21 mai 2020 - Aujourd'hui, dans cette crise considérable qu'est l'ensemble enchaîné 'Codiv19 débouchant sur la GCES', on est en droit de s'interroger sur le fait de savoir si le "complotisme", - ou bien suffit-il d'"écrire" complotisme en écartant des guillemets désormais inutiles du fait de l'emploi accepté du mot, - est encore un objet satanique de détestation ou s'il se banalise comme un attribut somme tous acceptable, sinon honorable et dans les cas essentiel, de la Grande Guerre de le Communication (parfois présentée comme "Guerre de l'Information", ce qui nous semble un peu court). La question se pose et mérite débat, avant de dégainer comme on eut l'habitude de faire au seul mot de "complotisme".
On a déjà mentionné, dans notre " chapô", que les deux acteurs-vedettes incontestés de l'épisode en cours du complotisme sont la Chine et Bill Gates. C'est donc autour d'eux que se développeront la partie "Faits" de ce F&C, avant d'envisager un commentaire général sur la situation du complotisme.
La (Les)narrative USA-Chine, Codiv19
Pour la Chine dans le cadre de l'attaque furieuse des USA contre elle à propos du Codiv19, on est suffisamment au courant dans le cadre de notre publication, grâce à l'activisme absolument dévastateur de l'administration Trump, essentiellement le trio de tête Trump-Pompeo- Navarro. Il y a un épisode de plus de ces deux premiers jours de la semaine, avec le sommet de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) nommé Assemblée Mondiale de la Santé (AMS), qui confirme et aggrave encore l'extrême tension entre la Chine et les USA ; concrètement, l'affaire doit se prolonger dans une enquête de l'OMS sur la provenance du virus, selon une attitude chinoise qui est passée de l'opposition déterminée à une acceptation conditionnelle.
Il y a déjà eu divers échanges virulents, dans ce qui est une "néo-guerre froide", et pour certains menace de devenir une "super-guerre froide" quje nous pourrions aussi nommer "hyper-guerre froide". En marge de l'AMS et à propos de la probable enquête, d'une façon ou l'autre, sur l'origine du virus, on notera ces deux tweetsdu 18 mai, de Hu-Xijin, rédacteur en chef de Global Times, un des journaux "officiels" les plus virulents à l'encontre des USA et du bloc-BAO, qui dévoile une partie de la position chinoise de possible contre-attaque, sans que l'on sache s'il s'agit de bluff (narrative complotiste) ou d'un élément concernant l'éventuel complot US (complotisme) que possèderaient les Chinois et dont ils menaceraient de se servir :
Premier tweet de Hu, le 18 mai à l'heure de midi : « La Chine ne craint pas une enquête indépendante sur l'origine du coronavirus, et espère que les États-Unis n'en ont pas peur non plus. Quelle que soit l'origine du virus, la position de la Chine est la même. Mais si l'enquête révèle qu'il provient des États-Unis, la réélection de M. Trump est vouée à l'échec. »
Deuxième tweet de Hu, le 18 mai en fin d'après-midi : « L'AMS devrait en prendre note : le président Trump a déclaré la semaine dernière que les États-Unis ont commencé à développer le vaccin COVID-19 le 11 janvier. Mais à cette époque, le monde entier, y compris la Chine, ne savait pas grand-chose sur ce virus... Où les États-Unis ont-ils acquis ces connaissances ? Ce devrait être un point central de l'enquête. »
Quant à la réunion en Assemblée Mondiale de la Santé de l'OMS, on ne cache pas dans l'analyse qu'on en fait qu'il s'agit, dans le chef des deux principaux belligérants (Chine et USA), du développement de "théories conspirationnistes" sans la moindre dissimulation de leur nature. En faisant rapport de la première journée, le site WSWS.org ne dissimule pas une seconde, - on peut lui faire confiance à cet égard, - que la politique américaniste dans cette affaire est entièrement fondée sur une "théorie conspirationniste" de la plus pure origine et de la plus ferme conception. On observe en plus combien cette posture conspirationniste conduit à une attitude d'une logique totalement faussaire sinon surréaliste, comme font beaucoup de pays à l'égard de l'OMS : reprocher à cette organisation, qui n'a aucune autorité supranationale, de n'avoir pas été obéie, de n'avoir pas su ni pu imposer ses décisions, de n'avoir pas su ni pu obtenir des informations de certains pays, alors que rien ne peut contraindre ces pays vis-à-vis de l'OMS.
