles de premier plan. Non seulement nous ne pouvons pas nous permettre de faire une croix sur l'Europe, mais cela irait à l'encontre des objectifs de la stratégie que nous défendons ici.
La diplomatie américaine doit continuer de défendre la démocratie authentique, la liberté d'expression et un hommage inconditionnel au caractère et à l'histoire propres de chaque nation européenne. L'Amérique encourage ses alliés politiques en Europe à promouvoir ce souffle nouveau, et l'influence croissante des partis patriotiques européens est à ce propos source de grand optimisme.
Notre objectif devrait être d'aider l'Europe à corriger sa trajectoire actuelle. Nous aurons besoin d'une Europe forte pour nous aider à être compétitifs et pour travailler de concert avec nous afin d'empêcher tout adversaire de dominer l'Europe. L'Amérique est, à juste titre, sentimentalement attachée au continent européen, et, bien sûr, à la Grande-Bretagne et à l'Irlande. Le caractère de ces pays est également important d'un point de vue stratégique, car nous comptons sur des alliés créatifs, compétents, confiants et démocratiques pour créer les conditions de la stabilité et de la sécurité. Nous voulons travailler avec des pays alignés qui veulent restaurer leur grandeur d'antan.
À long terme, il est plus que plausible que, dans quelques décennies au plus tard, certains membres de l'OTAN seront majoritairement non-européens. À ce titre, rien ne permet de savoir s'ils envisageront leur place dans le monde ou leur alliance avec les États-Unis de la même manière que ceux qui ont signé la charte de l'OTAN.
Nos grandes orientations politiques pour l'Europe devraient donner la priorité aux mesures suivantes :
- Rétablir les conditions pour la stabilité au sein de l'Europe et une stabilité stratégique avec la Russie ;
- Permettre à l'Europe de voler de ses propres ailes et de fonctionner comme un groupe de nations souveraines alignées, notamment en assumant la responsabilité première de sa propre défense, sans être dominée par une quelconque puissance adverse ;
- Cultiver, au sein des nations européennes, la résistance à la trajectoire actuelle de l'Europe ;
- Ouvrir les marchés européens aux biens et services américains et garantir un traitement équitable des travailleurs et des entreprises américains ;
- Renforcer les nations saines d'Europe centrale, orientale et méridionale grâce à des liens commerciaux, des ventes d'armes, une collaboration politique et des échanges culturels et éducatifs ;
- Mettre fin au mythe, et empêcher l'émergence d'une réalité, qui voudrait que l'OTAN soit une alliance en expansion perpétuelle ;
- Encourager l'Europe à prendre des mesures pour lutter contre la surcapacité mercantile, le vol technologique, le cyberespionnage et autres pratiques économiques hostiles.
D. Le Moyen-Orient : Transférer les charges, construire la paix
Depuis au moins un demi-siècle, la politique étrangère américaine donne la priorité au Moyen-Orient par rapport à toutes les autres régions. Les raisons en sont évidentes : pendant des décennies, le Moyen-Orient a été le principal fournisseur d'énergie au monde, il a été le théâtre privilégié de la concurrence entre les superpuissances et a été en proie à des conflits qui menaçaient de s'étendre au reste du monde et même jusqu'à nos propres rivages..
Aujourd'hui, au moins deux de ces dynamiques ont disparu. Les approvisionnements en énergie se sont considérablement diversifiés, les États-Unis étant à nouveau un exportateur net d'énergie. La rivalité entre superpuissances a cédé la place à une lutte d'influence entre grandes puissances, au sein de laquelle les États-Unis conservent une position des plus enviables, renforcée par la relance réussie par le président Trump de nos alliances dans le Golfe, avec d'autres partenaires arabes et avec Israël.
Les conflits restent la dynamique la plus préoccupante du Moyen-Orient, mais le problème est aujourd'hui moins grave que les gros titres pourraient le laisser croire. L'Iran, principale force déstabilisatrice de la région, a été considérablement affaibli par les actions israéliennes menées depuis le 7 octobre 2023 et par l'opération Midnight Hammer lancée par le président Trump en juin 2025, laquelle a permis de dégrader de manière significative le programme nucléaire iranien. Le conflit israélo-palestinien reste épineux, mais grâce au cessez-le-feu et à la libération des otages négociés par le président Trump, des progrès ont été accomplis vers une paix plus permanente. Les principaux soutiens du Hamas ont été affaiblis ou se sont retirés. La Syrie reste un problème potentiel, mais avec le soutien des Américains, des Arabes, des Israéliens et des Turcs, elle pourrait se stabiliser et reprendre la place qui lui revient en tant qu'acteur à part entière et positif dans la région.
