© Hassan FNEICH / AFP
Un pompier libanais tente d'éteindre un incendie provoqué par une frappe israélienne le 2 juin 2024.
Les tensions entre le Hezbollah et l'armée israélienne ne retombent pas. Les deux ennemis frontaliers continuent de s'affronter quotidiennement.
Le 3 juin, le parti chiite a perdu trois nouveaux combattants tout en ripostant sur des positions de Tsahal. Un drone israélien a ciblé une voiture dans la région de Kaouthariyet el-Rezz, dans le caza de Saïda, tuant Hussein Sabra. Deux autres miliciens ont été tués par un appareil sans pilote frappant une moto dans la ville septentrionale de Naqoura.
En représailles, l'organisation pro-iranienne a mené une attaque aérienne à l'aide de drones suicide sur un siège du commandement israélien de Galilée à Dishon, près de Malkiya dans le nord d'Israël. Le parti a indiqué avoir ciblé le bâtiment principal de ce siège ainsi que «des positions d'officiers et de soldats israéliens», affirmant avoir fait des morts et des blessés parmi eux et avoir causé un incendie.
En tout, 329 miliciens du Hezbollah ont été tués depuis le 8 octobre, selon le décompte de L'Orient-Le Jour.
De surcroît, le parti chiite a revendiqué un «tir de missiles téléguidés» sur une patrouille de soldats israéliens près de la position de «Jabal Adather», face à la localité libanaise de Rmeich. Cette frappe a, selon le Hezbollah, «détruit un véhicule militaire, qui a pris feu» et fait «des morts et des blessés». La milice libanaise a également lancé une salve de roquettes Katioucha sur des positions d'artillerie israéliennes à Za'oura.
Les attaques israéliennes du 2 juin avaient également provoqué de nombreux incendies dans plusieurs localités du Sud-Liban. Selon un communiqué de la défense civile du Comité sanitaire islamique (affilié au Hezbollah), citée par L'Orient-Le Jour, l'incendie à Houla a été provoqué par des «tirs d'artillerie et de bombes au phosphore blanc».
«Le moment est venu de renvoyer le Liban à l'âge de pierre»
«Il y a un an, un ministre de la Défense a déclaré que nous ramènerons le Liban à l'âge de pierre. Monsieur le Premier ministre, Monsieur le ministre de la Défense, Monsieur le chef d'état-major, le moment est venu», a rappelé le 3 juin 𝕏 sur X (ex-Twitter) le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich. «Il y a un soutien complet du peuple israélien», a-t-il ajouté.
Depuis plusieurs mois, la menace d'une intervention au sol de Tsahal est évoquée par les dirigeants israéliens. L'État hébreu exige le retrait de la frontière du parti chiite. Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense, a déclaré le 8 mai que «l'été pourrait être tendu» avec le Hezbollah, laissant planer la possibilité d'une intervention terrestre au Sud-Liban.
Côté libanais, le chef de la diplomatie iranienne par intérim Ali Bagheri était en déplacement à Beyrouth le 3 juin. «Si l'entité sioniste a une once de raison, elle n'élargira pas le front, car elle n'a pas les moyens d'aller plus loin au Liban», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Il a d'ailleurs rencontré le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah pour évoquer la situation militaire au Sud-Liban.
Les États-Unis proposent de l'électricité contre l'arrêt des combats
Sur le terrain de la diplomatie, les choses semblent également évoluer. Alors que les États-Unis continuent de soutenir l'effort de guerre israélien dans sa guerre contre le Hamas et le Hezbollah, ils tentent d'arracher un accord frontalier pour tenter d'apaiser les tensions entre les deux ennemis. En effet, Amos Hochstein, émissaire américain pour la question libanaise, avait proposé au mois de mars dernier un plan en trois étapes : la fin des hostilités, l'envoi de l'armée pour pacifier la zone et le règlement des contentieux frontaliers entre le Liban et l'État hébreu. Le Hezbollah avait catégoriquement rejeté un plan prévoyant la fin des combats en stipulant que l'arrêt du conflit au Sud-Liban était intrinsèquement lié à la fin de la guerre à Gaza.
Pour espérer convaincre la partie libanaise, Washington fait miroiter une aide financière pour le Liban. En effet, dans un entretien accordé à Reuters le 30 mai, Amos Hochstein a indiqué que les États-Unis voulaient faire comprendre au pays du Cèdre qu'en cas de cessation des hostilités, ils veilleraient «à ce que la communauté internationale démontre au peuple libanais que nous sommes investis en lui».
À ce propos, il a précisé que l'administration était prête à aider le Liban pour son réseau électrique défectueux. «Nous avons une solution pour cela. Nous avons mis au point un package qui pourrait créer une solution qui leur permettrait d'atteindre 12 heures d'électricité en... peu de temps», a-t-il précisé. Contacté par L'Orient-Le Jour concernant cette offre américaine, le Hezbollah n'a, à ce jour, pas encore donné de réponse.
Le chef de l'armée libanaise Joseph Khalil Aoun est d'ailleurs attendu cette semaine à Washington pour rencontrer plusieurs officiels et évoquer la situation dans le sud du pays et le défi de trouver une solution politique à la vacance du pouvoir au pays du Cèdre, rapporte le quotidien libanais.
Depuis le 8 octobre, l'armée israélienne et le Hezbollah s'affrontent quotidiennement par le biais d'escarmouches et d'attaques ciblées sur des postes d'observation, Tsahal ciblant les cadres du parti chiite. Alors que les deux ennemis se cantonnaient à des attaques ne dépassant pas un rayon de cinq kilomètres autour de la zone limitrophe, les opérations ont depuis évolué en intensité et en profondeur.