(Les USA, qui reprochent à l'OMS de n'avoir pas fait son travail en obtenant des informations de la Chine confirmant leur propre narrative, refusent eux-mêmes les instructions de l'OMS, et de livrer la moindre information spécifique à cette organisation.)
«...Dans ces conditions, l'administration Trump a livré [à l'AMS] une vidéo préenregistrée très belliqueuse de son secrétaire à la santé et aux services sociaux, Alex Azar, qui a développé les allégations infondées de Washington contre l'OMS et la Chine.
» "Nous devons être francs sur l'une des principales raisons pour lesquelles cette épidémie a échappé à tout contrôle" a déclaré Azar. "Cette organisation n'a pas réussi à obtenir les informations dont le monde avait besoin, et cet échec a coûté de nombreuses vies."
» La dénonciation d'Azar est intervenue alors que l'on apprenait que le président américain Donald Trump avait décidé de prolonger indéfiniment le gel que son administration avait imposé au financement américain de l'OMS, de 400 millions de dollars qui constituent un cinquième du budget annuel de l'organisme mondial de santé.
» Tournant sa critique furieuse vers la Chine, Azar s'est fait l'écho des effrayantes et grossières théories conspirationnistes en vogue à la Maison-Blanche de Trump, considérant l'action de Pékin devant l'apparition de la pandémie comme une tentative délibérée d'infecter et d'affaiblir les États-Unis. »
Certainement, l'épisode le plus révélateur pour notre propos, qui est celui de l'utilisation officielle et institutionnalisée du complotisme, est celui de la lettredu 18 mai, rendue publique le 19 mai, de Trump au directeur de l'OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus. Trump annonce qu'il décidera de rendre définitif le retrait du soutien financier US à l'OMS si, dans les trente jours, l'OMS n'a pas amélioré son travail dans la question de la pandémie Codiv19. (Lire bien entendu et en toute transparence : "Si, dans les 30 jours, l'OMS n'a pas proclamé que la Chine est responsable de la fabrication du virus dans le laboratoire de Wuhan, puis de sa diffusion après lui avoir donné [au virus] les instructions de terminer sa mission par un carnage aux USA".)
Un passage de la lettre mentionne les "preuves" massives de la justesse vertueuse de l'action US : «... [L']OMS a ignoré constamment des rapports précis sur les débuts de la pandémie [publiés]en décembre 2019, y compris des rapports dans la revue médicale 'The Lancet'. » Voilà donc au moins une indication précise : des articles parus en décembre 2019 dans la revue médicale la plus prestigieuse du monde et la plus influente dans la communauté scientifique mondiale, la revue britannique The Lancet.
