par Alexandre Lemoine
La France espère toujours conserver son influence en Afrique. Cependant, les États-Unis ont l'intention d'utiliser la région à leurs propres fins. Au final, Paris devra céder. La position américaine sur la situation au Niger a déçu la France.
La France s'assurait pendant longtemps sa position internationale grâce à son influence en Afrique. En particulier, Paris était responsable des approvisionnements en ressources et matières premières depuis le continent. En conséquence, les Français ont la conviction que ce sont eux qui doivent gérer les crises dans la région.
En même temps, pour les États-Unis, l'Afrique est un autre outil permettant d'assurer leur domination mondiale. C'est pourquoi Washington menace les rebelles au Niger d'utiliser la force si le nouveau gouvernement ne revient pas dans la sphère d'influence occidentale.
Paris considère une telle politique de «cow-boy» comme excessivement dangereuse. Surtout que c'est aux Français, et non aux Américains, qu'il reviendra de se battre «pour la démocratie» sur le continent. La concurrence entre Washington et Paris pour l'influence dans la région s'intensifie, selon les experts.
Cependant, au final, la France devra céder aux États-Unis. La montée de la conscience de soi des pays du Sud global frappe principalement les pays qui ont encore des ambitions coloniales. Et dans l'ensemble, Paris est trop faible pour jouer un rôle significatif dans la lutte à venir pour l'influence en Afrique.
Il a été rapporté plus tôt que la position des États-Unis sur la situation au Niger avait déçu la France, selon Le Figaro. Il est à noter que la principale raison de l'irritation de Paris a été la récente visite à Niamey de Victoria Nuland, la numéro deux de la diplomatie américaine par intérim.
Ainsi, la France attendait «tout le contraire» des États-Unis, déclarant qu'«avec des alliés comme ça, on n'a pas besoin d'ennemis». Alors que Paris soutient la préparation par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) d'une opération militaire, Washington a plaidé pour une solution pacifique et a cessé d'exiger la réintégration de l'ancien président du Niger, Mohamed Bazoum.
De plus, selon les Français, l'Amérique veut «conserver ses bases» dans le pays et est prête à «saboter le processus de retour à l'ordre constitutionnel» pour ce faire. Paris est également mécontent que les contingents des deux pays au Niger soient à peu près égaux, mais que seul le contingent français soit l'objet de ressentiment de la part des habitants locaux.
Rappelons que Victoria Nuland, première adjointe par intérim du secrétaire d'État américain, a visité le Niger et a tenu des pourparlers avec les représentants militaires qui ont évincé le président du pays Mohamed Bazoum.
Précédemment, l'Observateur continental a écrit que la visite de Victoria Nuland à Niamey avait été un échec. La diplomate a déclaré qu'il lui avait été refusé de rencontrer le président déchu Mohamed Bazoum. Elle n'a pas non plus réussi à rencontrer le général Abdourahamane Tchiani, qui dirige le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie. Victoria Nuland a principalement parlé avec le nouveau ministre de la Défense du pays.
Les États-Unis ne sont pas le seul pays à se distancer de la position des autorités françaises au Niger. Aucun des alliés de la France dans ce pays, que ce soit l'Allemagne, la Belgique ou l'Italie, ne remet en question la rhétorique des putschistes, surtout lorsqu'il s'agit du retrait des troupes françaises. L'Allemagne a besoin du Niger pour assurer le retrait de ses troupes du Mali, tandis que l'Italie est davantage concentrée sur la stabilité de la région afin d'éviter une nouvelle crise migratoire.
source : Observateur Continental