Le fondateur du groupe de chimie SNF a fait l'objet d'une garde à vue dans le cadre d'une enquête pour «exercice illégal de la pharmacie et de la médecine». Il est soupçonné d'avoir proposé de la chloroquine à ses salariés souffrant du Covid-19.
René Pich, fondateur du groupe de chimie SNF à Andrézieux-Bouthéon (Loire), a été placé le 6 avril en garde à vue puis relâché, soupçonné de proposer de la chloroquine aux salariés de sa société pouvant souffrir du Covid-19, a appris l'AFP de sources judiciaire et syndicale.
Egalement directeur général délégué de SNF, il a été entendu par les gendarmes de la brigade de recherches de Montbrison, dans le cadre d'une enquête pour «exercice illégal de la pharmacie et de la médecine», ouverte par le parquet de Saint-Etienne.
«L'enquête a été ouverte à la suite d'un signalement effectué le 31 mars par l'inspection du travail de la Loire», a précisé à l'AFP le procureur de la République de Saint-Etienne, David Charmatz.
Nous nous sommes informés en Chine dès la fin janvier et nous avons compris que ce produit était la solution
Elle suit une note de René Pich, datée du 18 mars, informant l'encadrement de SNF que l'entreprise avait fait l'acquisition de comprimés de phosphate de chloroquine. Le document, dont l'AFP a obtenu copie, invite les cadres à «faire une demande auprès de la direction pour la délivrance du produit» en cas de symptômes du Covid-19 chez un salarié. La posologie à suivre y est même indiquée. «Nous nous sommes informés en Chine dès la fin janvier et nous avons compris que ce produit était la solution. Aujourd'hui, Trump aux USA, en passant au-dessus de toutes les procédures médicales, a préconisé ce produit pour tous les cas graves. Ce produit est maintenant utilisé avec succès en Chine, Corée du Sud et Thaïlande», a écrit le dirigeant.
Des perquisitions, réalisées le 6 avril au domicile de René Pich et à SNF visaient à retrouver tous ces lots de phosphate de chloroquine, importées d'Inde, selon des sources de l'AFP.
Lors d'une audition libre le 3 avril, le dirigeant avait remis volontairement aux gendarmes cinq boîtes de produits, soit quelques centaines de comprimés. «Il s'agit de produits non-validés par les autorités de santé et dont l'importation est interdite», a souligné le procureur David Charmatz. D'autres cadres dirigeants du groupe ont été auditionnés par les enquêteurs, dont la tâche est d'identifier tous les participants de cette opération et de savoir si des salariés de SNF en auraient consommé pour se soigner.
Une plainte du syndicat CFDT de la chimie avait été déposé le 3 avril auprès du parquet de Saint-Etienne pour «mise en danger de la vie d'autrui, exercice illégal de la médecine et de la pharmacie et administration de substances vénéneuses».
Devenu le leader mondial des polyacrylamides utilisés dans le traitement de l'eau, SNF, créé en 1978 à Saint-Etienne, a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 3,4 milliards d'euros. Il emploie 6 000 salariés dont 1 350 sur le site d'Andrézieux-Bouthéon.
En France, l'usage de la chloroquine contre le coronavirus est l'objet de vifs débats.
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