Là-dessus, le 19 mai à 18H00, à peine quelques heures après la diffusion du contenu de la lettre, The Lancet tweete des précisions contenues dans un communiqué ; des précisions, c'est-à-dire un complet démenti de l'affirmation de Trump. The Lancet n'a rien publié sur Covid19 en décembre 2019, le premier article sur le sujet date du 24 janvier 2020. Le communiqué précise que l'article était signé par des chercheurs et médecins chinois appartenant à des institutions publiques chinoises, et tout cela dans le meilleur esprit du monde : « Ils ont travaillé avec nous pour mettre rapidement à la disposition d'un public international des informations complètes et d'accès libre sur cette nouvelle épidémie et la maladie qu'elle a provoquée. »
Au même moment (à la même heure), le rédacteur en chef de The Lancet Richard Horton tweetait pour son compte, reprenant le même communiqué et le présentant de cette façon qui tend à affirmer encore plus catégoriquement (voir les deux derniers mots) la complète innocence et le professionnalisme chinois dans la circonstance : « Le président Trump affirme que nous avons publié des articles en décembre 2019 affirmant qu'un virus était en pleine expansion à Wuhan. Faux. Le premier article décrivant 41 patients atteints du CODIV-19 a été publié le 24 janvier. Cet article identifiait les symptômes du premier patient de Wuhan apparus le 1erdécembre. Aucune dissimulation. Transparence complète. »
Le "complot Bill-Gates"
Le cas Bill Gates, qui est le deuxième volet des faits suscitant notre réflexion, est moins évident que celui des USA contre la Chine, dans tous les cas dans notre distinguée publication électronique. Le milliardaire est pourtant en ce moment l'incontestable vedette de cet état des lieux, justement parce qu'on en parlait assez peu et qu'on en parle soudain beaucoup. On connaît les activités du personnage, au travers de très-puissante Fondation Bill & Melinda Gates et, au-delà, de son initiative labellisée CEPI (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations, - Coalition pour l'Innovation en matière de Préparation aux Épidémies), avec ses "partenaires" de la taille des gouvernements de Norvège, d'Inde, du Japon et d'Allemagne, ainsi qu'avec le Wellcome Trust du Royaume-Uni. Mais aujourd'hui, c'est la "face sombre" et évidemment complotiste du milliardaire qui est le plus souvent citée.
Après d'autres, un metteur en scène russe fameux, couronné à Cannes, ami de Poutine, devenu très riche et soupçonné pour ceci et cela, difficilement fréquentable mais tout de même bien présent, - nous voulons dire Nikita Mikhalkov, - accusait Bill Gates ( le 3 mai) de vouloir mettre l'humanité moitié en esclavage moitié en liquidation finale par le biais de ses vaccins lestés de "puces" électroniques. Façon, pour Gates, poursuit la narrative, de se débarrasser de la surpopulation... Là-dessus, on doit enchaîner sur un événement exceptionnel, passé sous silence ou tout de même commenté, c'est selon en fonction de l'écho qu'il a tout de même trouvé finalement, dans sa deuxième phase... Deux fois, Gates a été le sujet principal et furieusement dénoncé de deux discours de la même députée italienne, devant la Chambre, au Parlement italien, en avril-mai. Cette auguste assemblée et Temple de la Démocratie (italienne) a effectivement donné un zeste d'institutionnalisation à la thèse, et encore plus rendu inutiles les guillemets du mot "complotisme".
La députée se nomme Sara Cunial, démissionnaire du Mouvement 5 Etoiles (M5S) après que ce parti ait fait alliance avec le Parti Démocratique (PD), formation largement inféodée au Système, pour former un gouvernement suivant l'abandon de la formule populiste M5S-Liga. Il semble ainsi (car tout reste suggéré) que Cunial soit intervenue à deux reprises sur le sujet, empty et empty . (Les deux interventions sont différentes et ne manquent pas d'intérêt, - n'étant pas cantonnés à la seule vitupération mais introduisant des précisions techniques impliquant une étude poussée du cas, même si le parti-pris est évident comme cela l'est dans tous les azimuts et prises de position, dans ces affaires complotistes). Le premier discours a eu assez peu d'écho, le second en a un plus, notamment pour notre décompte avec des articles chez les Russes, RT.com et Sputnik.News, chez ZeroHedge.com également. D'un point de vue concret, on en retiendra que Cunial demande au premier ministre Conte qu'il œuvre pour faire arrêter Bill Gates pour "crimes contre l'humanité".
Outre diverses accusations de complotisme, qui suivent le flux-tendance depuis Covid19, on s'arrêtera enfin à cette pétition d'autour de 200 personnalités, en France et aux USA surtout, mélangeant d'une façon originale et inattendue, artistes et acteurs-actrices d'une part, des scientifiques dont une fournée de Prix Nobel d'autre part, - c'est-à-dire un rassemblement original de pipole selon la dialectique de la modernité-tardive. La pétition a été lancée par Juliette Binoche et l'on va citer ici un article (du 18 mai 2020) de Valeurs Actuelles condamnant cette initiative et défendant très fortement Bill Gates.
