Par Tom Luongo - Le 10 janvier 2019 - Source Russia Insider
Les Gilets jaunes ont atteint la masse critique. Et le mouvement a maintenant créé la tempête parfaite pour le président Emmanuel Macron.
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Il ne peut plus l'ignorer, même s'il a essayé de le faire. Et son manque de compréhension de la situation ainsi que son mépris déclaré pour son opposition l'ont placé dans un étau politique.
Ignorer le problème ne le fera paraître que plus faible et indifférent. Il pourrait remédier à la situation, ou donner la priorité à la France et se retirer pour provoquer de nouvelles élections, ce qui serait la chose décente à faire.
Mais, comme il était prévisible, il a choisi la troisième option, réprimer les manifestants dans une démonstration de force futile. Les gens autoritaires réagissent aux défis comme des automates.
La désobéissance se heurte à la violence. Plus de désobéissance se heurte à plus de violence.
Avant la protestation de l'Acte VIII qui a eu lieu le week-end dernier, Macron avait fait arrêter l'un des organisateurs à l'initiative des Gilets jaunes, Éric Drouet, et l'a remis en liberté dans l'attente d'un procès pour « organisation d'une manifestation non déclarée » alors qu'il se réunissait avec des amis dans un restaurant.
Des fusils, pas du pain
Mise à jour - le Premier ministre, Edouard Philippe, annonce une nouvelle loi interdisant toute forme de manifestation. Selon les dernières nouvelles de ZeroHedge :
« Le Premier ministre Édouard Philippe a présenté lundi, sur la chaîne de télévision française TF1, la nouvelle initiative visant à réduire la violence et les troubles tout en visant les 'fauteurs de troubles' et en interdisant l'anonymat par le port de masques. Il a déclaré que la loi donnerait aux autorités policières la possibilité de réprimer les 'manifestations non autorisées' à un moment où la police arrêtait déjà des citoyens qui portaient simplement un gilet jaune, même s'ils n'étaient pas directement impliqués dans des manifestations.
Le Premier ministre Philippe a déclaré que le gouvernement soutiendrait 'une nouvelle loi punissant ceux qui ne respectent pas l'obligation de déclaration préalable, ceux qui participent à des manifestations non autorisées et ceux qui arrivent à des manifestations en portant un masque.'
Le ton de Philippe lors de ces déclarations était du genre 'les gants sont retirés', car il a déclaré que c'était aux 'fauteurs de troubles, et non aux contribuables, de payer les dommages causés' aux entreprises et aux biens.
'Ceux qui remettent en question nos institutions n'auront pas le dernier mot', a-t-il ajouté. »
Traduction : vous accepterez votre destin en tant que serfs de l'ordre mondialiste que je sers, ou vous serez anéantis. C'est le chemin que tous les gouvernements choisissent juste avant d'être renversés, ne voyant aucune autre option car, en politique, la faiblesse est synonyme de mort.
Le problème est que c'est la compétence, pas le pouvoir, comme le souligne sans cesse Jordan Peterson, qui confère une légitimité aux dirigeants et aux institutions. Nos hiérarchies de domination ne sont pas basées sur le pouvoir, mais sur la compétence. Et avec ce discours, Philippe se joint à Macron pour prouver qu'il n'en a aucune.
Les Gilets jaunes répondent à un manque évident de compétence, c'est à cela que ressemble le manque de confiance dans les institutions. Ainsi, même si l'ordre est rétabli et que les Gilets jaunes sont maîtrisés à court terme, cela conduira toujours un soulèvement plus important ultérieurement.
C'est la leçon de l'élite française qui a truqué les élections en faveur de Macron l'année dernière. Elle l'a fait pour continuer la marche vers son plan d'intégration européenne et la destruction de la culture comme les bons petits marxistes culturels qu'elle est et le peuple l'a totalement rejeté, refusant de se faire acheter à mi-chemin avec des miettes (petits allègements fiscaux).
Révolte à l'italienne
Au milieu de cela se trouve le duo italien dynamique de Salvini et Di Maio, dirigeants des deux partis eurosceptiques qui composent la coalition au pouvoir. Ils ont tous deux encouragé les Gilets jaunes à continuer à faire pression sur le gouvernement français pour qu'il réforme.
Tout ce que le gouvernement de Philippe pouvait faire, c'était répondre « balaie devant ta porte ». Ooh, est-ce que tu vois comment il relève le défi celui-là !
Et après que les Gilets jaunes ont visé à la fois la Banque de France à Rouen et l'Assemblée nationale à Paris, le gouvernement Macron est enfin sorti de sa cachette pour annoncer une répression encore plus forte de ces manifestations.
Mais Macron lui-même ne pourrait pas le faire. S'il le faisait, cela déclencherait simplement une réaction encore plus extrême. Le Premier ministre, Édouard Philippe, s'occupe donc des mauvaises relations publiques en informant tout le monde que de nouvelles mesures de répression sont à venir.
Parce que l'ordre etc...
Cependant, le principal inconvénient de cette annonce de nouvelles mesures de répression est que cela ne devrait qu'aggraver les choses pour Macron et Philippe. Et cela déstabilisera davantage la société française, car les policiers surmenés - et largement mal payés - sont invités à en faire plus.
Rappelez-vous que la police française a mis son propre Gilet jaune à un moment donné en se plaignant de ne pas avoir été payée pour le temps supplémentaire qu'elle a consacré à « contrôler » ces manifestations en attisant la violence.
Adieu marché aux autruches
Si la France tombe dans un chaos politique complet, elle finira par forcer les marchés d'actions et d'obligations à sortir la tête hors du sable et constater la vérité pour ce qu'elle est, à savoir que l'Europe n'est pas un modèle pour la stabilité future simplement parce que Macron, Merkel et Super Mario Draghi le disent.
Un appel à une nouvelle répression contre les manifestations est la même réponse que celle des nouvelles lois européennes sur l'Internet et la diffusion de l'information, les articles 11 et 13, sont des tentatives pour mettre fin à la dissidence ouverte contre une direction lointaine et indifférente.
Les Gilets jaunes en France ont fait le saut cognitif que les Italiens ont fait lors des élections de l'année dernière. Que l'UE est une arnaque et que toutes ses politiques ont été conçues pour faire exactement ce qu'elle a fait : appauvrir la classe ouvrière, enrichir l'aristocratie et la faire respecter par le biais d'une bureaucratie byzantine qui donnerait au monde, décrit par Terry Gilliam dans son film Brazil, l'apparence d'un atelier Toyota.
Une France en grève générale, paralysée par la tourmente politique et un gouvernement en guerre avec lui-même, même si Macron se retire, remettra sérieusement en question la viabilité future de l'UE et de l'euro.
C'est la raison pour laquelle le soutien apporté par Salvini et Di Maio aux Gilets jaunes est si important. Il constitue un autre vecteur d'attaque contre l'UE qu'ils ne peuvent finalement pas ignorer.
Tom Luongo
Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone