Par Aurélia Payelle le 19.04.2018 à 15h12
La pollution de l'air, extérieure et intérieure, tue près de 7 millions de personnes par an. 95% de la population mondiale respire un air toxique.
La pollution aux particules fines est particulièrement présente en Afrique et Asie.
©AFP/PRAKASH SINGH
Selon un rapport du Heal effects institute, aux États-Unis, la pollution de l'air provoque la mort de 7 millions de personnes par an. La pollution de l'air extérieur est la sixième cause de mort précoce dans le monde devant l'alcool, la mauvaise alimentation et le manque d'activité physique, tous âges et sexes confondus. D'après le rapport, en 2016, elle a causé la mort de 4,3 millions de décès dans le monde. La Chine et l'Inde représentent, à elles d'eux, plus de la moitié des morts dû à cette pollution. "La pollution de l'air est une menace pour nous tous, mais les populations les plus pauvres et les plus marginalisées sont les premières à en souffrir, explique dans un communiqué, le Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. On ne peut pas accepter que plus de 3 milliards de personnes (surtout des femmes et des enfants), continuent de respirer tous les jours des fumées mortelles émises par des fourneaux et des combustibles polluants à l'intérieur de leurs habitations. Si nous n'agissons pas très vite, le développement durable restera une chimère".
Une concentration très inégale
L'OMS assure que dans le monde, près de 9 personnes sur 10 respirent un air pollué. La principale cause de cette pollution meurtrière est l'émission de particules fines d'un diamètre inférieur à 2,5 micromètres, plus communément appelées PM2,5. La concentration de particules fines par rapport à la population excède les recommandations de l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé. Celle-ci préconise de ne pas dépasser les 10
g/m3 (microgrammes par mètres cube d'air). Selon le rapport, près de 60% de la population mondiale vivent dans des zones où les particules fines dépassent même l'objectif provisoire de qualité de l'air de l'OMS qui est fixé à 35 microgrammes par mètres cube d'air.
Cette concentration de particules est très inégale. Ainsi, les continents les plus concernés sont l'Afrique et l'Asie. Selon des chiffres de l'OMS, "90% des décès dus à la pollution de l'air se produisent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, principalement en Asie et en Afrique, suivis des pays à revenu faible ou intermédiaire des Régions de la Méditerranée orientale, de l'Europe et des Amériques". Le rapport du Heal effects institute, précise qu'au Niger, par exemple, la concentration de particules fines dépasse les 240 microgrammes par mètre cube d'air. Au contraire l'Australie, le Canada, l'Estonie, la Finlande, l'Islande, la Nouvelle-Zélande ou encore la Suède ont une concentration de particules fines qui ne dépassent pas les 8 microgrammes par mètre cube d'air. Cela fait d'eux les pays les moins touchés par la pollution extérieure. En France, la concentration de particules fines reste stable. Depuis 2005 elle est fixée à 12 microgrammes.
Au total, depuis 2010, la concentration de particules fines dans l'air par rapport à la population globale a augmenté de 10%. Et les effets de cette particules fines sur la santé sont aussi multiples qu'alarmant. Ainsi, elles peuvent-être la cause de maladies cardiaques, d'accidents cardio-vasculaires, de cancers des poumons ou d'accidents respiratoires.
© Infographie OMS
Pollution de l'air intérieure
Le rapport aborde également la question de la pollution de l'air intérieure. En 2016, cette dernière a causé la mort de 2,6 millions de personnes. C'est la huitième cause de mortalité dans le monde. La pollution de l'air intérieur est due à l'utilisation de combustibles solides comme le fumier ou le bois, pour se chauffer ou cuisiner. Ainsi, les chercheurs précisent que "les personnes vivants dans une maison utilisant des combustibles solides peuvent faire face à une concentration de PM2,5 vingt fois plus élevée que la recommandation de l'OMS de ne pas dépasser les 10 microgrammes par mètre cube d'air".
Mais le rapport souligne que le nombre de foyers utilisant ce type de combustibles a nettement baissé, passant de 3,6 milliards en 1990 à 2,4 milliards aujourd'hui. Cela est dû à la prise de conscience de plus en plus importante des populations aux risques engendrés par leur utilisation.
Des mesures encourageantes
L'OMS se montre très positive quant à la mise en place de dispositifs visant à lutter contre la pollution de l'air dans diverses pays. "En deux ans à peine, le dispositif Pradhan Mantri Ujjwala Yojana mis en place en Inde a connecté gratuitement au réseau GPL environ 37 millions de femmes vivant sous le seuil de pauvreté afin de les aider à changer de source d'énergie domestique pour utiliser un combustible plus propre", explique ainsi l'Organisation Mondiale de la Santé. Le communiqué fait aussi part de l'engagement de Mexico, "à rendre plus écologique les normes s'appliquant aux véhicules, notamment en optant pour des bus n'émettant pas de suie et en interdisant les voitures diesel appartenant aux particuliers d'ici à 2025".