L'intérêt de la chose est
1) que tout cela est débattu autour d'un "complot" (remettons les vieux guillemets) très élaboré et complexe ;
2) que Gates, dans cette occurrence comme dans le courant, est réputé très nettement comme de tendance globaliste ;
3) que Valeurs Actuelles qui soutient Gates est plutôt, culturellement dans tous les cas, très proche des nationalistes et des souverainistes et très anti-globaliste ;
4) que les signataires des pétitions qui crucifient Gates sont, comme nombre de "super-riches", de scientifiques de haut vol, de progressistes-sociétaux et autres bobos,largement et évidemment de tendance globaliste...
« Des scientifiques de haut vol et vingt Prix Nobel ont signé la pétition de Juliette Binoche et Aurélien Barrau. Cautionnent-ils les propos délirants et complotistes de l'actrice ? À propos des programmes de vaccination financés par la Fondation Bill et Melinda Gates, elle affirme : "Ce sont des opérations organisées par des groupes financiers internationaux... depuis longtemps. Ils manipulent..... : les vaccins qu'ils préparent en font partie. Mettre une puce sous-cutanée pour tous : c'est NON. NON aux opérations de Bill Gates, NON à la 5G."
» Cette attaque contre Bill Gates est profondément injuste. En 2000, il a décidé de consacrer sa fortune à révolutionner la santé dans les pays pauvres. Lui, le passionné de high-tech, s'est concentré sur des sujets très "low-tech", comme l'amélioration des latrines, l'accès à l'eau non contaminée ou la distribution des vaccins et médicaments dans la brousse. Son action est impressionnante en Afrique, où 300 millions de personnes sont vaccinées contre les principales maladies graves. Ces campagnes de vaccination éviteront le cancer à des millions de pauvres, puisque, en Afrique, les microbes sont responsables de 20 à 50 % des cancers. Sa fondation a déjà sauvé plus de 10 millions de vies : Bill Gates est le plus grand héros du XXIe siècle et Juliette Binoche une irresponsable. »
Déstructuration de la politiqueSystème
On comprendra, espérons-nous, qu'il n'est aucunement et dans aucun cas, sans le moindre doute, dans notre intention de favoriser l'un ou l'autre dans les querelles exposées, de trancher dans ce patchwork incroyable de complotisme pour dire que la "réalité" est là, et nullement ici, qu'il y a complot ici et qu'il n'y en a pas là, etc. Notre réponse est absolument et toute entière contenue dans notre concept d' inconnaissance.
Ce qui nous intéresse, par contre, c'est l'analyse nécessairement spectrale (en référence à un "spectre" plus qu'à une prétention scientifique totalement inappropriée) d'une situation extraordinairement confuse, où tout se mélange, où les acteurs se trouvent continuellement en contradiction avec eux-mêmes ou avec les choix affichés, où les thèmes et les thèses proclamés et suivis sont directement inspirés, sans le moindre tracas ni la moindre réserve, de narrative absolument complotistes. A cet égard de la plongée (ou de l'élévation ? Qui sait ?) dans la confusion d'un chaos cosmique mis au niveau humain, nous avançons à une vitesse extraordinaire depuis l'explosion du pétard métahistorique en aucun cas mouillé, connu notamment sous le sigle qui serait peut-être assez suspect (complot ?) de Covid19.
On a déjà remarqué les accumulations de contradictions et de paradoxes pour les figurants et fétus de paille emportés dans ces tourbillons, par rapport à leurs engagements, leurs intérêts, leurs fidélités, etc. Cela conduit Trump à s'appuyer inconsidérément sur une référence impeccable de l'establishment scientifique-globaliste du Système qu'est The Lancet (les speechwriters de Trump sont vraiment des voyous bons à rien et exécrables qui ne songent même pas à vérifier une source de cette réputation, mais il est vrai qu'ils sont d'abord préoccupés de satisfaire le président et de conforter ses affirmations totalement inconséquentes) ; cela conduit The Lancet à se retrouver objectivement en défenseur de la Chine et de son régime dit-autocratique et policier dénoncé dans toutes les "bonnes démocraties" (on dit "bonne démocratie" comme on dit "dans toutes les bonnes pharmacies", c'est-à-dire vertueuse et globaliste, et antichinoise bien entendu et selon la doxa américaniste). On a vu également le cas des pipoles et des scientifiques nécessairement globalistes se dresser contre le plus globalistes d'entre tous... Et cetera... Nous avons déjà observé et commenté ces changements brutaux, ces virevoltes, ces allers-retours inconscients, cette déstructuration totale des engagements et des situations, notamment chez des réputés-antiSystème de bon aloi selon notre classement de longue date, - signe de plus de la confusion.
