Par Moon of Alabama - Le 20 mai 2025
La phrase la plus importante du président Trump à propos de l'appel téléphonique d'hier entre le président Poutine et lui est la suivante :
La Russie et l'Ukraine entameront immédiatement des négociations en vue d'un cessez-le-feu et, plus important encore, de la FIN de la guerre. Les conditions pour cela seront négociées entre les deux parties, comme cela ne peut être que le cas, car elles connaissent les détails d'une négociation dont personne d'autre n'est au courant.
La phrase la plus importante du président Poutine à propos de l'appel téléphonique d'hier est la suivante :
Notamment, la position de la Russie est claire. Éliminer les causes profondes de cette crise est ce qui nous importe le plus.
La Russie ne tombera pas dans le panneau de mettre fin à la guerre sans avoir atteint son objectif principal.
Les médias occidentaux, ici le NY Times, continuent de jouer les idiots ( archivé) au sujet de l'objectif principal de la Russie :
[Poutine] a répété son mantra selon lequel un accord de paix doit "éliminer les causes profondes de cette crise", faisant référence à la poursuite par la Russie d'une large influence sur l'Ukraine.
David Ignatius, un porte-parole de la CIA au Washington Post, dit une absurdité similaire ( archivé) :
Il veut toujours la victoire, qu'il a décrite une fois de plus, après le coup de fil de lundi, avec la phrase "éliminer les causes profondes de la crise. » C'est le code pour exprimer sa conviction que l'Ukraine ne peut pas être un pays européen, comme elle le souhaite, mais doit rester sous l'hégémonie russe.
La Russie ainsi que l'Ukraine sont des pays européens. La Russie n'a aucun intérêt à exercer une « hégémonie » ou une « influence de haut rang » sur l'Ukraine. Son intérêt est la défense de la Fédération de Russie. Elle doit empêcher l'Ukraine de devenir une pointe de lance étasunienne (OTAN) dirigée vers son cœur.
Un autre article du New York Times sur les défenses au Nord de la Russie mises en place après l'adhésion de la Finlande à l'OTAN est beaucoup plus correct lorsqu'il déclare ( archivé):
Du point de vue de Moscou, les Russes doivent renforcer leurs défenses pour se protéger de l'expansion de l'OTAN, qui a toujours été un sujet sensible. Les pays baltes ont été les premiers membres de l'ex-Union soviétique à rejoindre l'OTAN, accolant de larges pans de la frontière russe à celle de l'OTAN. La perspective que l'Ukraine, une ancienne république soviétique encore plus grande, emboîte le pas était si menaçante pour Moscou qu'elle est devenue l'une des causes de la guerre terrestre la plus dévastatrice depuis des générations.
C'est l'expansion de l'OTAN, et non l'Ukraine, qui est la cause profonde de la guerre. C'est l'expansion de l'OTAN qui doit être arrêtée.
Mais les États-Unis et leurs alliés européens le nient toujours. Ignorer que les États-Unis dirigent, depuis plus de 30 ans, l'expansion de l'OTAN qui a conduit à cette guerre, permet à Trump de jouer au « médiateur » dans une guerre dans laquelle les États-Unis sont pourtant un participant dominant.
Il est stupide pour les médias occidentaux d'accepter la revendication de Trump ( archivé) d'un tel rôle:
Après des appels téléphoniques avec le président russe Vladimir Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, Trump a déclaré que "La Russie et l'Ukraine entameraient immédiatement des négociations en vue d'un cessez-le-feu et, plus important encore, de la FIN de la guerre"....
Dans des remarques indiquant que Washington pourrait se retirer du rôle de médiateur, Trump a déclaré que les "conditions" d'un accord ne pouvaient être convenues que par les parties belligérantes "parce qu'elles connaissent les détails d'une négociation dont personne d'autre n'est au courant".
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Trump a également déclaré qu'immédiatement après son appel avec Poutine, il avait raconté la conversation à Zelensky et les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, de la Finlande et de la Commission européenne. (1)
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Mais deux personnes informées de l'appel avec les dirigeants européens ont déclaré que Trump était clair sur le fait qu'il arrêterait d'engager les États-Unis dans le conflit et laisserait l'Ukraine et la Russie négocier directement un cessez-le-feu. Il n'a également fait aucune promesse de futures sanctions américaines contre la Russie si Poutine refusait toute tentative de paix. Une personne familière avec la conversation a déclaré que les dirigeants étaient stupéfaits par la description du président américain de ce qui avait été convenu. Ils ont ajouté qu'il était clair que Trump n'était "pas prêt à exercer une plus grande pression" sur Poutine pour qu'il vienne sérieusement à la table des négociations.
Trump fait semblant de s'en laver les mains (archivé) :
Le désir des États-Unis de se désengager est signalé depuis des semaines, par Trump lui-même mais aussi par le secrétaire d'État Marco Rubio et le vice-président JD Vance, qui ont exprimé à plusieurs reprises leur frustration à l'égard de la Russie et de l'Ukraine dans une égale mesure. Vance a déclaré aux journalistes lundi que les États-Unis pourraient finalement devoir dire : "Ce n'est pas notre guerre."
Les États-Unis ne peuvent pas être un médiateur dans une guerre, ni s'en laver les mains, lorsqu'ils continuent de fournir des armes et les moyens de renseignement et de communication de terrain importants nécessaires pour mener cette guerre. Hier encore, les États-Unis ont autorisé l'Australie à envoyer de (vieux) chars fabriqués par les États-Unis en Ukraine.
Les affirmations de Trump de se désengager de la guerre n'ont été confirmées par aucun signe montrant qu'il va vraiment le faire.
La seule chose que Trump a rejetée jusqu'à présent a été de se joindre aux tentatives européennes d'escalade en y insérant leurs propres troupes.
Ayant appris du désastre économique que ses taxes douanières ont causé, Trump a également rejeté les projets d'imposer des sanctions secondaires sous la forme de taxes douanières de 500% à quiconque continue d'acheter du pétrole à la Russie.
Mis à part cela, Trump maintient le soutien à la guerre au même niveau qu'auparavant et s'est seulement abstenu de l'étendre.
Qu'il laisse, pour l'instant, les négociations à la Russie et à l'Ukraine, est un aveu qu'il n'a pas tenu sa promesse électorale de faire la paix.
Les États-Unis devront se réengager dans les négociations si l'on veut parvenir à la paix. C'est l'expansionnisme des États-Unis (OTAN) qui a causé la guerre.
La Russie doit éliminer la cause profonde, l'expansionnisme des États-Unis (OTAN), pour parvenir à la paix.
Une victoire complète en Ukraine est une condition nécessaire mais pas encore suffisante pour cela.
Mais il y a de fortes chances que les nouveaux désaccords sur la défaite de l'Ukraine déchirent l'OTAN.
C'est peut-être la victoire que le président Poutine a en tête.
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Le FT affirme que: « [Trump] a raconté la conversation à Zelensky avec les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, de la Finlande et de la Commission européenne ».
Mais la déclaration de Trump ne mentionne pas du tout la Grande-Bretagne : « J'en ai informé le Président Volodymyr Zelensky, d'Ukraine, Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, le Président Emmanuel Macron, de France, la Première Ministre Giorgia Meloni, d'Italie, le chancelier Friedrich Merz, d'Allemagne, et le Président Alexander Stubb, de Finlande, lors d'un appel téléphonique passé immédiatement après l'appel avec le Président Poutine. »
Il semble que, malgré l'affirmation du FT, le Premier ministre Starmer ait été laissé de côté à ce sujet.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.