Par Qassam Muaddi
Le Hezbollah a lancé des attaques de représailles contre Israël pour l'assassinat de son commandant en chef, Fouad Shukr, visant plusieurs bases militaires et l'unité 8200 de cyberguerre d'Israël. Voici ce qu'il faut savoir.
Après presque un mois d'attente suite à l'assassinat par Israël de Fouad Shukr, le plus haut commandant militaire du Hezbollah, le groupe libanais a déclaré dimanche qu'il avait conclu la première phase de ses représailles. Selon le premier communiqué du Hezbollah, ses combattants ont lancé un barrage de centaines de roquettes et de drones kamikazes sur « d'importantes cibles militaires israéliennes ».
Le Hezbollah a précisé dans un communiqué qu'il avait lancé 320 roquettes Katioucha sur des positions israéliennes afin de « dégager la voie pour que les drones puissent traverser en toute sécurité vers la cible dans la profondeur de l'entité [Israël] », ajoutant que l'opération s'était achevée « avec succès ».
Les médias israéliens ont cité l'armée israélienne qui a déclaré que l'attaque du Hezbollah « aurait visé le quartier général du Mossad près de Tel Aviv », ce qui signifierait que l'attaque a atteint quelque 100 kilomètres au-delà de la frontière.
Israël dit avoir neutralisé une attaque plus importante, le Hezbollah dément
L'armée israélienne a déclaré dans un communiqué avoir lancé une « attaque préventive » contre le Hezbollah après avoir « détecté des préparatifs en vue de lancer des roquettes contre Israël ». L'armée a ajouté que ses positions et ses bases n'avaient pas été touchées et qu'elle avait « stoppé une attaque plus importante que le Hezbollah préparait ». L'armée israélienne a également déclaré que l'attaque qu'elle avait neutralisée comprenait quelque 6 000 roquettes préparées pour être lancées sur Israël, y compris des missiles balistiques à longue portée. L'armée a également affirmé que ses frappes avaient détruit « des milliers de rampes de lancement de roquettes ».
Les autorités libanaises ont confirmé qu'un grand nombre de frappes israéliennes avaient visé des villes du Sud-Liban et s'étaient étendues jusqu'à 100 kilomètres à l'intérieur du territoire libanais.
Le Hezbollah a démenti les affirmations israéliennes concernant le ciblage de milliers de roquettes et de rampes de lancement dans un communiqué ultérieur, déclarant que « tous les drones ont quitté leurs bases à l'heure prévue et ont traversé la frontière en toute sécurité en direction de cette cible », affirmant que les affirmations d'Israël étaient « sans fondement ».
Le Premier ministre israélien, Netanyahou, a déclaré dans un communiqué dimanche que les frappes israéliennes sur le Liban dimanche matin constituaient « une nouvelle étape pour changer la situation dans le nord et permettre aux résidents [israéliens] de rentrer chez eux en toute sécurité ».
À la suite de l'attaque de dimanche, un certain nombre d'autorités locales des villes israéliennes du nord ont déclaré qu'elles boycotteraient les instructions du gouvernement israélien jusqu'à ce que la sécurité israélienne soit rétablie dans le nord.
Israël a déclaré l'état d'urgence dans le centre du pays et dans la région de Tel Aviv à la suite de l'attaque du Hezbollah, y compris la fermeture de l'aéroport Ben Gourion. Les autorités ont ensuite levé les consignes d'urgence et rouvert l'aéroport.
Le quotidien israélien Israel Hayom a rapporté qu'Israël avait envoyé un message à un certain nombre de pays indiquant qu'Israël avait attaqué des cibles du Hezbollah dimanche mais ne voulait pas élargir la guerre, affirmant que si le Hezbollah était satisfait de sa réponse, il pourrait alors considérer le dossier de l'assassinat de Fouad Shukr comme clos.
Nasrallah : Le Hezbollah pourrait encore utiliser des missiles balistiques à longue portée à l'avenir
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré dimanche lors d'un discours en direct que le Hezbollah avait retardé sa réponse à l'assassinat de Fouad Choukr par Israël afin de donner une chance aux pourparlers sur le cessez-le-feu.
Le discours de Nasrallah, annoncé par le Hezbollah dans une déclaration après l'attaque de dimanche contre Israël, avait été programmé précédemment comme un discours annuel pour marquer un événement religieux chiite [l'Arbaïn, quarantième jour de l'Achoura, le deuil du martyre de l'imam Hussein ben Ali, NdT]. La déclaration du Hezbollah à 18 heures, heure locale, a clarifié les détails de l'opération de dimanche, en réponse à la version israélienne des événements de la journée.
Selon Nasrallah, le Hezbollah avait retardé ses représailles à la frappe israélienne sur le quartier sud de Dahiya à Beyrouth et à l'assassinat de Shukr le 31 juillet en raison des pourparlers sur le cessez-le-feu qui ont débuté à la mi-août, puisque « l'objectif du front [libanais] est d'arrêter l'agression sur Gaza ».
« Lorsqu'il est apparu clairement que Netanyahou ajoutait de nouvelles conditions et que les Américains étaient complices, nous avons conclu qu'il ne servait plus à rien de retarder notre réponse », a ajouté Nasrallah.
Selon lui, l'attaque de représailles visait le siège de la branche israélienne du renseignement militaire, qui comprend l'unité 8200 du corps de guerre cybernétique israélien, dans la région de Glilot, à quelque 110 kilomètres de la frontière libanaise et à seulement 1,5 kilomètre de la périphérie de Tel-Aviv.
Le choix de la cible, selon Nasrallah, est dû à son lien avec l'assassinat de Shukr, à sa proximité avec Tel-Aviv et à sa nature militaire et non civile.
Nasrallah a également démenti les affirmations israéliennes selon lesquelles Israël aurait détruit de manière préventive des milliers de missiles qui, selon les médias israéliens, étaient destinés à frapper Tel-Aviv et l'aéroport Ben Gourion, ce que Nasrallah a qualifié de «mensonges ». Il a affirmé que les sites de lancement visés dimanche matin avaient été évacués plus tôt au cours de la guerre et n'étaient pas opérationnels au moment de la frappe. Le Hezbollah avait débarrassé ces sites des missiles balistiques à longue portée après avoir décidé de ne pas les utiliser au cours de cette phase de la guerre, bien que, a-t-il précisé, l'organisation pourrait les utiliser à l'avenir.
Nasrallah a conclu son discours en affirmant que le Hezbollah évaluerait l'impact de l'opération de dimanche et que s'il estimait que les résultats n'étaient pas suffisants, il riposterait à nouveau à une date ultérieure.
Source: Mondoweiss, 25/8/2024
Traduit par Tlaxcala