Alors, nous atteignons un degré de plus dans l'évolution de la déstructuration accélérée de la "politique" résultant de l'énorme confusion en cours, où l'on voit la forme de pensée dénoncée hystériquement devenir la norme, - le "nouveau 'normal'". Nous parlons effectivement du complotisme, qui fut mis, dès les premières rumeurs sur le 11-septembre, dans le feu purificateur de la diabolisation par le Système, et qui fut rejeté au nom de la bataille contre l'Inquisition moderniste-tardive par ceux qui en étaient affublés.
Ce "degré de plus dans l'évolution de la déstructuration accélérée de la 'politique'", qui devrait être précisé en mettant " politiqueSystème" à la place de "politique", c'est évidemment l'extraordinaire événement de l'institutionnalisation du complotisme comme quasiment méthode exclusive de soutenir et de justifier une politique officielle, avec toutes les réactions favorables et défavorables... La chose est aussitôt intégrée dans notre vision générale : « Il ne vous a pas échappé que l'essentiel, de plus en plus d'essentiel dans le matériel de cette bataille, se trouve au niveau de l'information et du système de la communication (voyez " La guerre On Line"). Le complotisme, hier condamné, aujourd'hui règne partout, y compris dans le chef de "grandes politiques" internationales ; il n'est plus une déviance insupportable, il est désormais la règle du jeu des perceptions biaisées des acteurs qui s'affrontent, y compris des puissances officielles les plus importantes. »
Certes, il y a eu une gradation, une évolution pour en venir à l'institutionnalisation. Il y a eu les épisodes et domaines de la technique systématique du simulacres et du FakeNewsisme, - et d'ailleurs ces domaines subsistent, institutionnalisés eux aussi, comme composants essentiels du complotisme. Les épisodes les plus marquants à cet égard sont ceux de la Syrie d'une façon discontinue depuis 2011-2012, et de l'Ukraine depuis 2014. Ce qu'il importe de remarquer, c'est que simulacres et FakeNews furent développés sans réelles divergences dans l'ensemble-Système ; seuls réagissaient négativement les gouvernements concernés, évidemment discrédités d'avance du débat, en plus d'antiSystème confirmés et jusqu'alors unis dans une attitude dénoncée aussi brutalement que les gouvernements impliqués. Même Russiagate est baptisé (par nous) "simulacre" plutôt que "complot" parce qu'il n'y a pas eu jusqu'à très récemment (et encore avec des réserves) la possibilité d'institutionnaliser cette opération comme un "complot" anti-Trump.
A cette époque, "complotisme" était encore une insulte et une accusation sans retour, et l'on ne s'en privait pas. Aujourd'hui, tout est différent, et essentiellement grâce à un personnage peu commun (Trump, Who Else ?) et à la spécificité extraordinaire d'une crise (Covid19) totalement inattendue, totalement inclassable politiquement à l'origine (Système ? antiSystème ?) et pourtant aussitôt politisée, et qui par conséquent sème confusion et chaos, et surtout conduit à des oppositions terribles et furieuses à l'intérieur des mêmes camps, et à des alliances objectives qu'on aurait jurées contre-nature il y a seulement quelques mois. (Alliances non déclarées certes, mais très vite évidentes et plongeant dans le désarroi ceux à qui il reste assez d'esprit critique pour en réaliser l'existence-objective.)
Dans de telles conditions, des accusations de simulacres et de FakeNews ne suffisent plus à clore l'acte d'accusation et le jugement sans appel qui s'ensuit automatiquement et en toute justice type-Fouquier-Tinville. On se trouve alors devant la nécessité de suggérer, de "créer" des structures entraînant la possibilité et même justifiant l'existence d'hypothèse absolument complotistes. La route est ouverte au complotisme qui se déverse comme un fleuve en crue et en furie.