À mesure que cette administration abroge ou assouplit les politiques énergétiques restrictives et que la production d'énergie américaine augmente, la raison historique pour laquelle l'Amérique se concentre sur le Moyen-Orient va s'estomper. La région deviendra, à la place, et de plus en plus, une source et une destination pour des investissements internationaux, et ce dans des secteurs allant bien au-delà du pétrole et du gaz, notamment l'énergie nucléaire, l'intelligence artificielle et les technologies de défense. Nous pouvons également travailler avec nos partenaires du Moyen-Orient pour promouvoir d'autres intérêts économiques, qu'il s'agisse de sécuriser les chaînes d'approvisionnement ou de renforcer les possibilités de développer des marchés ouverts et accueillants dans d'autres parties du monde, comme l'Afrique.
Nos partenaires du Moyen-Orient démontrent leur engagement dans la lutte contre le radicalisme, une tendance que la politique américaine devrait continuer à encourager. Mais cela veut dire mettre un terme à l'expérience américaine malavisée consistant à vouloir intimider ces nations, en particulier les monarchies du Golfe, pour qu'elles renoncent à leurs traditions et leurs formes historiques de gouvernement. Nous devrions encourager et applaudir les réformes lorsqu'elles émergent de manière organique, sans essayer de les imposer de l'extérieur. La clé de relations fructueuses avec le Moyen-Orient consiste à accepter la région, ses dirigeants et ses nations tels qu'ils sont, tout en travaillant ensemble dans les domaines d'intérêt commun.
L'Amérique aura toujours un intérêt fondamental à veiller à ce que les approvisionnements énergétiques du Golfe ne tombent pas entre les mains d'un ennemi déclaré, à ce que le détroit d'Ormuz reste ouvert, que la mer Rouge reste navigable, que la région ne soit pas un incubateur ou un exportateur de terreur contre les intérêts américains ou la nation américaine, et qu'Israël reste en sécurité. Nous pouvons et devons faire face à cette menace sur le plan idéologique et militaire, sans passer par des décennies de guerres stériles d' « édification de nations ». Nous avons également tout intérêt à étendre les accords d'Abraham à d'autres nations de la région et à d'autres pays du monde musulman.
Mais l'époque où le Moyen-Orient dominait la politique étrangère américaine, tant dans la planification à long terme que dans l'exécution quotidienne, est heureusement révolue, non parce que le Moyen-Orient n'a plus d'importance, mais parce qu'il n'est plus le poil à gratter constant et la source potentielle de catastrophe imminente qu'il était autrefois. Il émerge aujourd'hui plutôt comme un lieu de partenariat, d'amitié et d'investissement, une tendance qu'il convient de saluer et d'encourager. En effet, grâce à l'habileté du président Trump qui a réussi à unir le monde arabe à Charm el-Cheikh dans un élan de paix et de normalisation, les États-Unis pourront enfin donner la priorité aux intérêts américains.
E. Afrique
Pendant trop longtemps, la politique américaine en Afrique s'est concentrée sur l'apport, puis la diffusion, d'une idéologie libérale. Les États-Unis devraient plutôt chercher à s'associer avec certains pays pour apaiser les conflits, favoriser des relations commerciales mutuellement avantageuses et passer d'un modèle basé sur l'aide internationale à un modèle d'investissement et de croissance permettant d'exploiter les ressources naturelles abondantes et le potentiel économique inexploité de l'Afrique.
Nous pourrions notamment négocier des accords pour régler les conflits actuels (par exemple entre la RDC et le Rwanda, ou au Soudan) et prévenir l'émergence de nouveaux conflits (par exemple entre l'Éthiopie, l'Érythrée et la Somalie), ainsi que prendre des mesures pour modifier notre approche en matière d'aide et d'investissement (par exemple, la loi sur la croissance et les opportunités en Afrique, Africa Growth and Opportunity Act). Nous devons rester vigilants face à la résurgence des activités terroristes islamistes dans certaines régions d'Afrique, tout en évitant toute présence ou tout engagement américain à long terme.
Les États-Unis devraient faire évoluer leurs relations avec l'Afrique, jusqu'ici essentiellement axées sur l'aide, vers des relations axées sur le commerce et l'investissement, en privilégiant les partenariats avec des États compétents et fiables, déterminés à ouvrir leurs marchés aux biens et services américains. Le secteur de l'énergie et l'exploitation des minéraux essentiels constituent des domaines d'investissement immédiats pour les États-Unis, avec de bonnes perspectives de retour sur investissement. Le développement des technologies soutenues par les États-Unis dans les domaines de l'énergie nucléaire, du gaz de pétrole liquéfié et du gaz naturel liquéfié peut générer des profits pour les entreprises américaines et nous aider dans la course aux minéraux rares et autres ressources.
Source : White House, 01-11-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
