27/06/2023 infomigrants.net  3min #230432

 Grèce : au moins 78 morts dans un naufrage, le plus meurtrier de l'année dans le pays

Naufrage en Grèce : la tension monte entre Frontex et Athènes

Frontex pourrait suspendre ses activités en Grèce. Crédit : Reuters

Tensions entre Frontex et la Grèce. Deux semaines après  le naufrage d'un chalutier surchargé de 400 à 750 migrants au large du Péloponnèse, qui a fait 82 morts et plusieurs centaines de disparus, la tension monte entre Frontex et Athènes.

Ce lundi, l'agence européenne de protection des frontières a déclaré que les autorités grecques avaient refusé l'appui d'un avion de reconnaissance pour surveiller l'avancée du navire, dans la journée du 13 juin : "Frontex a offert un soutien aérien supplémentaire aux autorités grecques le 13 juin mais n'a reçu aucune réponse", a confirmé l'agence à l'AFP.

Cette révélation met en difficulté les garde-côtes grecs qui sont accusés de n'être intervenus qu'au moment où le navire commençait à couler, après avoir chaviré. Des survivants accusent même les autorités helléniques d'avoir  tenté de remorquer le chalutier, ce qui aurait aggravé la situation.

L'avion de Frontex a bien survolé le navire

Le jour du drame, le centre de coordination et de sauvetage italien (MRCC) avait demandé à Frontex d'envoyer un avion survoler la zone du chalutier. Après dix minutes d'observation dans le ciel, l'appareil avait dû rentrer à la base pour faire le plein.

Il y a dix jours, Frontex avait déjà indiqué qu'elle avait proposé aux Grecs l'envoi d'un drone pour patrouiller sans attendre au-dessus de la mer Egée. Les autorités grecques avaient cependant donné comme instruction de déployer ce drone sur un autre sauvetage au sud de la Crète où 80 personnes se trouvaient en danger, selon Frontex.

L'agence réfléchit à suspendre ses activités en Grèce

À la suite de cet imbroglio aux lourdes conséquences, Frontex envisage sérieusement de suspendre temporairement ses activités en Grèce,  comme le rapporte Le Monde. Lors de son conseil d'administration des 20 et 21 juin, le responsable des droits fondamentaux de Frontex, Jonas Grimheden a fait cette recommandation en s'appuyant sur l'article 46 qui prévoit cette exception en cas de "violations graves ou susceptibles de persister des droits fondamentaux ou des obligations en matière de protection internationale."

Si l'inaction des garde-côtes grecs lors du naufrage du 14 juin, a bien déclenché un rapport d'incident grave interne à Frontex, Jonas Grimheden s'appuie en réalité sur des incidents intérieurs impliquant les autorités helléniques. D'après le Suédois, en début d'année, celles-ci "ont demandé à deux équipes Frontex distinctes de ne pas signaler l'observation et la rencontre avec un bateau de migrants."

Le rapport mentionne aussi un refoulement illégal  mis en évidence par une enquête du New-York Times en mai dernier et précise que "les allégations d'expulsions collectives et de mauvais traitements de migrants en Grèce persistent, et des enquêtes sont en cours". Selon Le Monde, un nouveau conseil d'administration de Frontex doit se tenir fin juillet. Si la Grèce ne présente pas de nouvelles garanties de respect des droits fondamentaux, l'agence européenne pourrait mettre ses menaces à exécution, bien que l'article 46 ouvre la porte à différentes possibilités.

Les chefs d'État des 27 se réunissent en Conseil européen, ces 29 et 30 juin à Bruxelles, notamment pour débattre de la question de l'immigration. La question du récent naufrage et de la responsabilité de la Grèce devrait aussi s'y inviter.

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