C'est ce que nous vivons depuis quelques semaines, 2-3 mois au plus, sous la direction fougueuse et entravée par aucune hésitation, interrogation, remord, etc., par un Trump qui se révèle comme un formidable agitateur du tout-venant, un meneur, un entraîneur de complotisme chevauchant, un super- Big Now qui ne connaît que l'instant présent, et qu'importe si telle phrase de cet instant contredit absolument la phrase dite une heure auparavant. Trump a donc adopté, pour la crise-à-tout-faire du Covid19, la thèse du complot chinois pour terrasser l'Amérique, et le reste lui importe peu parce qu'il jure qu'il tient là l'outil possible pour passer les fourches caudines de l'élection sans être accusé de gestion catastrophique et d'une situation économique à mesure.
On pourrait certes dire qu'entre cette invasion complète du complotisme, recouvrant des explications qui s'accordent non pas avec la réalité, mais avec les perceptions et intérêts des affabulateurs, la réalité n'existe plus. Peu importe, répondrait-on, elle n'existe plus depuis longtemps ( voir Rumsfeld). Donc, tout ne va pas si mal, puisque désormais il est visible au grand jour que ce sont les Sapiens-Sapiens qui prétendent faire les choses et leurs réalités. Ce qui a déjà été vécu et acté dans cette situation, - sans en révéler sa véritable forme, comme elle le fait avec le complotisme, - n'a pas montré un très grand succès depuis l'attaque 9/11 qui est la charnière de la chose ; cela n'a pas montré un très grand succès malgré les explications complotistes alors hors-la-loi, jusqu'à la complète surprise du Covid19.
L'on sait que notre conviction est que l'action humaine n'a qu'un effet limité sur la véritable vérité-de-situation, et l'on comprend aussitôt qu'à notre sens elle en aura de moins en moins avec cette extraordinaire extension du complotisme. Cela laissera encore plus d'espace au "reste" (les fameuses forces suprahumaines) pour intervenir dans le sens qu'il faut.
(Nous en profitons ici, dans le but de compléter et espérons-le renforcer cette réflexion, pour rappeler quelques remarques du 27 mars 2018 sur ces "fameuses forces suprahumaines" : « Chaque jour qui passe, chaque nouvelle crise qui s'installe dans le " tourbillon crisique" qui définit la situation du monde, confirme et confirme encore que la cause de cette grandiose et furieuse époque de désintégration du monde est nécessairement de forme et d'essence suprahumaine. L'énigme est à ce niveau, à cette forme de manifestation de puissance hors de portée de l'action et de l'explication de l'esprit humain.
» Nous ne cessons pas d'en revenir sempiternellement à ce constat, sans pour autant apporter quelque élément que ce soit qui puisse ressembler à une explication accessible à la raison, - et pour cause d'ailleurs, puisque nous savons bien que l'énigme est ce qu'elle est à cause de notre incapacité de la percer à jour avec les instruments disponibles dans la réduction au seul esprit tel que nous croyons trop souvent qu'il est. Nous ne cessons pas d'en revenir sempiternellement à ce constat qu'il faut ouvrir notre esprit à l'intuition dans l'attente d'en obtenir quelque lumière ; car cette lumière, nécessairement, éclaire parfois et éclairera encore ce que nous nommons des vérités-de-situation, parcelles d'une Vérité d'au-delà de l'humain qui est seule capable de rendre compte des fondements, des ambitions et des projets d'une telle époque de déchaînement métahistorique, pour enfin ouvrir une porte à ce qui doit suivre, au-delà de la catastrophe. »)
Comme l'on s'en doute, et après avoir renouvelé notre position catégorique de ne déplorer ni d'approuver le contenu de ces diverses échappées du complotisme mais de nous en tenir simplement à l'observation et au constat, nous ne dissimulons pas notre satisfaction. Manifestement, le processus que nous décrivons ici est une avancée de plus, et de grande importance, dans le processus de désintégration des structures qui servent de socle au Système (notamment la politiqueSystème).