08/11/2023 francesoir.fr  3min #236875

Les États-Unis et l'Otan quittent le traité historique sur les armes de la guerre froide

France-Soir

 francesoir.frJens Stoltenberg

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, le 21 avril 2023 à la base américaine de Ramstein.

AFP - ANDRE PAIN

La réponse du berger à la bergère. Alors que la Russie s'en est retirée dans la nuit de lundi à mardi, les États-Unis et l'OTAN ont annoncé ce jour qu'ils suspendaient, eux aussi, leur participation au "traité sur les forces armées conventionnelles en Europe" (FCE). Vers une nouvelle guerre froide ?

C'est évidemment ce que tout le monde craint, notamment depuis le début du conflit entre la Russie et l'Ukraine (soutenue par les États-Unis). Voilà quelques années que la tension entre les deux superpuissances ne fait que s'accentuer.

En 2019, c'était le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire qui était rendu caduc par les deux camps. Aujourd'hui, avec la fin du FCE, nous pouvons légitimement considérer que la guerre froide n'est plus sous scellés. D'autant qu'il y a quelques jours, la Russie a aussi révoqué sa ratification du traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) — que les États-Unis n'avaient de toute façon pas signé. Alors que va-t-il se passer ?

Lire aussi :  La Russie révoque sa ratification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires

Concrètement, la suspension du FCE offrira aux États-Unis une plus grande souplesse dans le déploiement de forces sur les flancs nord et sud de l'OTAN, notamment en Roumanie et en Bulgarie, à proximité de l'Ukraine. Elle permettra également aux alliés occidentaux d'éviter de partager des informations sur le déploiement de leurs forces avec des pays proches de la Russie. Par ailleurs, exit les limites de déploiement relatives au nombre de chars, de véhicules blindés, d'artillerie lourde, d'avions de combat et d'hélicoptères d'attaque.

Auparavant, pour éviter qu'un camp ou l'autre ne prépare une attaque surprise, l'OTAN et le Pacte de Varsovie (dirigé par l'Union soviétique) étaient contraints par des limites égales. À partir du 7 décembre prochain, date à laquelle la suspension aura lieu pour les États-Unis, ce ne sera plus le cas.

"Le retrait de la Russie est la dernière d'une série d'actions qui sapent systématiquement la sécurité euro-atlantique", a déclaré l'organe directeur de l'OTAN, le Conseil de l'Atlantique Nord, comme l'a rapporté le  Wall Street Journal. Selon les autorités militaires occidentales, il fallait une réponse claire : "L'inaction aurait envoyé un mauvais message", a assuré un haut fonctionnaire du département d'État. Selon William Alberque, directeur de la stratégie, de la technologie et du contrôle des armements à l'Institut international d'études stratégiques de Londres, cette réaction arrive trop tardivement : "Nous aurions dû suspendre totalement le traité dès 2007", a-t-il dit, année lors de laquelle la Russie avait cessé de partager des informations à propos de la disposition de ses troupes.

Pour d'autres, "l'accord prévoit toujours d'importants mécanismes de transparence et de vérification" qu'il ne faudrait pas bouder.

Se voulant rassurant, le haut fonctionnaire du département d'État a promis que cette décision ne signifiait pas que les États-Unis font une croix sur le contrôle des armements. "Avec nos alliés, nous discutons d'idées pour travailler avec des partenaires responsables afin de poursuivre les efforts visant à réduire les risques, à prévenir les perceptions erronées, à éviter les conflits et à instaurer la confiance", a-t-il expliqué.

Qui vivra verra !

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